Les Évêques de Côte d’Ivoire à Ouattara : « le rôle de la CEI exige son indépendance totale car de la position de l’arbitre, dépend le bon déroulement de la compétition »

Pour sa 114ème assemblée plénière, les évêques catholiques de Côte d'Ivoire (CECCI) ont présenté quatre conditions pour des élections apaisées.

Les élections d'octobre 2020 représentant un tournant décisif pour la Côte d'Ivoire, les évêques estiment que la première condition qu'il faut observer dans la préparation de ces élections doit être la réconciliation. « Cette réconciliation suppose, voire exige, le retour des exilés avec des garanties de sécurité et de réintégration, la libération de tous les prisonniers politiques et d'opinion, sans exception et le dégel des avoirs. Nous saluons tous les efforts accomplis par nos gouvernants dans le sens de la réconciliation, et les encourageons à aller plus loin », a déclaré Monseigneur Lézoutié.

La deuxième condition est celle de la concertation et du consensus, pour prendre en compte les exigences et les aspirations légitimes de tous les acteurs sociopolitiques et les avis éclairés de la communauté internationale. « Le dialogue entre acteurs politiques et société civile si bien relancé récemment, la concertation nationale périodique, s'ils sont effectués dans la transparence et le respect de la différence, peuvent nous apporter un regain d'énergie et de fraternité constructive », a-t-il indiqué.

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« Nous devons en effet nous accorder sur le fait que les prochaines élections doivent être transparentes, crédibles et pacifiques, pour que tous acceptent les résultats qui en sortiront comme expression de la volonté de la majorité des  », a-t-il ajouté.

Pour le prélat, la troisième condition doit être l'instauration et la consolidation de l'Etat de droit qui implique le respect de la Constitution, « afin que personne ne nourrisse l'intention ou la volonté de manipuler les personnes, les textes ni les institutions qui seront impliquées dans le processus électoral ».

Par ailleurs, poursuit-il, le Pouvoir Exécutif devra agir de sorte à garantir aux personnes et aux institutions, notamment la Commission Électorale Indépendante (), une totale indépendance. « Comme toute compétition, les élections ont besoin d'un arbitre. De la position de l'arbitre dépend le bon déroulement de la compétition. Si l'arbitre est à la fois joueur et arbitre, la fin de la compétition est déjà connue. Par contre, si l'arbitre n'est qu'arbitre, avec une indépendance qui ne souffre d'aucun doute, la compétition se termine paisiblement », a commenté Jean Salomon Lézoutié.

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« Voilà pourquoi le rôle d'arbitre dévolu à la CEI exige son indépendance totale. Or, la question de l'indépendance des structures devant arbitrer ces joutes électorales, comme la CEI divise et cristallise encore les tensions autant que le sont celles du découpage électoral, la question des pièces d'identité, de la liste électorale, du code électoral. Toutes ces questions exigent absolument un dialogue et une concertation entre tous les acteurs politiques, et méritent d'être étendues à la société civile », a-t-il relevé.

La quatrième condition, qui est une conséquence logique de l'indépendance de la CEI, est celle d'une élection présidentielle ouverte, qui garantisse l'égalité des chances de tous les candidats désireux de compétir. La lutte contre l'exclusion trouverait ici tout son sens.

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« L'histoire est maîtresse de vie, et la Côte d'Ivoire d'aujourd'hui peut éviter de laisser aux générations futures, l'image d'un pays miné par des dissensions politiques. Nous invitons donc tous nos concitoyens à vivre cette année 2020 de façon sereine, à reconnaître dans le calme et la lucidité, la gravité des problèmes qui sont les nôtres, sans désespérer de l'avenir », a conclu l'évêque de Yopougon.

Written by Véronique Fortes

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