Procès en appel de Jacques Mangoua : le Gbêkê parle à Ouattara

Alassane Ouattara
Ivory Coast's President Alassane Ouattara looks on as he attends the opening of an extraordinary session of the West African Economic and Monetary Union zone (UEMOA) on April 10, 2017 in Abidjan. / AFP PHOTO / SIA KAMBOU

Lettre ouverte de Niamien Kouadio Sévérin, cadre de la région du Gbêkê, au Président de la République Alassane Ouattara, dans l'affaire Jacques Mangoua.

Excellence Monsieur le Président de la République, à la suite de la première lettre ouverte que je vous ai adressée au mois de décembre 2019 et qui est restée sans suite, j'ai décidé de vous écrire, pour la seconde fois, afin d'attirer votre haute attention sur ce qu'il est convenu d'appeler, l'affaire .

Excellence M. le Président de la République, les faits, tels que rapportés par les témoins de l'accusé et surtout des avocats de Jacques Mangoua, indiquent clairement que le président du Conseil régional du Gbêkê est victime d'un véritable complot qui ne dit pas son nom. C'est pourquoi, dans la première lettre ouverte que je vous avais adressée, courant décembre 2019, je vous avais prié d'intervenir dans ce dossier afin d'obtenir la relaxe pure et simple de ce haut cadre du pays.

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Excellence M. le Président de la République, sur ce dossier, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Bouaké, M. reconnaît que ce sont les parents de Jacques Mangoua eux-mêmes qui l'ont informé de ce que des colis suspects se trouvaient au domicile du concerné. Et Jacques Mangoua lui aussi, soutient mordicus avoir informé la brigade de gendarmerie de Botro, le préfet de Bouaké et le procureur Koné Braman.

Excellence M. le Président de la République, si tant est que M. Jacques Mangoua voulait perpétrer un quelconque coup d'État, et même armer ses partisans pour des desseins inavoués, pourquoi alors prendrait-il le risque d'alerter les autorités judiciaires, administratives et politiques du pays ? D'autre part, est-il raisonnablement possible de perpétrer un coup d'État avec seulement 40 machettes et quelques munitions ? D'ailleurs, comment comprendre que dans un pays de droit comme la Côte d'Ivoire, l'on puisse demander à l'accusé de donner la preuve de son innocence en lieu et place de l'accusateur lui-même ?

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Excellence M. le Président de la République, au lieu que la justice prouve à Jacques Mangoua que les objets retrouvés à son domicile lui appartiennent, elle a plutôt demandé à l'accusé de prouver que ceux-ci ne lui appartiennent pas. C'est vraiment le droit à l'envers qui a été dit par le procureur Koné Braman et ses hommes sur ce dossier. On pourrait même dire, sans risque de se tromper, que cela est une grande première en Côte d'Ivoire. Ou, la « présomption d'innocence » s'est désormais transformée en « présomption de culpabilité ».

Excellence M. le Président de la République, les ont du mal à comprendre que des faits aussi gravissimes se déroulent sous votre régime sans que cela ne puisse émouvoir qui que ce soit. Pourtant, la Côte d'Ivoire toute entière avait dénoncé et condamné l'injustice et l'arbitraire dont vous-même aviez été victime des années durant. Comment comprendre donc aujourd'hui votre silence devant des cas flagrants d'injustice et d'arbitraire à l'endroit d'un autre fils du pays ?

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Excellence M. le Président de la République, l'affaire Jacques Mangoua agresse la conscience humaine et dépasse même l'entendement. Elle montre bien que sous votre régime, tous les Ivoiriens peuvent être en danger à tout moment pourvu que l'un de leurs détracteurs dépose un objet litigieux à leurs domiciles et saisisse immédiatement les autorités policières pour qu'ils soient écroués. Surtout avec le concept inique et cynique de « présomption de culpabilité » en lieu et place de la « présomption d'innocence ».

Excellence M. le Président de la République, si vous ne réagissez pas devant un tel gros scandale judiciaire, les Ivoiriens pourraient être en droit de croire que votre silence est une caution à cette grande mascarade dont est victime M. Jacques Mangoua. Et croyez-moi, la détention du président du Conseil régional du Gbêkê crée plus de problèmes à votre régime que sa libération pure et simple. Ceux qui pensent le contraire ne veulent certainement pas vous voir sortir par la grande porte au soir du 31 octobre 2020. C'est donc le lieu d'agir au moment où le procès en appel a lieu demain mardi 25 février 2020 pour la relaxe de Jacques Mangoua avant qu'il ne soit certainement trop tard…

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