Présidentielle ivoirienne : pourquoi Ouattara sera candidat

Ouattara candidat : Après le décès de d'Amadou Gon, le président ivoirien Alassane, s'est finalement résolu à briguer un troisième mandat.

Le chef de l'État semble perdu dans ses pensées, tiraillé entre le chagrin qui l'étreint – ravivé par l'émotion qui transpire de cette cérémonie en l'honneur de son Premier ministre –, la nécessité de faire bonne figure et celle, plus insidieuse, de remettre sur le métier l'ouvrage qu'il avait si méticuleusement confectionné : sa succession.
Malgré près de trois décennies de combat politique au cours desquelles il affronta bien des tempêtes, dont une guerre civile qui fit plus de 3 000 morts, est aujourd'hui confronté à l'une des séquences les plus pénibles de sa carrière. Son fidèle compagnon, son fils spirituel, celui en qui il avait une confiance aveugle, s'est éteint le 8 juillet.

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Le sort s'acharne : au même moment, le vice-président , autre proche parmi les proches et vieux compagnon de route, contraint Ouattara à rendre publique sa démission, remise fin février. Ce n'est pas une foucade décidée un soir de déprime : Kablan avait déjà envoyé une première lettre de démission en… juin 2018. C'est désormais un secret de polichinelle, Kablan nourrissait des ambitions présidentielles, qui se sont heurtées au choix d'AGC.
S'il avait fini par intégrer cette donne, il aurait au moins aimé que les formes soient mises, qu'une primaire ou une sorte de consultation aient été organisées pour désigner le dauphin, sentir que le chef hésitait. Kablan n'a guère supporté ce qu'il a ressenti comme un manque de considération et a préféré se retirer la tête haute.

« Préserver la stabilité du pays »

Du fameux conseil présidentiel, ce quatuor des plus proches collaborateurs d' constitué d' Coulibaly, de Daniel , du ministre d'État de la Défense, , et de ne restent donc que les deux derniers cités.

Sans oublier les portes claquées précédemment par d'autres anciens alliés comme Henri Konan Bédié et mais aussi, plus récemment, par  ou  Toikeusse Mabri. La voie royale annoncée en mars dernier, quand un Rassemblement des pour la démocratie et la paix () au faîte de sa puissance désignait Amadou comme candidat à la du 31 octobre, a aujourd'hui des allures de chemin de croix…

L'issue de ce questionnement ne fait pourtant guère de doute : ADO se représentera. « À l'heure actuelle, compte tenu des délais, je ne vois hélas pas d'autre solution pour préserver la stabilité du pays », nous a-t-il confié le 15 juillet, lors d'un entretien à sa résidence de -Golf, tout en précisant poursuivre sa réflexion. Car, évidemment, le changement de cap est pour le moins brutal.

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AGC ou rien

De l'aveu de ses plus proches, le chef de l'État avait vraiment tourné la page depuis son annonce de mars. Il se préoccupait de plus en plus de sa future vie, et notamment de la mise en place de son institut, destiné à mettre au service de qui le solliciterait son expérience africaine et internationale. Et il se focalisait sur la campagne à venir, au cours de laquelle il ne comptait pas ménager son soutien à son candidat. Il devait l'accompagner à un premier meeting qui devait se tenir à . Cruel clin d'œil du destin : en lieu et place de cette réunion dans la capitale du Nord, ce sera l'inhumation de son « fils »…

Pouvait-il prendre une autre décision ? Depuis le début du processus qui l'avait conduit à renoncer à un troisième mandat et à désigner Gon Coulibaly pour briguer la présidentielle, ADO n'a jamais envisagé de plan B. C'était AGC ou rien.
« Pour de multiples raisons, le président ne peut concevoir qu'un autre prenne la place d'Amadou, décrypte l'un de ses proches. D'abord parce qu'il estime que Gon était le meilleur d'entre nous. Ensuite parce que personne ne peut se prévaloir du même niveau de confiance. AGC au palais, Alassane Ouattara serait demeuré à ses côtés et Amadou l'aurait écouté attentivement, les yeux fermés. Un tel scénario n'est pas garanti avec d'autres. Enfin, et ce n'est pas anodin, il estime que tout autre candidature dans les délais impartis, qui sont très courts puisque la date de l'élection est maintenue, serait susceptible de créer des clivages et pourrait plonger le pays dans l'instabilité. Le plan AGC, même s'il n'a été officialisé qu'en mars, est lancé depuis de longs mois, il est minutieusement préparé. électorale mise à sa disposition n'a qu'à être rebranchée pour le chef de l'État. Avec un autre candidat, quel qu'il soit, ce serait beaucoup trop compliqué en seulement cent jours… ».

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Qu'en pense l'intéressé ? Contacté le 14 juillet, voici ce qu'il nous a répondu : « Il y a quatre ans, dans le cadre d'une interview, vous m'aviez demandé quelle serait mon attitude pour la . Je vous avais répondu : « Je ferai ce que le président me dira de faire. » Je n'ai pas changé d'. »

Du pain bénit pour les opposants

D'après nos informations, Alassane Ouattara devrait rendre publique sa décision dans la seconde moitié du mois d'août, une fois écoulés les quarante jours du deuil musulman. La suite ne s'annonce pas de tout repos. Il lui faudra trouver les bons arguments pour motiver un choix que ses détracteurs ne manqueront pas de présenter comme une forfaiture.
Aussi exceptionnelles que soient les circonstances, le chef de l'État donnera l'impression de se contredire et de renoncer à favoriser l'émergence d'une nouvelle génération. Même s'il souhaitait vraiment quitter le pouvoir avant le décès d', il se retrouvera de facto rangé dans la égorie des présidents qui ne savent pas quitter leur palais. Du pain bénit pour ses opposants. Et si, sur le papier, il est théoriquement autorisé à briguer un troisième mandat, puisqu'une nouvelle Constitution a été adoptée en 2016, ses adversaires lui contesteront ce droit, rappelant qu'il a déjà effectué ses deux mandats. Voilà qui promet le retour de passionnants débats de constitutionnalistes sur la Radio-télévision ivoirienne ()…

ADO sait qu'il ne sortira pas indemne de cette campagne, que l'aura acquise depuis mars, en Côte d'Ivoire mais aussi dans tout le continent, pâtira inévitablement de sa candidature. Certes, les circonstances ont dramatiquement changé. Certes, il pourra également expliquer vouloir préserver la stabilité du pays, fût-ce au détriment de son image. Certes, enfin, il trouvera sur son chemin Henri Konan Bédié, 86 ans, qui aura lui-même bien du mal à convaincre qu'il demeure le seul recours, au sein du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), pour diriger la Côte d'Ivoire.

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Il n'empêche, alors que tout semblait en place pour une élection apaisée, autant que possible en tout cas, il ne fait plus guère de doute que les couteaux sont prêts à être tirés. Détail piquant : heureusement pour ADO et Bédié que la limite d'âge (75 ans) n'a pas été réintroduite lors de la dernière modification constitutionnelle de mars, comme ce fut un temps envisagé. Celui qui s'y était opposé, par souci d'ouverture et d'apaisement, notamment vis-à-vis du , n'est autre qu'Amadou Gon Coulibaly

Written by YECLO.com

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