Balie Topla, ancien candidat à l’Européenne écrit à Macron : « la France aurait tort de choisir à nouveau Ouattara »

Emmanuel Macron, président de la République de France
Emmanuel Macron, président de la République de France © Crédit Photo DR

Lettre ouverte de Balie Topla, ancien candidat à l'Election Européenne de 2014 à Macron relative à la candidature de Ouattara.

Excellence Monsieur le Président,
Le 5 mars dernier, vous aviez félicité monsieur Alassane Dramane Ouattara pour sa décision de ne pas briquer un troisième mandat, et vous aviez assorti vos félicitations du commentaire que cela était un bon exemple, à juste titre.
Hélas, depuis le 6 aout 2020, l'homme a changé d', je dirais qu'il a dévoilé son vrai jeu. Je suis Balie TOPLA, citoyen français d'origine ivoirienne, et je voudrais vous exprimer toute ma crainte quant aux conséquences de la décision de monsieur Ouattara de briguer ce troisième mandat. Au-delà du destin d'un individu, c'est la fragile stabilité de tout un peuple qui est menacée et la Cote d'ivoire paye depuis trois décennies un lourd tribut pour l'ascension politique de ce monsieur. Depuis l'annonce de cette , c'est la nervosité qui s'empare de toutes les couches de la société, c'est la violence qui émaille à nouveau les discours sur les réseaux sociaux.

Monsieur le président, pour vous qui ne connaissiez peut-être pas monsieur Ouattara sous cet angle, permettez-moi de vous dire que derrière le costume impeccable du visiteur assidu de votre palais présidentiel à , se cache en réalité un voyou, un menteur, un imposteur sans foi ni loi qui sévit au bord de la Lagune Ebrié. Sa nouvelle constitution par exemple lui confère le loisir de nommer et un vice-président, et un premier- et de désigner les membres du en plus des nominations dans la haute administration du pays. En Côte d'Ivoire, en fait, Alassane Dramane Ouattara règne sans partage.

Qui est l'individu ? En fait une vie banale, ordinaire somme toute. Mais je relèverai quelques aspects de son parcours qui mettent en lumière sa forfaiture en Côte d'Ivoire. Quand le Président Houphouët lui fait appel pour conduire le programme d'ajustement structurel, deux choses plaident en sa faveur : il vient de la haute finance mais il a surtout l'avantage de n'être pas ivoirien et donc pas susceptible de fausser le jeu politique en Côte d'Ivoire. Il faut rappeler qu'à cette époque, et ce n'était un secret pour personne que le président Houphouët-Boigny préparait Monsieur Henri Konan BEDIE, , comme son successeur.

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D'ailleurs, pendant que monsieur Alassane Ouattara était premier-ministre du Président Houphouët-Boigny, il a été décoré par l'état de Côte d'Ivoire pour service rendu à la et l'hebdomadaire Jeune , à l'époque, lui avait même consacré un article pour saluer le travail accompli en Côte d'Ivoire par un ressortissant de la Haute Volta, aujourd'hui Faso. En effet Alassane Dramane Ouattara est né de parents voltaïques. Il a bénéficié d'une bourse américaine au titre de la Haute Volta. Il a obtenu la Sécurité Sociale américaine, a fait toutes ses études universitaires en tant que ressortissant voltaïque. Quand il arrive en Côte d'Ivoire, il conclut ses premières transactions immobilières avec ses pièces d'identité voltaïques.

Tout se gâte quand l'homme commence à flairer la bonne affaire en Côte d'Ivoire, l'étit venant en mangeant. A la surprise générale, à la mort du président Houphouët-Boigny, il tente un premier coup de force pour s'emparer du fauteuil présidentiel mais le PDCI fait bloc derrière monsieur BEDIE, le dauphin constitutionnel. Ouattara échoue. Poursuivi pour nationalité douteuse, il s'exile en .

Des lors il va multiplier les coups de force. D'abord un coup d'état contre BEDIE qui tombe et les mutins appellent l'ancien général à la retraite Robert Guei à exercer le pouvoir, par pure stratégie, quitte à passer le flambeau plus tard au vrai commanditaire du coup, c'est-à-dire monsieur Alassane Dramane Ouattara. Malheureusement pour lui, les choses ne se passent pas comme prévues. Non seulement, le général Guei ne lui refile pas le bébé, mais plus encore, il l'élimine pour les élections qu'il organise en 2010 au motif que la nationalité ivoirienne de Ouattara serait douteuse.

