Ex-candidat à l’immigration clandestine : « Le chemin pour partir est difficile, mais celui du retour est encore plus dur »

Coulibaly Bakary, Ex-candidat à l’immigration irrégulière

Bakary Coulibaly, ex-candidat à l'immigration clandestine est aujourd'hui le point focal de la région du Poro (), pour le compte de l'Organisation internationale pour la migration () dans la campagne initiée pour l'information et la sensibilisation sur la migration irrégulière. Il témoigne pour la première fois, à visage découvert.

« J'ai d'abord échoué à la traversée sur l'océan. J'ai fini par venir m'installer dans la ville de Saba en Libye pour être fermier. Tout allait bien, j'ai réussi à mettre un peu d'argent de côté, et j'ai fait venir mes deux femmes et mes deux enfants. Ma famille et moi, nous vivions tranquillement pendant deux ans parce que non seulement j'ai pu trouver du travail bien rémunéré, mais j'ai aussi acheté une voiture qui pouvait se vendre à moyenne à plus de 15 000 000 FCFA ici en Côte d'Ivoire.

Pendant ces deux années passées dans la ville de Saba, j'ai pris conscience qu'il m'était impossible de rentrer en Europe par cette voie, il fallait donc revenir au pays et tenter de se reconstruire. Ce que j'y avais gagné pouvait me permettre d'entreprendre dans une activité rentable au pays et permettre à mes femmes de développer des activités génératrices de revenus. J'ai alors pris la route pour le retour au pays avec ma famille dans le mois de février 2018. C'est en route, précisément dans le désert que notre véhicule a rencontré un camion appartenant à des Libyens.

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« J'ai été bastonné tous les jours par des noirs comme moi notamment des maliens, sénégalais et camerounais. C'est à la fin du mois de mai que ma famille a pu m'apporter la somme demandée, et j'ai été libéré. »

Ils nous ont tout arraché (argent, vêtements et la voiture). Ils ont laissé ma famille partir sans un sou. Quant à moi, ils m'ont pris en otage. Ils réclamaient 1500 euros que je n'avais d'ailleurs pas. Pendant deux mois (avril et mai 2018), j'ai été bastonné tous les jours par des Noirs comme moi, notamment des Maliens, Sénégalais et Camerounais. C'est à la fin du mois de mai que ma famille a pu m'apporter la somme demandée, et j'ai été libéré. N'ayant plus rien, je me suis débrouillé pour rallier le Niger. C'est dans ce pays que j'ai pu rentrer en contact avec les membres de l'OIM.

Et, avec l'aide du gouvernement ivoirien je suis rentré au pays. Aujourd'hui, je suis le point focal du projet de l'OIM dans la ville de Korhogo, ma ville natale. Il consiste à sensibiliser et à informer nos compatriotes sur les dangers de la migration irrégulière. Le chemin pour partir est difficile, mais pour revenir sur la même voie est encore plus dur ».

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