Innocent Gnelbin : « Les violences électorales sont la preuve que nos institutions n’inspirent plus confiance »

L'analyste politique se prononce sur les élections couplées municipales et régionales. Il donne ses impressions dans cette interview.

Que vous inspire les fraudes et violences qui semblent toucher tous les partis et même les jeunes candidats?

Les fraudes et violences pendant les élections sont l'expression de la faillite des institutions et du cadre démocratique. Nos institutions n'ont plus de crédit et n'inspirent plus confiance. Cela, du fait de leurs incapacités à s'inscrire dans la séparation effective des pouvoirs, à faire respecter l'état de droit, à œuvrer à l'égalité et à l'équité. Année après année elles se sont installées dans la collusion avec les intérêts partisans ne laissant aucune possibilité de recours à la partie se sentant flouée.

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Le cadre démocratique évidemment se trouve par conséquent compromis. Le libre exercice politique, le respect des libertés et de l'expression de la volonté des peuples, la transparence des processus électoraux, sont fortement compromis par des pouvoirs très peu enclins à faire avancer la démocratie. C'est dans un tel environnement que nos élections se tiennent.

Innocent Gnelbin, analyste politique
Innocent Gnelbin, analyste politique

Avec donc une très ferme conviction des acteurs politiques traditionnels de ce que seule la fraude et par conséquent les violences peuvent leurs assurer une victoire certaine. Étant entendu que cette classe politiques peu difficilement convaincre sur sa volonté à réaliser le mieux être pour les populations, là ou elle aura échouée gouvernance après gouvernance a le faire.

Le cas du plateau est le symbole achevé de la faillite d'une classe politique qui a fini par se convaincre qu'on n'est pas élu par le suffrages des peuples mais par sa capacité à frauder et à s'imposer de force. Quoique l'issue de cette crise, montre aux populations qu'il ya certainement une possibilité de faire respecter son vote.

Des raisons de craindre pour 2020 ?

Oui il y a des raisons de craindre pour 2020. D'abord la classe politique ivoirienne semble n'avoir tiré aucune leçon des crises passées. Ensuite, les même causes qui nous ont entraîné dans des crises sont entrain de se mettre progressivement en place. Notamment, le refus par le régime Ouattara du jeu démocratique, des institutions aux ordres, une Commission électorale très peu indépendante des acteurs en compétition et de l'administration.

Il n'est d'ailleurs pas évident que sa réforme soit si différente, une sécurité très sélective n'offrant pas les mêmes garanties aux acteurs en compétition, la caporalisation des médias publics, les conflits ouverts entre alliés d'hier (PDCI, , Forces Nouvelles). En somme, le refus de créer un processus électoral transparent, de créer un cadre démocratique ouvert, la volonté donc d'opérer un passage en force, dans un contexte ou il n'est pas moins sûr que toutes les armes et les armées soient sous contrôle, nous expose visiblement à une crise certainement plus grave.

Propos recueillis par Elvire Ahonon

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Written by Elvire Ahonon

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