Dès lors, ceux qui ont fait le coup contre BEDIE se réfugient au où Blaise Compaoré leur offre gite et couvert et où ils se forment pour revenir, cette fois ci, pour imposer Ouattara comme candidat en Côte d'Ivoire.
Cependant, quand le Président GBAGBO arrive au pouvoir, il fait rentrer au pays les deux exilés, BEDIE et Ouattara. Pour Ouattara, il annule d'arrêt qui pèse contre lui. Dans la foulée, le président GBAGBO organise un forum de la nationale pour ramener la sérénité dans le pays après l'épisode du premier coup d'état militaire de l'histoire du pays. Pour la première fois en Afrique, dans l'espace francophone s'entend, un président institue une rente mensuelle pour ses prédécesseurs ainsi que pour les anciens présidents d'institution

Pour la petite histoire cela fait quelques jours aujourd'hui que lui le Président GBAGBO doit faire le pied de grue à l'ambassade de Côte d'Ivoire en pour obtenir ne serait-ce qu'un simple passeport ordinaire ivoirien pour rentrer dans son pays après son acquittement. Voilà Alassane Dramane Ouattara, voilà le monstre froid incapable de la moindre compassion ni élégance républicaine pour délivrer à un ancien président de la république un passeport diplomatique. Quelle mesquinerie. Et pourtant, si on devait raconter tous les bienfaits du Président GBAGBO pour le clan Ouattara, on écrirait tout un livre.

Après le forum de la réconciliation nationale, alors qu'Alassane Ouattara a commencé à percevoir ses rentes d'ancien , et comme au même moment ses petits gars ont fini leur formation au Burkina Faso, en septembre 2002, il les lâche sur et c'est l'horreur : ils tuent et violent sur leur passage. Ensuite s'ouvrent de longues négociations avec les rebelles pour ramener la paix. C'est au cours d'une des négociations que l'ancien président Thabo Mbeki, médiateur, suggère au Président GBAGBO de prendre un décret autorisant monsieur Alassane Ouattara à être candidat à titre exceptionnel pour ramener la paix dans le pays. C'est ainsi que Alassane Dramane Ouattara entre, par effraction, sur la scène .

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Excellence monsieur le président, en 2010, monsieur Ouattara a perdu les élections contre monsieur GBAGBO. Qu'a cela ne tienne, ses puissants alliés et soutiens ont quand même décidé de l'installer au pouvoir contre l'avis du ivoirien. Non seulement, ils ont refusé la proposition de recomptage des voix mais ils ont choisi le bombardement intensif du palais du Président GBAGBO avant d'amener Ouattara dans les chars de l' et l'installer au pouvoir. Ouattara n'a donc pas gagné d'élection en 2010, au contraire l'armée française a gagné la guerre contre l'armée loyaliste de Cote d'Ivoire avant de livrer le président GBAGBO aux rebelles.
En dix ans de pouvoir, qu'a-t-il fait ?

Beaucoup et rien à la fois. Les ménagères attendent toujours les effets de sa croissance à dix chiffres, un pays où il est devenu difficile d'avoir ne serait-ce qu'un repas par jour. Un pays extrêmement divisé ou règnent différentes milices et les « microbes », ces enfants soldats laissés-pour-compte après la fin de la rébellion et qui aujourd'hui tuent, volent pour se nourrir. Un procureur politique à la solde du pouvoir qui emprisonne à tour de bras leaders politiques, syndicalistes, femmes et enfants, leaders religieux sans compter ceux qu'on maintient en exil dans les pays limitrophes depuis plus de dix ans. Quant aux députés , ils sont d'abord arrêtés, emprisonnés et qu'on a un bout temps, on lève leur immunité parlementaire plus tard, ça fait toujours bien à l'international, chez les bailleurs de fonds. C'est comme ça que marche la Cote d'Ivoire de monsieur Ouattara. De toutes les faç, il a le soutien de Paris et un carnet d'adresse impressionnant. Allez, circulez, il n'y a rien à voir ! Le très haut fonctionnaire du n'a pu rien faire d'innovent pour la Cote d'Ivoire, au contraire il s'est lancé dans un programme de surendettement du pays de façon exponentielle. Ses laudateurs diront qu'il a bitumé des routes. Bien sûr, ses goudrons bio dégradables rapportent des commissions faramineuses que le clan se partage. Le bien être des ivoiriens ne lui rapporte rien. Tout s'explique. Au contraire, il a passé son temps à distribuer de l'argent pour calmer les grognes de ceux qui ont pris les armes pour son accession au pouvoir et à qui il avait promis, comme d'habitude, villas, nationalité ivoirienne et que sais-je encore ? Ouattara a fait beaucoup de mal à la Cote d'Ivoire et ces élections d'octobre 2020 sont déjà entachées d'irrégularités graves à chaque étape de son processus.

