Le parti politique Force aux peuples s'est exprimé sur la mutation des Hospitaliers Urbains (CHU) en Etablissements Publics Hospitaliers (EPH). Pour le mouvement, le Gouvernement gagnerait à respecter les accords auxquels la Côte d'Ivoire a souscrit et à augmenter son budget national consacré à la santé, selon la norme prescrite.
Nous avons appris avec stupéfaction l'adoption en conseil des ministres d'un projet de loi portant sur la mutation des centres hospitaliers universitaires (CHU) en Établissements publics hospitaliers (EPH) avec une réforme de leur gouvernance sur un mode de gestion privée (autonomie administrative et financière). Selon le gouvernement, ce modèle de gouvernance garantit la gestion optimale du patrimoine et la participation des établissements hospitaliers privés au service public hospitalier, tout en préservant son caractère social. L'argument ‘‘pertinent'' du gouvernement sur la question est le suivant :
« En réalité, l'adoption de ce projet de loi vient mettre fin à une lourdeur dans la gestion des structures de santé, ce qui engendrerait une insuffisance dans les prestations de soins. Il convient d'informer l'opinion publique nationale, qu'il n'est nullement question de privatisation des structures de santé publique, mieux un nouveau mode de gestion pour se conformer aux normes pour une offre de soin de qualité »
Ce projet de décret nous surprend dans un contexte où le problème essentiel de la santé dans notre Pays, est celui de l'accès de tous aux soins de santé. Seulement 10 % de la population a accès à une couverture médicale. Les populations se ruent vers la médecine informelle et l'utilisation des médicaments contrefaits qui sont parfois la cause de certaines maladies comme l'insuffisance rénale, l'hépatite, des disfonctionnements cardiaques, des embolies pulmonaires, la perforation digestive, des cancers et de bien d'autres maladies, posant ainsi de réels problèmes de santé publique.
Si cette mesure du gouvernement visait à améliorer la qualité de la prise en charge du patient, a-t-on besoin de faire intervenir le privé dans nos services publics de santé pour atteindre un tel objectif ? La réponse est non !
Parlant de normes, n'est-il pas de la responsabilité des pouvoirs publics de hisser nos hôpitaux aux normes internationales, notamment en terme de capacité d'accueil et d'affectation de personnels hospitaliers en nombre suffisant pour la prise en charge des patients ? N'est-il pas de leurs responsabilités de rapprocher les centres de santé des populations et de rendre les médicaments accessibles à tous ?
Figurez-vous que l'accord d'Abuja, librement contracté par notre Pays, fait obligation aux Etats Africains de consacrer 15% de leurs budgets nationaux à la santé. Et même L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande 12% des budgets nationaux consacré à la santé. Malheureusement, la Côte d'Ivoire n'utilise que 6,5% de son budget national soit au moins plus de 400 milliards de nos francs à pourvoir pour améliorer notre système de santé. Incapable de répondre à ces exigences librement consenties et extrêmement vitales pour nos populations et notre économie, le gouvernement s'emploie à céder au privé ce qu'il devrait pourtant assumer.
Le privé est-il bien indiqué pour l'atteinte des objectifs que vise le gouvernement par cette réforme notamment en ce qui concerne la satisfaction des insuffisances (en terme d'infrastructures d'accueils, de plateau technique) des établissements publics, et quelles sont les implications de son intervention dans le système public de santé ?
S'il est possible, quoiqu'il faille relativiser, que l'intervention du privé puisse régler le problème des infrastructures d'accueil, de la qualité du plateau technique, du personnel et de la bonne gestion des centres de santé, il n'en demeure pas moins que la recherche du profit qui est sa raison d'être, va nécessairement guider ses choix économiques. En effet, cherchant obligatoirement à faire du profit, là où il a effectué des investissements, nous ne voyons pas comment est-ce que le coût de leurs prestations dans le public serait aligné, et à plus forte raison être en dessous des coûts actuels dans nos hôpitaux, surtout sans une mesure préventive de subvention de la part de l'Etat.
Au demeurant, le gouvernement ne saurait se soustraire de ses responsabilités face à la mauvaise gestion de nos centres de santé et de la corruption qui gangrène nos administrations publiques, contre lesquelles il devrait fermement lutter en commençant par donner l'exemple. La mauvaise gouvernance tire sa substance dans le laxisme et la complicité active et passive de l'exécutif.
« Force aux Peuples est pour la mise en place d'un système de santé social de proximité et de qualité au service de tous sans distinction aucune »
En réalité, nous sommes bel et bien face à un retrait en douceur de l'Etat, du secteur de la santé avec pour conséquence immédiate l'augmentation des coûts des soins de santé. Toute chose qui ne fait qu'aggraver le problème central de notre système sanitaire qui est celui de l'accès pour tous aux soins de santé.
Force aux Peuples est pour la mise en place d'un système de santé social de proximité et de qualité au service de tous sans distinction aucune. Et nous pensons que le Gouvernement gagnerait à respecter les accords auxquels la Côte d'Ivoire a souscrit et à augmenter son budget national consacré à la santé, selon la norme prescrite, C'est-à-dire, à au moins 12%.
Car sa réforme telle que pensée, va accentuer les difficultés sociales de nos populations dans un climat social déjà bien difficile. Cette façon de faire qui consiste à céder au privé des secteurs stratégiques comme celui de la santé, de l'école et bien d'autres, constitue une démission des pouvoirs publics et celle du Chef de l'Etat, et démontre leur incapacité à assurer la protection des populations, toute chose qui relève logiquement de leurs prérogatives. Il reste à espérer que les élus de la nation, censés traduire la volonté profonde des peuples, rejetteront ce projet de loi au cas où le gouvernement décide de le soumettre à leurs votes.
Fait à Abidjan,le 26 Mars 2019.
Le Secrétaire Général National
Porte-parole du Parti
Vazoumana Fondio