Suspension du mandat d’arrêt contre Guillaume Soro : que dit exactement la Cour de justice africaine ?

La Cour africaine des droits de l'Homme a ordonné ce mercredi 22 avril 2020 à la Côte d'Ivoire la suspension de son mandat d'arrêt contre Guillaume Soro.

La Cour africaine des droits de l'Homme et des Peuples, institution de l' basée à Arusha en , qui avait été saisie début mars par M. Soro et ses proches, « ordonne à l'Etat défendeur (la Côte d'Ivoire) de surseoir à l'exécution du mandat d'arrêt contre  », dans un arrêt publié ce mercredi.

Candidat déclaré à l'élection présidentielle ivoirienne prévue en octobre, Guillaume Soro faisait l'objet depuis fin décembre 2019 d'un mandat d'arrêt par la justice ivoirienne pour une tentative présumée d' »insurrection », et des détournements de fonds publics, toutes accusations démenties par l'ex-chef de la rébellion des années 2000.

La Cour ordonne aussi de « surseoir à l'exécution des mandats de dépôt » contre 19 proches de M. Soro accusés de complicité à divers degrés, actuellement détenus en Côte d'Ivoire, et leur mise en « liberté provisoire »: il s'agit de cinq députés et de membres de son parti, dont d'anciens ministres, ainsi que de deux de ses frères.

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Pour justifier sa décision prise « à l'unanimité », la Cour estime que le mandat d'arrêt et les mandats de dépôt risquent de « compromettre gravement l'exercice des libertés et des droits politiques des requérants ». La Cour invoque également le risque de « dommages irréparables » pour les requérants et la « présomption d'innocence » en leur faveur.

avait demandé le 4 avril des soins d'urgence pour le député , considéré comme le bras droit de M. Soro, emprisonné, malade et qui craignait « pour sa vie ».

Guillaume Soro a dès le début qualifié cette affaire de politique, une « opération » pour l'écarter de la course à la présidentielle prévue fin octobre.

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Jusqu'à cette affaire, M. Soro, 47 ans, était vu comme un challenger sérieux pour la présidentielle par les analystes politiques, qui le disent populaire, notamment auprès de la jeunesse.

Longtemps allié du président , qu'il a aidé à porter au pouvoir pendant la crise post-électorale de 2010-2011, Guillaume Soro était devenu Premier ministre, puis président de l'Assemblée nationale, avant de se brouiller puis de rompre avec le chef de l'Etat début 2019, ce dernier voulant brider ses ambitions présidentielles, selon les observateurs.

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Dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui a fait 3.000 morts, la prochaine présidentielle s'annonce tendue. Les élections municipales et régionales de 2018 avaient été marquées par de nombreuses violences et des fraudes.

Written by Véronique Fortes

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