Le RHDP de Ouattara court vers le même destin de l’empire d’Alexandre le Grand ?

Le RHDP de Ouattara court vers le même fin avec le décès d'Amadou Gon et la guerre des héritiers ? Une analyse de Lazarre Koffi Koffi.

Depuis l'annonce du départ du pouvoir au bord de la lagune Ebrié du président , ceux que l'on peut qualifier d'héritiers au sein de la grande famille du (), sont entraînés dans des tensions convulsives au sujet de la personne à choisir pour lui succéder. Tout ce qui se passe au sein de cette coalition politique rappelle l'histoire de succession au lendemain de la mort d'Alexandre le Grand, ce prince grec qui a marqué les mémoires pour avoir réalisé par ses conquêtes l'empire le plus étendu de tous les temps.

Les batailles de succession à la mort d'Alexandre le Grand

Pour qui connait l'histoire politique de la et surtout de la succession d'Alexandre le Grand (356–323 av. J.-C.), celle-ci ressemble à quelque variante près, à ce qui se passe sous nos yeux en Côte d'Ivoire à l'intérieur du Rassemblement des pour la Démocratie et la Paix (Rhdp).
En effet, ce roi grec, né à Pella en Macédoine, de la dynastie des Argéades est mort soudainement d'une fièvre à Babylone en Perse, à l'âge de 32 ans. Conquérant infatigable, – le plus grand de l'histoire -, il laissa à sa mort, un immense empire qui s'étendit de la Macédoine jusqu'aux rives de l'Indus en passant par la Perse et incluant l'.
Alors que ce roi rêvait encore de conquête, il fut foudroyé subitement, un soir, après douze ans et sept mois de règne, d'une crise de malaria. Cette mort subite surprit plus d'un parmi ses compagnons et dans sa famille. Il connut les premiers signes de cette fièvre au sortir d'un banquet bien arrosé de vin chez un de ses amis du nom de Médéios. Personne ne put s'expliquer comment cette fièvre a pu, neuf jours plus tard, le foudroyer, lui qui se prétendait immortel et qui était regardé comme tel parce que disait-on, il était descendant de Zeus. Certains pensèrent à un empoisonnement quand d'autres indexèrent un virus ou une maladie infectieuse.

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Au moment où il mourait, Alexandre n'avait ni héritier présomptif ni successeur désigné. Cette question de succession qui fut maladroitement minimisée et repoussée par Alexandre lui-même de son vivant, lui fut posée dans ses derniers instants ; et il aurait répondu à ceux qui s'en préoccupaient que le trône reviendrait « au plus puissant ! » ou « au meilleur ! ». Cette réponse fut la voie royale pour ouvrir les rivalités entre les principaux généraux et les membres de la famille d'Alexandre. A sa mort, il laissa après lui un fils, Arrhidée (Alexandre IV) encore trop jeune et un demi-frère, Philippe III déficient mental. Aucun d'eux ne put donc être choisi pour lui succéder et il se créa ainsi un vide politique. Profitant de cette situation, les ambitions des généraux ne tardèrent pas à paraître au grand jour. Ainsi, l'histoire nous rapportera que la mort de ce grand conquérant fut suivie de près de 40 ans de conflits internes pour le contrôle de son vaste empire. On nota ainsi jusqu'à dix prétendants à la succession d'Alexandre à savoir :

  • Perdiccas
  • Antipater
  • Antigone
  • Cassandre
  • Cratère
  • Eumène de Cardia
  • Peithon
  • Séleucos
  • Ptolémée
  • Lysimaque

Tous ces prétendants à la succession se livrèrent des guerres fratricides qui les conduisirent à démembrer l‘empire d'Alexandre mettant fin à la dynastie des Argéades. Chacun, à défaut d'être le seul Grand roi à la tête de l'Empire prit une portion de celui-ci. Malgré ces partages, il surviendra des rivalités mortelles, des révoltes suscitées et des assassinats. On notera une succession ou une superposition de nouvelles dynasties à savoir celle des Diadoques, des Antigonides, des Lagides et des Séleucides. Les deux dernières dynasties furent les plus puissantes mais aussi les plus rivales. Chacune voulant contrôler tout l'empire d'Alexandre, elles provoquèrent entre elles de nombreux conflits notamment en . Toutes ces guerres finiront par les affaiblir et, à partir du IIe siècle av. J.-C., le grand empire d'Alexandre, devint une proie facile pour qui le transforma en province.
La guerre des héritiers d'Alassane Ouattara.