D'abord la commission électorale n'est toujours pas reformée malgré les condamnations répétées de la Cour Africaine des Droits de l'Homme. C'est une commission électorale acquise à monsieur Ouattara. Chose unique dans les démocraties, monsieur Ouattara est, à la fois, président de la république et chef de parti. Ensuite l'inscription sur la n'est pas encore achevée que déjà cette liste souffre de doutes sérieux quant à la présence d'individus enrôlés illégalement par le parti de monsieur Ouattara.

Enfin l'environnement de ces élections présente déjà tous les ingrédients d'un passage en force, d'un hold- électoral
Selon différentes sources, de fortes sommes d'argent auraient été perçues par les généraux (100 millions chacun), les anciens chefs de guerre (50 millions chacun), ainsi que les magistrats (2millions chacun) pour confisquer le pouvoir.
Présence de nombreuses milices dans le pays, trop d'individus sont encore en armes alors qu'ils ne devraient pas l'être depuis la fin supposée de la rébellion qui a porté monsieur Ouattara au pouvoir.

Devant cette situation, il y a lieu de renoncer à ces élections à venir, de laisser monsieur Ouattara finir ses deux mandats jusqu'en octobre 2020 avant de mettre en place une transition sans lui.Ce gouvernement de transition d'une période très courte devrait avoir pour taches : Prioritairement, le retour sécurisé de tous les exilés, restitution de leurs biens encore confisqués par les rebelles, dégel de leurs comptes bancaires. En tête de ces retours, je place bien entendu ceux du Président et du ministre Charles Blé Goudé qui sont acquittés par le tribunal pénal international et qui n'ont plus de raison d'être hors de leur pays. Ils ont cher payé la cruauté de Ouattara et de son ami Nicolas , actuel représentant de la Cote d'Ivoire au . Interdit de rire ! Qu'est-ce que Ouattara ne ferait pas pour s'assurer l'amitié des « grands » de ce monde ?

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Un audit de la liste électorale s'impose. Même Guillaume Soro, chef de la rébellion de monsieur Ouattara réclame aussi cet audit. Je suis tenté de le croire qu'il y a effectivement problème sur cette liste. Des informations concordantes font état d'au moins 600 000 non-ivoiriens inscrits sur la liste électorale de sorte que certaines localités du pays ont même doublé leur population en seulement dix ans de l'administration Ouattara. Il faut mettre à plat cette liste électorale et permettre à ceux qui n'y figurent pas encore de pouvoir s'y'inscrire. La mise en place d'une commission électorale consensuelle avec le découpage et les lois électorales qui vont avec. Il y aura certainement besoin de dissoudre l'actuelle qui ne reflète pas vraiment la sociologie du pays.

Excellence monsieur le président, voila quelques propositions qui pourraient aider à endiguer la vague de violence qui approche et la France pourrait aider le peuple ivoirien en ne laissant pas Ouattara mettre à exécution son plan de troisième mandat. Des rumeurs de plus en plus persistantes font aussi état de ce que monsieur Sarkozy serait à la œuvre pour rallier des décideurs à la cause de son ami Ouattara. En effet, l'expérience nous enseigne que si Ouattara tente ce coup de force, c'est parce qu'il se sera assuré, auparavant, de soutiens dans les sphères du pouvoir à Paris.

Excellence Monsieur le Président, La France aurait tort de choisir à nouveau Ouattara contre la Cote d'Ivoire qui souffre depuis que Ouattara a fait son irruption sur la scène politique. Le pays a besoin de refermer cette parenthèse Ouattara pour retrouver sa cohésion, son unité. En vous remerciant par avance de l'intérêt que vous aurez accordé à mon plaidoyer qui est d'aider les filles et les fils de Cote d'Ivoire à se réconcilier véritablement et à vivre ensemble, je vous prie de recevoir, Excellence Monsieur le Président, l'assurance de ma très haute considération.

Written by YECLO.com

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