Décision de la CADHP en faveur de Gbagbo : ce qu’il faut comprendre

La décision de la Cour Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples (CADHP) en faveur de Laurent Gbagbo est expliquée par Jean Bonin.

Suite à la décision de la () instruisant à l'Etat de Côte d'Ivoire de rétablir dans ses droits civils et politiques M. Gbagbo Laurent, de nombreux militants du , soudainement devenus des neo chantres du souverainisme, croient naïvement que leur régime pourra se réfugier derrière un pseudo repli ultra nationaliste pour ignorer la portée d'une décision de justice internationale. Ils ont tort.

La jurisprudence ivoirienne en la matière est constante. Y compris celle du . En effet, aux 123 de la Constitution de 2016, les Traités ou Accords régulièrement ratifiés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son application par l'autre partie. Alea Jacta Est. Dura lex, sed lex.

Nos amis du /RHDP ignorent peut-être que la Côte d'Ivoire est partie à pas moins de 56 instruments juridiques internationaux relatifs aux Droits de l'Homme. Ces instruments constituent, avec la Constitution et les lois, l'essentiel du corpus juridique des Droits de l'Homme en Côte d'Ivoire.

LIRE AUSSI : Soro répond à Ouattara : « Allez dire à Alassane Ouattara que je suis un témoin vivant de son passé »

Ces instruments juridiques internationaux relatifs aux Droits de l'Homme ont tous été ratifiés par la Côte d'Ivoire. Ainsi avons-nous notamment :

1. Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948
2. Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples de 1981 : ratifiée le 06 janvier 1992 ;
3. Pacte International relatif aux droits civils et Politiques : ratifié le 26 mars 1992 ;
4. Protocole facultatif se rapportant au pacte international relatif aux droits civils et politiques : ratifié le 05 mars 1997 ;
5 – Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l'enfant: ratifiée le 27 février 2004 ;
6 – Protocole relatif à la CADHP portant création de la Cour Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples: ratifié le 06 janvier 1992 ;
7 – Protocole relatif à la Cour de justice de la Communauté Economique des Etats de l' de l'Ouest: ratifié le 25 juillet 1996 ;
8 – Traité révisé de la : ratifié le 25 juillet 1996.

LIRE AUSSI : Décisions de la CADHP : « Ouattara risque de se prendre une sale résolution de l'ONU »

Les dernières décisions de la CADHP relatives au rétablissement de M. puis de M. Gbagbo Laurent l'ont été dans le cadre des conventions internationales dûment ratifiées par notre . Le pays ne peut donc opportunément renier sa propre signature. Cela discréditerait davantage les autorités provisoirement à la tête de notre pays. Ce serait un incroyable recul démocratique. Un précédent qui ne resterait évidemment pas sans suite.

Le dernier communiqué de l' qui rappelle aux autorités que les Etats-membres sont soucieux du respect des normes et des règles internationales sont une piqûre de rappel qui devraient inciter M. Ouatara a plus d'humilité et de responsabilité.

Si le régime RHDP veut préserver le minimum de crédibilité qui lui reste en ce moment il ne lui reste plus qu'à appliquer cette décision faute de quoi il se mettrait durablement à dos la communauté internationale à laquelle il doit pourtant son pouvoir actuel.


Juriste
Citoyen ivoirien

Written by Jean Bonin

Le Cap-Vert annonce la reprise imminente des vols internationaux

Ukraine : Le crash d’un avion militaire fait 20 morts