Lida Kouassi pleure Zakpa Komenan : « il s’est donné en sacrifice »

Lida Kouassi Moïse a rendu le vendredi 23 juillet 2021, hommage au Président Zakpa Komenan Tchékoura Rolland.

Excellence Mesdames et Messieurs,
Autorités politiques et administratives
Tout protocole et préséance respectés
Veuve Zakpa et famille,
Peuple du Lôh-Djiboua!

Nous voilà encore une fois, tous rassemblés, éplorés et inconsolables devant la tragédie humaine.
Le FPI que j'ai l'honneur de représenter en cette pénible circonstance est tout aussi éploré de voir qu'ici, s'achève le destin d'un homme, illustre fils du Lôh-Djiboua: le Président Zakpa Komenan Tchékoura Rolland.

L'auteur sud-africain Alan Patton nous instruisait déjà en nous interpellant sur le destin de l'homme.
 » Tous les hommes sont l'Homme! »disait-il, en précisant: « Nous n'avons de chance d'être nous-mêmes que si nous ne répudions aucune part de l'héritage ancestral ». Eh bien, pour Zakpa Komenan Tchékoura Rolland, il est permis de dire qu'il a courageusement assumé son héritage ancestral. Il n'a ni répudié sa parenté génétique, ni renié son identité ontologique.

LIRE AUSSI : Eau potable à Duékoué : le ministre Tchagba inaugure deux unités de production

Il avait pleinement conscience d'être à la fois d'ici et de là-bas ; il se réclamait à la fois du Centre-Nord et du Sud-Ouest; il assumait d'être à la fois Zakpa et Tchékoura comme pour affirmer qu'il était une synthèse, cette synthèse qui, dans la dialectectique hégélienne, permet le dépassement des antagonismes sociopolitiques qui se posent en s'opposant.

Non, notre aîné Zakpa Komenan Tchékoura Rolland ne s'affichait guère ni dans les rangs des extrémistes partisans d'une opposition radicale, ni dans la cohorte des thuriféraires enflammés d'un pouvoir absolutiste. Oui Zakpa Tchékoura se présentait volontiers comme un trait d'union, comme une sorte de conjonction de coordination dans la classe politique tant nationale que locale.

Dès lors qui pourrait s'étonner aujourd'hui qu'il fusse successivement un haut dirigeant du PDCI-RDA et peu après, un haut responsable politique du RHDP?
Dois-je rappeler qu'il entretenait du reste aussi une certaine convivialité avec le FPI et son leader historique , le Président Laurent Gbagbo?

LIRE AUSSI: Cameroun : 7 militaires tués dans une attaque de Boko Haram

N'est-ce pas lui qui prononça l'oraison funèbre pour feu Koudou Zépê Paul, père géniteur du Président Laurent Gbagbo?
En réalité, le président Zakpa Komenan Tchékoura portait au fond de lui-même, cette marque de noblesse humaine qui faisait de lui un humaniste accompli, un homme ouvert à toutes les tendances et à tous les courants de pensées.

Comme un kaléidoscope, l'homme avait des compétences multidimensionnelles qui lui permirent d'occuper des mfonctions administratives et responsabilités politiques variées: intellectuel accompli, homme de vaste culture, investi dans l'enseignement supérieur, acteur politique ondoyant et divers, il fut, selon son ami Adou Ourizalé Joseph, un travailleur acharné et dévoué qui connaissait et aimait profondément notre région: la culture, les langues, la civilisation et les traditions du Lôh-Djiboua n'avaient pas de secret pour lui. Il fut en effet un travailleur dévoué à sa région, un homme courageux et résilient face aux aléas de la vie.

LIRE AUSSI : Biankouma : une dame de 56 ans découverte violée avec la gorge tranchée

Lorsque, dès 2014, Zibotétia Gazoa, l'ange de la mort vint frapper à sa porte, provoquant une dégradation avancée de sa santé, seuls son courage et sa capacité de résilience lui permirent de conjurer la fatalité durant six longues années.

Joseph Adou Ourizalé, son ami et collaborateur témoigne encore avec éloquence et admiration de ce que le président Zakpa Komenan Tchékoura lui répondit alors qu'il le suppliait de ménager sa santé précaire en cessant d'arpenter les pistes cahoteuses de nos villages, Zakpa lui fit comme réplique cette terrible citation d'Alfred De Vigny, l'auteur de « La mort du loup »:
 » Gémir, pleurer, prier est également lâche. Fais énergiquement la longue et lourde tâche,
Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,
Puis, comme moi, souffre et meurs sans parler ».

Le président Zakpa Komenan Tchékoura a accompli du mieux qu'il pu sa longue et lourde charge existentielle sur cette terre. Homme de devoir, il s'est donné en sacrifice pour le développement de notre région, le Lôh-Djiboua.Il a souffert sans repis et s'est éteint sans parler, comme le dormeur du val. Le voilà désormais cloîtré dans un silence irrémédiable.

LIRE AUSSI : Pass sanitaire : la France manifeste ce 24 juillet 2021 pour dire « NON » à Macron

Il emporte avec lui la marque des grands héritiers politiques de notre région, Etienne Djoman, Alexis Thierry Lébé, Marcel Lobouët, Mémê Gnalega Jérémie, Diarro Gnadja Germain et nous apprenons à l'instant la disparition du doyen Auguste Daubrey. Cependant, il nous laisse ce message posthume:  » Il se fait tard, demeurons ensemble, fils et filles du Lôh-Djiboua, dans l'espérance d'une aube nouvelle! »
Adieu, Président Zakpa,
Adieu Grand serviteur de l'Etat.
Adieu cher maître.
Adieu cher aîné.

Insécurité au Burkina : plus de 17.500 personnes ont fui le pays

Patrick Achi inaugure la première phase de réhabilitation CHR de Daloa