Procès Thomas Sankara : Gilbert Diendéré à la barre

(FILES) This file photo taken on August 31, 1986 shows Captain Thomas Sankara, President of Burkina Faso, saluting upon his arrival in Harare for the 8th Summit of Non-aligned countries. France's President Emmanuel Macron on November 28, 2017 promised to declassified all the French documents on former Burkina Faso's President Thomas Sankara's murder during a visit to Burkina Faso. / AFP / Alexander JOE

L'audience de ce lundi dans le cadre du procès de l'assassinat de Thomas Sankara s'est poursuivie. Deux accusés étaient à la barre.

Visiblement, la dénégation systématique semble être la ligne de défense des accusés dans le procès de l'assassinat de l'ancien Président du Faso, le capitaine . Exception faite du premier accusé à la barre, Yamba Elisée Ilboudo, qui a reconnu les faits, les autres rejettent systématiquement les accusations portées contre eux.

Jean-Pierre Palm ne vacille pas
Ce lundi 8 novembre 2021, l'audience du procès de l'assassinat du Président Thomas Sankara s'est poursuivie. À la barre, deux témoins. D'abord Jean-Pierre Palm dont l'interrogatoire avait débuté jeudi. Lorsqu'on l'a interrogé au sujet des tracts qui circulaient avant le 15 octobre, Jean-Pierre Palm a déclaré en avoir été au courant, sans en être l'auteur. Au sujet des rumeurs de mésentente entre Blaise Compaoré et Thomas Sankara, l'ex-patron de la gendarmerie reconnaît en avoir eu vent, mais dit n'en avoir pas fait grand cas puisque les quatre responsables du CNR (le commandant Jean-baptiste Lingani, les capitaines Thomas Sankara, Blaise Compaoré et Henri Zongo) disaient, rapporte-t-il, que « si on se fiait aux rumeurs, on allait se retrouver à la frontière avec ses valises, alors qu'il n'en est rien ».

En somme, l'accusé n'a rien reconnu des faits à lui reprochés. Il a nié avoir été au courant des préparatifs du coup d'État, lui qui, peu avant les faits, était directeur des études et de la planification au ministère de la Défense, l'équivalent de chef du renseignement. Pour Me Ferdinand Nzepa, un des avocats de la partie civile, le récit fait par Jean-Pierre Palm ne tient pas. «Vous êtes gendarme, vous avez géré la sûreté, vous entendez des coups de feu et vous allez vous réfugier chez un ami parce que vous ne comprenez pas ce qui se passe ?», demande l'avocat à l'accusé. Ce dernier répond tout simplement : «Que vouliez-vous que je fasse ? J'étais seul, en civil et sans arme».

L'autre fait majeur reproché à celui qui a été promu chef d'état-major de la gendarmerie nationale burkinabè, un mois après les événements du 15 octobre, est d'avoir détruit la table d'écoute censée contenir des enregistrements d'informations sur les préparatifs du coup d'État. Mais une fois de plus, l'accusé nie systématiquement les faits et indique que la table d'écoute visait les syndicalistes et d'autres groupes et non le Conseil national de la révolution (CNR). Par ailleurs, il fait observer que la table en question n'était pas destinée à stocker les informations puisqu'elle n'en avait pas la capacité, mais que sa mission était juste de capter ces informations. Il finit en martelant que la désactivation de la table relevait des prérogatives de l'Office national de télécommunications (ONATEL) et non de la gendarmerie à laquelle il appartenait.

Ninda Pascal Tondé ne reconnaît pas les faits à lui reprochés
À sa suite, le soldat de première classe à la retraite, Ninda Pascal Tondé, chauffeur de au moment des faits, a été invité à la barre. Cet homme, parti pour être entendu comme simple témoin dans ce procès, s'est retrouvé parmi les accusés pour avoir tenté de suborner un autre témoin. En effet, alors que l'instruction était en cours en 2017, l'ancien chauffeur de Gilbert Diendéré à qui il est demeuré loyal, est allé rencontrer son ami Abdrahamane Zeytienga pour lui demander, sur instruction de son ancien patron, de faire sa déposition de manière à ne pas le plonger.

Pour ce faire, Abdrahamane Zeytienga devait nier être présent au Conseil de l'entente, le 15 octobre 1987, au moment où le drame s'est produit. Mais Abdrahamane Zeytienga a procédé à l'enregistrement de la conversation que Ninda Pascal Tondé a eue avec lui et a transmis cela au juge d'instruction. Interrogé sur les faits à la barre ce lundi, l'ancien chauffeur de Gilbert Diendéré soutient avoir agi seul, sans l'implication de son ancien patron. À l'en croire, il a utilisé le nom de Gilbert Diendéré pour donner du poids à ses propos.

Le procureur ne s'est pas laissé convaincre par les paroles de Ninda Pascal Tondé. Selon lui, ce changement de version ne pourrait être que la conséquence des pressions qu'aurait subies l'ancien chauffeur de la part du général qu'il n'a jamais cessé d'aller visiter à la prison. Cette position est partagée par les avocats de la partie civile qui estiment que Ninda Pascal Tondé avait bel et bien été envoyé en mission par son ancien patron, le général Gilbert Diendéré, qui justement sera à la barre ce mardi.

Written by Emmanuella Bâ

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