Ferro Bally, journaliste ivoirien, se prononce sur l'echange téléphonique entre Guillaume Soro et Alassane Ouattara.
L'ancien Premier ministre a été condamné à la prison à perpétuité par la justice ivoirienne pour « atteinte à la sûreté de l'État ». Il était en froid avec l'actuel chef d'Etat, son ex mentor, à la suite de son refus d'adhérer au RHDP (pouvoir), le parti présidé par Alassane Ouattara.
Guillaume Soro a annoncé le 12 novembre 2023 qu'il mettait « fin » à son exil, entamé en 2019.
Ci-dessous son analyse
« La politique est l'art de l'impossible. » Ainsi s'exprimait Henri Konan Bédié pour justifier ses retrouvailles politiques, alors impensables, avec Alassane Ouattara. Les pires ennemis peuvent devenir les meilleurs alliés.
Et pareille partition se joue sous nos yeux. Après cinq ans d'échanges acrimonieux et de propos peu amènes, Alassane Ouattara et Guillaume Kigbafori Soro ont renoué le contact. Le « jeune pressé » revendique cette initiative et s'explique, heureux, sur les réseaux sociaux. « C'est vrai. Lui et moi avons parlé au téléphone. Ce n'est pas un poisson d'avril. La prochaine fois, ce sera en Côte d'Ivoire, » se réjouit-il avant de lâcher une révélation: « L'élection présidentielle de 2025 n'est plus loin. Il faut s'activer. »
C'est la reine des élections, la présidentielle, qui a provoqué la rupture entre « le père » et « le fils », en 2019, veille du scrutin du 31 octobre 2020. Le « porteur de masque » a alors fait lourdement frapper « son habilleur dans le bois sacré »: prison à perpétuité, confiscation des biens, exil politique et disqualification au scrutin.
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Et c'est cette même présidentielle, hier pomme de discorde qui, devenue aujourd'hui le fil d'Ariane, rapproche Ouattara et Soro. L'enthousiasme débordant de l'ancien président de l'Assemblée nationale traduit que, des tractations discrètement menées, il est sur le point de remporter le jackpot.
Beaucoup d'eau a, en effet, coulé sous les ponts et de nouveaux enjeux sont engagés pour lesquels Ouattara veut rebattre les cartes. L'octogénaire, après trois mandats dont un très controversé, pense sérieusement, à l'instar de ses homologues de la sous-région, à se mettre en retrait pour passer la main.
A cet effet, dans la Case, la revue des troupes et les sondages donnent leurs résultats. Les prétendants à la succession ont certes des valeurs intrinsèques et des qualités, mais, sur le terrain politique, ils ne résistent pas à la concurrence avec l'enfant prodigue, établi dans l'Alliance des États du Sahel (AES, Burkina Faso, Mali et Niger) et vomi par l'élite du RHDP.
Ils ne disposent pas du charisme et du leadership du « sauveur », encore très populaire dans les milieux alassanistes, qui reprochent à Ouattara son intransigeance vis-à-vis d'un jeune premier qu'il louait pour avoir conduit une rébellion armée à son profit.
Et, dans la cage, le retour de l'ascenseur semble avoir été enclenché pour l'ADO compatible en rupture de ban. Un premier pas, afin qu'il résiste aux chants des sirènes de l'opposition politique, a été posé pour mettre de l'eau dans le gnamakoudji: la grâce présidentielle accordée à ses principaux lieutenants dont son directeur du protocole Soul to Soul.
L'heure sonne pour faire contre mauvaise fortune bon coeur. Objectif: mettre tout en oeuvre afin de ne pas perdre, comme au Sénégal, le pouvoir d'État en 2025. Et Soro Guillaume se prépare à revenir au pays par la grande porte. Comme l'enfant prodige du RHDP. Au grand dam de ses détracteurs.
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