Issiaka Fofana, Conseiller Spécial de Soro depuis Paris : « garder espoir quant à la chute du régime RHDP »

Le député Issiaka Fofana, Conseiller Spécial de Soro, a animé le 26 décembre 2020, une conférence-débat à Paris où il est en exil.

Messieurs les journalistes,

Mesdames, Messieurs, membres des partis alliés ;

Les élections présidentielles se sont tenues en Côte d'Ivoire le 31 octobre 2020. Mais les lampions sont loin d'être éteints tant elles ont été émaillées d'incidents graves, entrainant de facto de lourdes conséquences aux triple plans humain et/ou psychologique (nombreuses pertes en vie humaines, traumatisme des populations, social ( mise à mal de la cohésion sociale avec les conflits inter-ethniques et la résurgence de thèses de repli identitaire) et politique avec la crispation du champs politique marqué par sa bipolarisation entre le au pouvoir et le bloc de l'opposition.

Ces élections ont connu ce triste sort en grande partie à cause du président sortant qui, en violation flagrante de la constitution, a décidé de briguer un troisième mandat. Cette décision a été rejetée par l'opposition dans son ensemble, accompagnée en cela par la très large majorité sociologique de la population.

Les premiers éléments de ce drame politique ont été perçus depuis plus d'un an avec une furie qui est allée s'amplifiant contre le mouvement Générations et Peuples Solidaires.

Profitant de l'arrivée avortée le 23 décembre 2019 du Président en cote d'ivoire, le pouvoir Ouattara en a profité pour liquider pratiquement Générations et Peuples Solidaires. Une majorité significative de sa direction est arbitrairement arrêtée au nombre desquels des députés. Son président est contraint à l'exil avec certains collaborateurs.

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Cette traque de Générations et Peuples Solidaires avait en réalité pour objectif d'écarter son leader de la course présidentielle, car candidat sérieux et/ou gênant. Ces manœuvres du régime d'Abidjan se sont poursuivies pour aboutir à la condamnation à vingt ans d'emprisonnement le 28 avril 2020 à la suite d'une parodie de procès. Facilitant du coup la mission confiée à la de l'exclure de liste électorale en dépit d'un arrêt de la Cour Africaine des Droits de l'Homme demandant de sursoir à l'exécution de la décision de la justice ivoirienne.

A l'instar du cas SORO Guillaume, tout le processus électoral a été jalonné par des contorsions juridico-politiques orchestrées par le pouvoir dont la finalité était de réussir le passage en force de Monsieur Ouattara pour son troisième mandat illégal et illégitime.

Installé dans le sang, les larmes et le traumatisme psychologique du peuple ivoirien, Monsieur a précipité la Cote d'Ivoire dans l'incertitude avec notamment l'arrestation de plusieurs leaders de l'opposition.    

Dans ce contexte de forte crispation politique marquée par de récurrentes violations de la Constitution, de recul démocratique et de violence psychologique et physique l'apport de Générations et Peuples Solidaires au débat politique est attendu, car porteur d'espoir pour la suite du combat de l'enracinement de l'État de droit et de l'alternance politique.

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Ce qui laisse entrevoir de perspectives meilleures pour ce mouvement politique.

Il faut rappeler que Générations et Peuples Solidaires a été porté sur les fonds baptismaux par le président Guillaume SORO en vue de participer aux débats politiques en Côte d'Ivoire et surtout mener la politique autrement. Cette ambition a été très tôt contrariée par le pouvoir RHDP à travers une politique de répression savamment préparée. Cette hargne de Monsieur Alassane Ouattara contre le mouvement Générations et Peuples Solidaires trouve son origine dans le refus du fondateur de GPS de rester dans l'escarcelle du RHDP. De sorte que l'organisation, l'implantation et la formation des militants de ce mouvement ont été fortement et régulièrement perturbées voire freinées.

En dépit de ces obstacles, le président Guillaume SORO et son mouvement ont été à la pointe du combat contre la violation de la Constitution et de la présidence à vie voulue par Monsieur Alassane Ouattara. Ce combat a été mené avec détermination, sans complexe et surtout avec des arguments solides.

Malgré la situation de fait qui prévaut aujourdui au sommet de notre État le Mouvement Générations et Peuples Solidaires peut et doit éprouver un sentiment de fierté tout comme l'ensemble de l'opposition avec à sa tête le président Henri Konan BEDIE. Et ce combat doit se poursuivre jusqu'à la victoire finale qui est l'instauration d'un véritable État de droit et l'avènement d'un pays résolument démocratique.

Pour atteindre ce résultat Générations et Peuples Solidaires doit poursuivre sa structuration et son implantation sur toute l'étendue du territoire nationale et dans la diaspora. Cette dynamique doit reposer sur le courage, l'abnégation et la capacité de résilience de ses militants.

