Côte d’Ivoire : Un atelier recommande 50% de jeunes au gouvernement et 30% au conseil constitutionnel

Atelier de réflexion organisé par l’équipe-projet de la promotion PYPA Côte d’Ivoire 2018

Le 13 Septembre 2018 à Cocody, s'est tenu au siège de la Fondation Friedrich Naumann, un atelier de réflexion organisé par l'équipe-projet de la promotion PYPA Côte d'Ivoire 2018 qui a réuni les Partis politiques, les organisations de la société civile et le Réseau Alumni PYPA Côte d'Ivoire.

Cet atelier s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du mini-projet porté par la 3è promotion PYPA Côte d'Ivoire avec comme thème : « Reformes politiques et droit des jeunes en Côte d'Ivoire  : Etats des lieux et propositions »

L'objectif de ces travaux est d'analyser la problématique des droits des jeunes à l'aune des réformes politiques en Côte d'Ivoire et en conséquence inscrire ce débat dans l'agenda public. Ainsi, l'atelier de réflexion a posé le diagnostic des réformes politiques et des droits des jeunes puis a fait des  recommandations selon deux aspects à savoir le cadre juridique et le cadre institutionnel.

Ouverture de cérémonie

Atelier de réflexion organisé par l'équipe-projet de la promotion PYPA Côte d'Ivoire 2018

A l'entame, Monsieur Magloire N'Dehi, Chargé des Programmes de la Fondation Friedrich Naumann, a exprimé toute sa joie de voir son institut abriter une activité en faveur des droits des jeunes et à l'initiative des jeunes eux-mêmes.

Il a exhorté les jeunes à prendre activement leur part dans la construction d'une société ivoirienne plus démocratique en s'engageant en politique afin d'intégrer les strates décisionnelles. Enfin, il a remercié l'équipe-projet pour la pertinence du sujet ainsi que tous les participants tout en souhaitant de riches travaux !

A sa suite,  le Coordonnateur du mini-projet, Monsieur Guina Hermann a expliqué le bien fondé du sujet et des motivations qui ont présidé à un tel un choix. Selon lui, lanécessaire intégration des droits des jeunes dans l'élaboration des réformes politiques voire des politiques publiques apparait comme le moteur d'une société démocratique épanouie.

Il a également indiqué que le programme PYPA vise à contribuer à l'influence des jeunes dans la sphère publique et c'est ce que le présent mini projet entend réaliser à terme !

Enfin Mlle Kouyaté Anna, Chargé de communication de l'équipe-projet a présenté le programme PYPA. Financé par le Centre Suédois à la Coopération Internationale en partenariat avec l'Institut Marc Garango pour la démocratie du Faso, ce programme est un renforcement de capacités des jeunes leaders politiques africains et intervient dans trois pays que sont : le , le et la Côte d'Ivoire.

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Pour clore, elle a précisé que le programme concerne les jeunes des partis politiques représentés à l'Assemblée Nationale des pays sus mentionnés.

Conférence inaugurale

La conférence inaugurale a été animé par Dr Kouao Geoffroy-Julien, Juriste-Politiste et Écrivain. D'entrée, il a rappelé l'objectif du séminaire qui est de permettre à la jeunesse de disposer d'outils pour un plaidoyer à l'attention des décideurs en vue de leur participation accrue dans les instances de décisions politiques.

Dans la suite de son propos, il a soutenu que le droit positif ivoirien prend en compte les besoins et les droits des jeunes mais précise que sa communication s'inscrira dans le cadre des droits politiques des jeunes.

A ce sujet, l'expert a posé les élections comme la pierre angulaire de la démocratie représentative, système par lequel les dirigeants sont élus d'où la nécessité pour les jeunes de s'y intéresser. Et le mode d'expression par excellence des citoyens dans un tel système demeure l'exercice du droit de vote. C'est pourquoi les jeunes doivent exercer pleinement ce droit au risque de consacrer le basculement vers une démocratie de l'abstention.

Et d'ajouter que s'abstenir de voter dans une démocratie est à la fois une faute juridique et politique. Ainsi, il préconise non seulement que l'inscription sur la liste électorale soit automatique afin de régler le faible taux des jeunes sur le listing électoral et que le vote soit obligatoire afin de renforcer la légitimité des gouvernants.

Le droit d'éligibilité

Sur le droit d'éligibilité, l'expert se référant aux conditions d'éligibilité de l'élection présidentielle, a plaidé pour un renforcement des droits des jeunes qui sont exclus par la classification de l'() qui les situe entre 18 et 34 ans. Selon Dr Geoffroy-Julien Kouao , il s'agit de régler un problème éthique en faisant coïncider l'âge de voter et celui de se porter candidat aux présidentielles.

Par ailleurs, le conférencier a exhorté les jeunes à s'engager véritablement pour influencer les réformes politiques à leur profit c'est-à-dire incluant la perspective jeune. Pour lui, les jeunes doivent sortir de leurs torpeurs marquées par le culte des ainés car la brillance politique n'est pas liée à la notion d'âge !

L'expert a encouragé les jeunes à faire des plaidoyers à l'attention des décideurs sur toutes les questions qui les discriminent car en démocratie c'est la liberté qui opprime et c'est le droit qui protège a-t-il renchéri.