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Au regard de ce qui se passe aujourd'hui à l'intérieur du Rhdp, on peut dire sans risque de se tromper que ce parti court vers le même destin qu'a connu l'empire d'Alexandre le Grand. On ne parle pas ici, certes, d'empire Rhdp, mais de pouvoir, voire de contrôle de pouvoir à la tête de notre pays. Les tensions qui ont vu le jour à la suite d'une part, du refus des responsables du () de faire jouer le principe de l'alternance tel que conclu à partir de l'appel de avec le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci), leur allié d'hier et, d'autre part de la volonté de créer un parti unique orchestrée par des caciques et intransigeants militants du Rdr comme qui a introduit dans le vocabulaire politique ivoirien le terme hargneux de « tabouret » à retirer à tous ceux qui sont soupçonnés anti-Rhdp, ont été excitées par le président Alassane Ouattara lui-même. Parmi les prétendants à la succession de ce dernier, au fur et à mesure que la date fatidique des élections présidentielles de 2020 approchait, dix noms ont été dans toutes les conversations, dix noms qui ont fini par briser les caveaux silencieux des ambitions et ont rempli le microcosme politique de notre pays peu avant le début de l'année 2020, les révélant comme de potentiels candidats à la . Il s'agit de :

Alors qu'il est appelé à quitter le pouvoir aux termes de ces deux mandats comme prévus par la Constitution, les actes posés çà et là par le président Ouattara, montrent bien que celui-ci n'a nullement envie de quitter la sphère du palais présidentiel. Il n'a pas non seulement préparé sa succession, laissant le soin à ses lieutenants de s'entredéchirer jusqu'à ce que le meilleur l'emporte, mais il œuvre pour rester encore aux commandes du pouvoir. Ces manœuvres ayant été très tôt découvertes et dénoncées par certains prétendants au pouvoir, pousseront ces derniers à abandonner le navire du Rhdp pour voguer plus librement sur les eaux de la compétition électorale.

Il s'agit d'Henri Konan Bédié du Pdci, et de Guillaume Soro du . Les sept autres personnalités resteront encore en attente pour espérer un changement qualitatif dans les décisions qui engageraient l'ensemble du parti et construiraient plus efficacement et rentablement son avenir. Mais à l'épreuve des faits, ceux qui croyaient encore en un ultime sursaut démocratique à l'intérieur de leur parti, en ont eu pour leur frais. Les décisions prises hors des voies démocratiques, très souvent arrêtées sur fond de tribalisme notoire par le seul chef, ont fini par les convaincre que le Rhdp est un parti clanique, fermé qui ne pourra jamais donner la chance à tout militant de tenter une aventure politique au sommet de l'Etat.

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Ainsi, c'est le cœur à la colère qu'ils ont vu le Premier ministre , que tout le monde savait malade, être imposé comme leur candidat à la prochaine présidentielle. Ce choix qui n'a pas fait l'unanimité, a poussé des hommes comme Marcel Amon Tanoh, membre fondateur et influent du Rdr, Mabri Toikeusse de l' et ces derniers jours , transfuge du Pdci et fondateur du à prendre le large. La coalition du Rhdp dès lors a commencé à se vider et devient de plus en plus squelettique. Mais, alors que le président Ouattara pensait avoir trouvé le bon fidèle pour lui succéder, voici que, comme à Babylone, la mort est venue brutalement arracher à son rêve Gon Coulibaly son préposé. Tout son éma, tout à coup, s'est écroulé et de nombreux militants redoutent l'exacerbation des rivalités à l'intérieur du Rhdp-Rdr qui se trouve désormais comme tous les autres partis à la case de départ dans la course à la présidentielle.

