Le limogeage sans élégance de Thierry Tanoh commence à livrer ses secrets. Contrairement à l'usage républicaine, ce n'est pas le secrétaire général de la Présidence ivoirienne, Patrick Achi qui a validé le communiqué, selon nos informations.
Rien ne s'est fait selon les us et coutumes républicains. Habituellement, avant un réaménagement technique ou un remaniement ministériel, les services de la Présidence ivoirienne informent les journalistes qu'il y aura une déclaration à la presse, du secrétaire général de la Présidence. A l'heure indiquée, celui-ci se présente devant les journalistes et lit sa déclaration. C'est après cela, que le communiqué est remis aux journalistes.
« Avant cela, le président ou le premier ministre reçoit le concerné et lui explique les raisons de son limogeage ou de sa nomination. C'est ainsi que cela se passe depuis Houphouët, à part sous Gbagbo, quand il a dissous le gouvernement dans la crise de la CEI en février 2010. Même quand le président Alassane Ouattara voulait dissoudre le gouvernement d'Ahoussou, ce dernier avait été auparavant reçu par lui et il avait informé de son intention, avant de passer à l'acte », commente une source à la présidence ivoirienne.
En ce qui concerne le limogeage de Thierry Tanoh du ministère du Pétrole, de l'Energie et des Energies renouvelables, les choses ne se sont pas passées ainsi. C'est le service communication de la Présidence qui a envoyé le communiqué non signé mais portant le nom du secrétaire général de la Présidence Patrick Achi, directement dans les mails des journalistes. Presqu'au même moment, le document se retrouvait dans les messageries Watsapp, prenant de cours la plupart des médias traditionnels.
Précipitation
Quant au concerné qui éprouvait le besoin de démissionner et était freiné dans son élan par Henri Konan Bédié qui l'en a dissuadé, il était à une cérémonie officielle avec Daniel Kablan Duncan, le vice-président qui avait lui été informé, à l'hôtel Ivoire, quand il a appris la nouvelle de son limogeage. Certaines indiscrétions font croire que Patrick Achi lui-même aurait appris la nouvelle sur les réseaux sociaux, une information qui sera difficile à confirmer ou à démentir, tant à ce niveau de responsabilités, il faut savoir avaler ses couleuvres et se taire.
Preuve que les choses se sont faites dans la précipitation, c'est quelques heures seulement après l'annonce du limogeage, que la passation des charges entre le nouveau ministre Abdourahmane Cissé et le sortant Thierry Tanoh s'est faite. En règle générale, un minimum de temps est accordé au ministre qui part, pour ranger ses affaires. Ce temps est mis à profit, pour que la direction de cabinet prépare les dossiers selon leur ordre d'urgence et d'importance, à l'attention du nouveau ministre. Cela n'a pas été le cas pour Tanoh et Cissé.
Emmanuel Gautier