Jean Bonin aux dockers de Côte d’Ivoire: « ne signer aucune convention ou accord »

Lettre ouverte de Jean Bonin Kouadio, Juriste, dockers des ports de Côte d’Ivoire relative à la situation de travail et de vie.

Chers dockers des ports de Côte d’Ivoire
Je voudrais, par la présente, vous remercier pour l’honneur et la considération que vous m’avez témoignés en me soumettant les problèmes professionnels qui vous assaillent depuis une cinquantaine d’années.

Je voudrais, par la même occasion, vous féliciter pour la constance de votre engagement en faveur de l’amélioration de votre condition sociale ; ce qui a favorisé la signature par le président de la république du DECRET N° 2019-102 du 30 JANVIER 2019 PORTANT STATUT PARTICULIER DES DOCKERS DE CÔTE D’IVOIRE.

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La signature, en 2019, de ce décret marque un tournant décisif dans l’aboutissement de votre légitime lutte qu’il convient de saluer à sa juste valeur. Je voudrais, en cela, en votre nom, témoigner au Chef de l’Etat et au ministre du Transport votre infinie gratitude.
Malheureusement, force est de reconnaître que des mains obscures et des personnes aux desseins inavoués s’activent à remettre en cause les acquis de votre laborieuse lutte en annihilant les effets dudit décret. Il faut s’en inquiéter et, en conséquence, prendre, dès lors, toute disposition utile pour que rien n’entrave, directement ou indirectement, la mise en œuvre stricte et complète du décret précité.

Pour rappel, l’article 1 du décret susvisé définit clairement l’organisation qui devra être mise en place pour gérer vos intérêts professionnels. Il y est mentionné ceci “organisme chargé de la gestion de la main-d’œuvre docker, tout organisme bénéficiaire d’une convention de concession de l’utilisation de la main-d’œuvre docker avec l’autorité portuaire”.
De même, l’article 5 précise que “l’organisme en charge de la gestion de la main-d’œuvre docker inscrit les personnes physiques retenues sur une liste ouvrant accès à la possibilité d’embauche en qualité de docker”.
La lecture combinée des articles 1 et 5 révèle la volonté, sans équivoque, du Chef de l’Etat de confier la gestion de la main d’œuvre docker à un nouvel organisme, autre que le SEMPA ou ses démembrements.

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Je fais le triste constat qu’au mépris de l’article 50 du décret qui dispose que “les personnes publiques ou privées intervenant directement ou indirectement dans la gestion de la main-d’œuvre docker, disposent d’un délai de (6) six mois, à compter de la publication du présent décret, pour se conformer à ses dispositions”, n’a pas été suivi d’effets, plus de 3 ans après.
Pire, l’organisme chargé de la gestion de la main d’œuvre docker n’a pas été mis en place, sans qu’aucun motif officiel, rendu public, ne justifie ce statut quo qui porte un préjudice financier, moral, actuel et certain à vos intérêts corporatistes.
De tout ce qui précède, chers amis dockers, je vous exhorte à continuer la lutte pour que le décret de 2019 soit intégralement appliqué et que l’organisme précité soit effectivement mis en place.

Pendant cette période, je vous recommande de NE SIGNER AUCUNE CONVENTION OU ACCORD, quels qu’ils soient, qui pourraient gravement compromettre vos acquis issus du décret de 2019.

Pour l’heure, la seule bataille qui vaille la peine d’être menée c’est celle de la signatures de la convention de concession qui doit régir les rapports entre l’autorité portuaire et l’organisme chargé de la gestion de vos intérêts, SUITE À UN APPEL D’OFFRES OUVERT ET TRANSPARENT.

Parce que toute autre alternative serait contre-productive, suicidaire et rétrograde, je sous recommande, dans la discipline, de demeurer mobilisés et déterminés à faire prévaloir le droit.
Vous le savez, la constitution ivoirienne et le code du travail vous offrent de nombreux moyens légaux d’actions pour mener à bon terme votre lutte ; le droit de grève en est un.

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Je suis convaincu que l’autorité portuaire, soucieuse du respect de l’application des actes juridiques pris par le Chef de l’Etat et en sa qualité de garante du bon fonctionnement des activités portuaires prendra la pleine mesure de la situation et s’attellera à lancer, dans les meilleurs délai, l’appel d’offres en vue de la sélection de l’organisme visé à l’article 1er du décret susmentionné.
Dans cette attente, je me tiens à l’entière disposition de toutes les parties prenantes pour toutes autres informations et actions nécessaires.

Recevez, chers camarades dockers, mes salutations et l’assurance de ma solidarité militante.

Jean Bonin KOUADIO, Juriste, Membre du cabinet international d’avocats Serres & Asociés, Paris.

Written by Jean Bonin

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