Accordant une interview au JDD, le 8 août 2020, Guillaume Soro est revenu sur la candidature de Ouattara et le silence de la France.
Que pensez-vous de la candidature d'Alassane Ouattara à un troisième mandat présidentiel ?
Il entraîne la Côte d'Ivoire dans un tunnel d'incertitudes, qui risque de l'atteindre également. Il viole la Constitution ivoirienne. Imaginerait-on le général de Gaulle changer l'article 6 de la Constitution de 1958, qui stipule que l'on ne peut être éligible au-delà de deux mandats? M. Ouattara a estimé que, sur les 25 millions d'habitants, personne n'était suffisamment apte à diriger le pays, ce qui est une insulte au peuple de Côte d'Ivoire, aux militants et aux responsables de son propre parti.
Qu'attendez-vous de la France ?
Maintenant que M. Macron s'est invité dans le débat politique ivoirien en félicitant M. Ouattara et en distribuant des bonnes notes, j'attends les sanctions, un carton rouge. Il existe une grande communauté française en Côte d'Ivoire, or aujourd'hui nous sommes à quelques mois d'une élection qui sonne les prémices d'une crise préélectorale, il prend des risques. Le pays va brûler.
Qui va le faire brûler ?
Ouattara, bien sûr ! Parce que les Ivoiriens n'accepteront jamais qu'il soit candidat alors que lui veut l'être par la force des chars.
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Vous vivez en exil, que pouvez-vous faire en réaction à cette décision ?
Dans le cadre de mon mouvement, nous allons nous réunir aujourd'hui pour annoncer que nous nous opposons sans concession au troisième mandat de Ouattara. C'est une question de survie, pour sauver la République et ses fondements, protéger notre Constitution et réaliser un idéal démocratique. Nous allons nous battre et lui demander de renoncer.
Depuis Paris ?
Oui, nous avons des relais et j'ai appelé à l'unité d'action de toute l'opposition. Les manifestations ont commencé à Abidjan, et nous ne sommes pas en 1960. Nous sommes en 2020, il y a Internet et les réseaux sociaux.
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Vous êtes candidat à l'élection présidentielle, mais vous avez été exclu de la liste électorale et vous ne pouvez pas rentrer en Côte d'Ivoire…
Je maintiens ma candidature parce que la Constitution me donne le droit de me présenter. J'ai la dictature contre moi mais le droit avec moi. Une parodie de procès a été organisée à mon encontre afin de me rayer de la présidentielle, mais la Cour africaine des droits de l'homme a cassé la décision du tribunal d'Abidjan. Je suis convaincu d'être en bonne position pour gagner cette élection. « J'ai la dictature contre moi mais le droit avec moi »