Bamako a condamné le 30 décembre 2022 à 20 ans de réclusion criminelle les militaires ivoiriens détenus au Mali. Ferro Bally se prononce.
L'État malien est allé jusqu'au bout de sa logique. Dans l'affaire diplomatico-judiciaire qui l'oppose à la Côte d'Ivoire, sa justice n'a pas lâché du lest. Elle est entrée en voie de condamnation, le 30 décembre 2022.
Considérant toujours les 49 militaires ivoiriens, arrêtés le 10 juillet 2022 à Bamako, comme des « mercenaires », la Cour d'appel a prononcé deux lourdes sanctions:
– 20 ans de réclusion criminelle pour les 46, écroués dans les prisons maliennes, et poursuivis notamment pour les chefs des « crimes d'attentat et complot contre le gouvernement, d'atteinte à la sûreté extérieure de l'État » et deux millions de nos francs d'amende chacun;
– la peine de mort, par contumace, et dix millions de nos francs d'amende pour les trois soldates libérées, le 3 septembre, pour « raisons humanitaires » et absentes à la barre.
Le mandat de dépôt n'ayant pas été officiellement délivré, comme le fait aussi le « gouvernement ivoirien 20 ans » avec ses opposants dans son jeu du chat et de la souris, les mis en cause pourraient regagner le pays. Après 174 jours de séjour carcéral.
Mais, si les militaires peuvent ainsi, au plus tard le 1er janvier 2023 (délai fixé par la CEDEAO), recouvrer la liberté, ce dénouement au goût amer, constitue pour les autorités ivoiriennes une victoire à la Pyrrhus.
F. M. Bally