Ces élections qui viennent de s'achever ne sont qu'une bataille facticement remportée par le RHDP. Cette situation ne doit aucunement entamer notre détermination mais elle est plutôt une invite à un réarmement moral et psychologique pour continuer, sans relâche et sans compromission, la résistance. Ni résignation ni abdication tel doit être le maitre mot pour la suite du combat de GPS.

En cela, les derniers évènements de l'actualité nationale nous donnent encore les éléments justificatifs de la position de Générations et Peuples Solidaires. Il s'agit de l'ouverture du dialogue entre l'opposition et le Gouvernement et le débat sur les élections législatives à venir.

En effet, quelques jours après son élection et lors de sa prestation de serment, le chef de l'État a lancé un appel au dialogue en direction de l'opposition. Initiative louable en soit peut-on dire.

Cependant, au regard de la conduite unilatérale du processus par le gouvernement que peut-on attendre de concret qui aille dans le sens d'une décrispation durable du champ politique ivoirien ? Car dès l'entame de son initiative le gouvernement s'est plutôt employé à se choisir ses interlocuteurs au sein de l'opposition au lieu que ce soit celle-ci qui s'organise pour désigner ses représentants. Comment peut-on prétendre réconcilier en excluant des discussions certains leaders de l'opposition, qui sont tout aussi des acteurs clé du champ politique ivoirien ? A y regarder de près cet appel au dialogue lancé par le gouvernement est un os séché qu'on jette à l'opposition. Juste une opération de vernissage pour colorier le RHDP dont le pouvoir est taché du sang des ivoiriens.

Toujours à la faveur de sa prestation de serment, le chef d'État a annoncé l'organisation des élections législatives pour le premier trimestre de l'année 2021. Ces élections sont la suite logique de l'élection présidentielle dans notre système politique. En conséquence son organisation à la date indiquée par les tenants du pouvoir n'appelle pas, en apparence, de débats particuliers. Seulement, l'élection du président de la République s'est tenue dans un contexte particulier de surchauffe marqué par le meurtre d'une centaine d'ivoiriens et l'emprisonnement de certains leaders de l'opposition.

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Et cette élection a la particularité d'enregistrer le plus faible taux de participation de l'histoire politique de la cote d'ivoire avec moins de 10%. Dans ce contexte, le pouvoir RHDP tente juste de retrouver à travers ces élections législatives une légitimité populaire qui lui fait désespérément défaut. Il n'hésitera pas à utiliser tous les moyens d'État à sa disposition pour parvenir à ses fins. Et la CEI et le Conseil Constitutionnel dans leur composition actuelle, dont la révision a été demandée en vain par l'opposition, constituent la meilleure arme de combat dont il dispose. La participation de l'opposition dans ces conditions ne sera rien d'autre qu'un acte de légitimation supplémentaire du pouvoir actuel.

En outre, à supposer que l'opposition participe et remporte la majorité des sièges, le président de la République a toujours la possibilité de contourner ladite majorité parlementaire en légiférant par ordonnance comme il a eu coutume de le faire ces années antérieures. Dans ce cas de figure, la majorité obtenue par l'opposition ne lui servira que de lot de consolation avec en prime surement un poste de présidence d'assemblée vidé de son contenu.

Le second scenario de la participation de l'opposition aux législatives est sa défaite. Là les conséquences seront plus dramatiques. D'une part, elle perdra toute crédibilité à l'égard de l'opinion qui l'accusera de pactiser avec le pouvoir sur son dos si ce n'est une accusation de parjure. D'autre part, sa présence sera insignifiante voire peu utile en cela que l'expérience des années passées a démontré que le régime actuel est peu soucieux du respect des droits de la minorité parlementaire. La formation du dernier bureau de l'Assemblée Nationale en est une parfaite illustration.

Au regard de ce qui précède, la position de Générations et Peuples Solidaires parait univoque. Bien qu'important, la participation de l'opposition aux législatives ne peut pas être la priorité du moment. La satisfaction des préalables évoqués par l'opposition à l'ouverture du dialogue avec le gouvernement doit plutôt retenir toute son attention. Autrement elle trahirait la confiance de la majorité du peuple ivoirien et les conséquences pourraient considérablement et durablement saper son capital confiance.

Pour le mouvement Générations et Peuples Solidaire, il faut inscrire la lutte politique dans le temps, en se posant en machine politique redoutable. Avec les autres membres de l'opposition il nous faut survivre aux tempêtes actuelles caractérisées par de massives violations de droits de l'homme et de déni de démocratie. Garder espoir quant à la chute du régime RHDP déjà vermoulu, car portant en lui-même les causes endogènes de sa très prochaine mort.

Je vous remercie.

Written by Issiaka Fofana

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