3e mandat Ouattara: Jean-Marie Bockel, ancien secrétaire d'État de Sarkozy, dans Public Sénat, donne les raisons du silence de Marcon.
Jean-Marie Bockel, l'ancien secrétaire d'État chargé de la Coopération (2007-2008) sous Nicolas Sarkozy, dit comprendre les raisons qui ont poussé le chef de l'État ivoirien à se présenter au scrutin du 31 octobre lors que, des manifestations contre un troisième mandat du président Alassane Ouattara ont fait au moins 5 morts et des centaines de blessés.
A la question de savoir si la décision d'Alassane Ouattara de briguer un troisième mandat était-elle responsable, Jean-Marie Bockel, l'ancien secrétaire d'État chargé de la Coopération sous Nicolas Sarkozy répond/
« Je suis personnellement convaincu que le président Ouattara, lorsqu'il avait décidé de passer le relais après deux mandats, était complètement sincère, contrairement à d'autres chefs d'État de la région qui font semblant, avec un agenda caché, pour pouvoir se représenter.
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Amadou Gon Coulibaly, son successeur désigné sous réserve bien sûr qu'il soit élu démocratiquement, était un homme unanimement reconnu pour ses qualités. Mais son décès brutal a changé la donne. La situation à laquelle a été confronté le président Ouattara est très complexe. Face à lui, il y a un certain nombre de candidats qui n'ont pas toujours laissé un bon souvenir, comme Henri Konan Bédié, qui se représente à 86 ans…
Si on réfléchit objectivement et avec du recul, sans se mêler du débat interne, on peut comprendre qu'il ne soit pas confronté au moment où ce décès survient à une situation complètement sereine. La question était de savoir comment, en tant que président sortant, il allait prendre ses responsabilités. Ce n'était pas une question artificielle, mais une vraie question, y compris au regard de l'intérêt général de son pays. Il faut avoir ce contexte à l'esprit. Et, en tant qu'observateur extérieur, je peux comprendre les raisons qui l'ont poussé à prendre cette décision.
Par rapport à ce qu'on peut vivre dans nos démocraties anciennes, comparaison n'est pas raison. Un certain nombre de candidats font aussi partie du problème. Ils ne représentent pas forcément la solution. Comme dans d'autres pays africains, il y a un nombre important de partis politiques, dont leurs chefs ont une logique difficile à comprendre, d'un point de vue de l'intérêt général du pays » a-t-il lancé.
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Toujours selon Jean-Marie Bockel, « les manifestations de rue dans un contexte de campagne électorale, dans un pays comme la Côte d'Ivoire, ne sont pas forcément spontanées. On peut imaginer que tout le monde n'a pas forcément fait preuve de responsabilité. On ne peut pas tout mettre sur le dos de Ouattara. Dans un tel contexte, alors que le plan initial ne s'est pas déroulé comme prévu, des manipulations en tout genre sont possibles. Et, pour rappeler la célèbre phrase du Général de Gaulle, je ne vois pas Alassane Ouattara « commencer une carrière de dictateur » à 78 ans ».
Le silence d'Emmanuel Macron
« Il n'y a pas de comparaison possible avec le Liban. La Côte d'Ivoire aujourd'hui ne traverse pas la crise existentielle que traverse le Liban. Nous sommes juste dans une tension forte de campagne électorale qui commence. Ce ne sera ni la première ni la dernière fois que, dans un pays africain, il y a des tensions parfois même des troubles graves durant une période électorale.
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La France se doit d'être très discrète. Tout le monde reconnaît et apprécie une forme de cousinage très ancienne, une longue histoire commune, une belle histoire, paisible. La France a su, comme dans d'autres pays africains où elle a une présence militaire, mettre la distance qui convient, notamment depuis Nicolas Sarkozy, qui avait révisé les accords de défense, respectés ensuite par François Hollande et par Emmanuel Macron. La France et ses responsables ont un devoir de réserve. Nous sommes face à des partenaires sérieux, confrontés à des difficultés. On doit rester à notre place » a-t-il conclure.