Hier en parfaite collaboration au sein du RHDP, Guillaume Soro et le Président Ouattara ne tarissaient d'éloges l'un pour l'autre.
Si pour OUATTARA l'ex chef de la rébellion armée des Forces Nouvelles était un exemple d'intelligence et de courage (au RDR aujourd'hui rebaptisé RHDP il était à juste titre qualifié de héros et de sauveur), pour SORO, l'ex haut cadre du FMI et de la BCEAO avait le profil idéal pour moderniser le pays et le hisser au rang
des démocraties avancées. N'était-il pas réputé civilisé et suffisamment imprégné de l'éducation et de la culture occidentale pour avoir
longtemps séjourné aux États-Unis ?
De quoi convaincre l'ex syndicaliste étudiant issu de gauche, de cheminer avec le haut fonctionnaire de la finance internationale aux convictions ultra-libérales. Mais à la pratique du pouvoir, l'entente et l'estime mutuelle vont s'effriter jusqu'au divorce matérialisé par le refus de Guillaume SORO d'adhérer au RHDP nouvelle version, et par sa démission subséquente de la Présidence de l'Assemblée
nationale. De la collaboration, la relation vire très vite à l'opposition avec la création par le Député de Ferké d'un mouvement citoyen,
Générations et Peuples Solidaires (GPS), instrument qu'il destina à l'accompagner dans la conquête du pouvoir d'Etat. Il n'en fallut pas plus pour voir s'abattre sur lui, ses parents, proches et son mouvement GPS, une salve de mesures politico-judiciaires répressives le contraignant à l'exil.
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Toutefois, des voix teintées de la nostalgie des temps d'amour, se font de plus en plus entendre aussi bien au RHDP qu'à GPS, appelant
à une réconciliation entre les deux hommes. Mais cette réconciliation est-elle encore possible ? Répondre à cette interrogation revient à épouser la démarche scientifique du médecin lui exigeant de poser le diagnostic en vue de cerner le mal, puis de prescrire le remède idoine pour en venir à bout.
-Ce qui oppose les deux hommes –
Croire que ce sont des querelles personnelles telles que quotidiennement vécues dans une cour commune africaine, qui opposent les deux hommes politiques, serait réducteur et de toute évidence une erreur de diagnostic. Par contre réaliser que la discorde est née de deux visions différentes de la Côte d'Ivoire et de divergences sur la conduite des affaires de l'État équivaudrait au bon diagnostic.
De ce qui précède, une éventuelle réconciliation, avouons-le, se fera nécessairement autour des valeurs innégociables de la démocratie, des libertés et de l'État de droit. Guillaume SORO en citoyen libre jouissant de tous ses droits, a-t-il oui ou non le droit de quitter le RHDP et de créer un parti ou mouvement propre ?
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Guillaume SORO, en citoyen libre jouissant de tous ses droits a-t-il oui ou non le droit de briguer la magistrature suprême de son pays ?
Si oui, pourquoi alors poser comme condition d'une réconciliation avec le Président OUATTARA, son retour au RHDP ? Car en réalité, ce qui oppose les deux leaders, c'est bien le refus du désormais ex Vice-président du RHDP et Président de GPS d'adhérer au parti présidentiel créé au forceps en 2019. Cette version du RHDP rejetée d'ailleurs par d'autres anciens membres comme le PDCI-RDA
d'Henri Konan BÉDIÉ, l'UDPCI d'Albert Mabri TOIKEUSSE et bien d'autres. Pourquoi en vouloir plus à Guillaume SORO qu'à ceux cités plus haut, de rompre les amarres avec le RHDP ?
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-La réconciliation encore possible-
En réalité, il revient au Président OUATTARA de se défaire de ce mépris affiché vis-à-vis de Guillaume SORO qui l'amène à croire que ce «jeune homme» est sa propriété exclusive qui pour rien au monde ne doit s'émanciper de sa tutelle. Oui, il est clair qu'une réconciliation est encore possible entre les deux hommes, mieux entre le pouvoir RHDP et l'opposition politique, si toutes les parties admettent comme repère à cette réconciliation, la Constitution ivoirienne et les principes sacro-saints de la démocratie, de l'État
de droit, des libertés individuelles et collectives qu'elle célèbre ; si le pouvoir accède aux exigences d'élections libres, ouvertes, transparentes et démocratiques. Toute chose qui hier a conduit Guillaume SORO à la solution extrême de la lutte armée.
Oui, Guillaume SORO ne demande que ça et n'est point disposé à transiger. Jamais au nom d'une réconciliation de façade entre individus, fussent-ils issus de la même base géographique et culturelle, il ne trahira ses idéals et convictions pour sa patrie.
Par Abi-Daman Koné