Ce parti doit se trouver un nouveau bon cheval, qui pourrait leur permettre de galoper jusqu'à la victoire. Mais cela ne semble point ébranler de nombreux partisans de Ouattara. Bien au contraire. Connaissant leur président très accroché à la branche tribale de leur parti, ils savent que celui-ci recherchera parmi les ressortissants du Nord un fidèle irréprochable et inconditionnel par qui, s'il venait à être élu, Ouattara et tout son clan pourraient conserver les rênes du pouvoir, contrôler pour longtemps encore tous ses arcanes et continuer de jouir de tous les avantages conséquents. De mauvaises langues avancent d'ailleurs que toutes les manœuvres du président Ouattara n'ont qu'un seul but : manipuler celui qu'il aura choisi, le soutenir jusqu'à son élection, pour qu'il soit nommé en retour à la , vice-président de la République ou à tout le moins, son frère Téné Brahima Ouattara alias Photocopie.

Cependant, certains caciques, ayant pris la mesure de la disparition brutale de leur candidat et s'inquiétant des suites que cette disparition pourrait entraîner quant à la survie de leur parti, ont, par des pétitions, cherché à faire revenir sur sa décision, leur mentor, celle de ne pas briguer un troisième mandat même si cela devait violer la constitution. Face aux hésitations de Ouattara, certains de ses lieutenants ne perdent pas de temps à occuper l'espace politique, notamment dans les médias pour se faire valoir comme c'est le cas d'Adama Bictogo. Mais c'est à la faveur des obsèques du Premier Ministre, aussi bien au Palais présidentiel qu'au Parc des Sports de , que l'observateur attentif a pu remarquer que, dans la liste de ceux qui ont pris la parole pour rendre hommage à l'illustre disparu et dans le positionnement de ceux qui étaient dans le carré du chef de l'Etat, les personnalités suivantes ont été en première ligne : Hamed Bakayoko, Adama Bictogo, et Kandia Camara. Ces acteurs politiques qui forment actuellement le triumvirat incassable du Rdr, s'activent et se présentent comme les favoris de leur mentor, chacun s'exhibant comme « le plus puissant » ou « le meilleur », et entre eux, bientôt, ils sortiront leurs ergots pour se griffer à mort. Ils ne pourront plus cacher leur inimitié réciproque et laisseront libre cours à leurs instincts de rivaux électoraux avec leurs coups bas fâcheux qui empoisonneront leurs relations.

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Pendant ce temps, , non membre des apparatchiks du parti à la case mais très fidèle au président Ouattara, attend son heure dans l'antichambre du pouvoir. Il pourrait être utilisé comme un pion dans un jeu d'échecs pour chambouler bien de stratégies et de visées politiques. A chacune de ces personnalités, apprend-on, le président Ouattara aurait fait la promesse comme étant choisie pour lui succéder, toutes choses qui ont éveillé et aiguisé en elles, des avidités politiques qui ont mis en place des camps opposés. On parlera dans un proche avenir si ce n'est déjà arrivé de pro untel et pro tel autre. Il faut craindre l'implosion du Rhdp quand on sait que déjà, il circule dans les différents camps, des suspicions provoquant des dissensions plombées par des rumeurs de coups d'Etat et d'empoisonnements entre frères devenus désormais des ennemis qui s'épient et se regardent en chien de faïence.

Ces tensions, on le voit bien, au lieu de renforcer le Rhdp-Rdr, vont au contraire l'affaiblir de plus en plus et provoquer de nouvelles saignées en ses rangs. Pour le bonheur d'un autre parti, plus puissant, qui les accueillera et les avalera comme Rome a avalé le puissant empire d'Alexandre le Grand. Le prochain remaniement ministériel et le choix du candidat du parti à la présidentielle nous situeront. Le Rhdp-Rdr donnera-t-il raison aux Grecs qui disent que « ce qui a été, sera » ? Wait and see.

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Point de l’actualité du 17 juillet 2020 à 12H00 GMT