Pour l'animateur, notre combat politique devra en outre reposer sur les valeurs comme la rectitude, des aptitudes fiables et une bonne attitude pour devenir des élites politiques et non pour appartenir à la classe politique.

Enfin, le conférencier a clos son exposé en lançant aux jeunes de cesser de pleurnicher et de prendre leurs responsabilités ! La conférence inaugurale a pris fin après un échange entre l'assistance et le facilitateur.

Travaux en atelier

Deux groupes de travail ont été formés pour scruter la thématique à savoir le groupe 1 commis à l'état des lieux avec comme rapporteur Mlle Marie Laure N'Gbocho et le groupe 2 chargé des propositions avec pour rapporteur M Armand Adjoumani. Ainsi, les participants mieux outillés par les enseignements de ce riche atelier de réflexion ont analysé et proposé ce qui suit :

Sur l'atelier 1 : Etat des lieux

Les participants ont constaté : Au niveau du cadre juridique,, sur les instruments internationaux, la Charte Africaine de la Jeunesse, que la Côte d'Ivoire, Etat-partie n'applique pas intégralement les dispositions de cette convention.

Sur les instruments nationaux

La Constitution La loi fondamentale garantit les droits des jeunes en général selon que dispose l'article 34 , que l'âge minimum à l'élection présidentielle est discriminatoire selon que dispose l'article 55, que l'article 87 alinéa 2 ne prend pas en compte la perspective jeune

Le Code Electoral

Le montant du cautionnement à l'élection présidentielle est discriminatoire pour les jeunes

Les Ordonnances : Ordonnance n°2018-143 du 14 Février 2018 portant élections des sénateurs en ses articles 10 et 16 est discriminatoire pour les jeunes, au niveau du cadre institutionnel

Sur les institutions étatiques

Discrimination sélective en faveur des plus nantis et des plus âgés, inexistence des jeunes au sein du gouvernement, moins de 1% de jeunes représentés à l'Assemblée nationale, inexistence des jeunes au Sénat, nexistence des jeunes au sein du , Social, (), inexistence des jeunes au sein du Conseil Constitutionnel(CC)

Sur les institutions locales et les partis politiques

Hiérarchie générationnelle stricte basée sur la conviction que les capacités de leadership et de sagesse s'acquièrent avec l'âge, pesanteurs culturelles, traditionnelles marquées par le respect et le privilège des aînés, Aucun élu local (région, commune) n'est jeune, quasi inexistence des jeunes au sein des organes décisionnels des partis politiques, cumul de postes par les aînés.

Sur l'atelier 2 : Propositions

Les participants recommandent ce qui suit :

Au niveau du cadre juridique, sur les instruments internationaux, application des dispositions de la Charte Africaine de la Jeunesse, sur les instruments nationaux

La Constitution

L'Etat doit prendre des mesures pratiques pour une application des dispositions de l'article 34.

Tout candidat à l'élection présidentielle doit être âgé de 25 ans au minimum modifiant ainsi les dispositions de l'article 55. Vu que l'élection présidentielle est une élection nationale au même titre que les élections législatives pour lesquelles les candidats sont âgés de 25 ans au moins.

Le tiers des Sénateurs à nommer doit prendre en compte 30% des jeunes de moins de 35 ans modifiant ainsi les dispositions de l'article 87

Le Code Electoral

Suppression du montant de cautionnement aux élections présidentielles

Les ordonnances

Tout candidat à l'élection des sénateurs doit être âgé de 25 ans au minimum modifiant ainsi les dispositions de l'article 10 de l'ordonnance n°2018-143 du 14 Février 2018 portant élections des sénateurs. Le cautionnement est fixé à 100.000 mille francs CFA par candidat modifiant ainsi les dispositions de l'article 16 de l'ordonnance n°2018-143 du 14 Février 2018 portant élections des sénateurs

Au niveau institutionnel

Sur les institutions étatiques

Un quota de 50% de jeunes au sein du Gouvernement ; Un quota de 50% de jeunes au sein du Conseil Economique, Social, Environnemental et Culturel (CESEC) ; Un quota de 30% de jeunes au sein des membres du Conseil Constitutionnel (CC)  ; Un quota obligatoire de 30% de jeunes sur la liste de candidatures des partis politiques engagés aux élections législatives. Sur les institutions locales et les partis politiques.

A lire aussi : « Occuper des postes à durée indéterminée peut aller contre les principes démocratiques » (Friedrich-Ebert-Stiftung)

Un quota obligatoire de 30% de jeunes sur la liste de candidatures des partis politiques engagés aux élections locales (région et commune). Inciter et inviter les Partis politiques à signer la Charte Ivoirienne pour la Responsabilisation politique des jeunes. Inviter les Partis politiques signataires à appliquer les dispositions de la Charte Ivoirienne pour la Responsabilisation politique des jeunes

Ce qu'il faut retenir

En somme, le présent atelier a été l'occasion d'offrir aux jeunes leaders (réseau alumni PYPA, structures de jeunesse politique, organismes de la société civile) des moyens nécessaires pour mieux s'affirmer en politique ; Pour une meilleure participation politique des jeunes, un livret de     recommandations sera élaboré à l'attention des décideurs.

Fait à Abidjan, le jeudi 13 Septembre 2018

L'atelier de reflexion

« L'émergence ivoirienne ne peut réussir que si le développement atteint chaque individu » (Konrad-Adenauer-Stiftung)

Written by Prince Beganssou

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