Affaire bébé mort dans une clinique de Yopougon : « pourquoi j’accuse Aka Aouélé »

Le pro-Affi, Jean Bonin, revient sur l'affaire de la mort d'un bébé dans une clinique de Yopougon, faute de soins, et accuse le ministre Aka Aouélé.

Monsieur le ministre,

Suite au décès le 4 janvier dernier d'une jeune fille, dans une clinique de , le Grand Centre, vous avez pris une décision de fermeture mensuelle de ladite clinique et de suspension du médecin concerné et son équipe. De toute évidence, cette décision semble avoir été prise de façon hâtive, probablement sous la pression du diktat des réseaux sociaux.

Autant est aisé de comprendre la suspension du médecin incriminé, le temps que les enquêtes que vous n'avez certainement pas manqué de diligenter permettent de faire toute la lumière sur cette affaire, autant votre décision de fermeture de la clinique passe mal car inefficace et inopportune.

En effet, il faut faire la part des choses entre la responsabilité civile de la clinique et la faute pénale pour non assistance à personne en danger du praticien qui, manifestement, a failli à son serment d'Hippocrate en subordonnant ses soins au paiement préalable d'une caution. La clinique devra dédommager la famille de la jeune fille décédée, c'est sa responsabilité civile. Le médecin pourra être poursuivi au pénal pour sa faute grave.

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Monsieur le ministre,

Quand un conducteur grille un feu tricolore, ce n'est pas son véhicule qui est en faute mais uniquement lui. C'est donc lui qui verra son permis de conduire retiré, suspendu voire même annulé, en plus des amendes qui lui seront infligées. À contrario, quand un conducteur roule un véhicule sans visite technique ou sans frein, alors le véhicule est en infraction et il pourrait être immobilisé, mais pas le conducteur.

Dans le domaine médical, le médecin a l'obligation de mettre tout en œuvre pour soigner ses patients. Aussi, même si le directeur de la clinique lui avait imposé de ne pas soigner la jeune malade faute de s'être préalablement acquittée d'une caution, il se devait de désobéir à cette instruction. En n'ayant pas désobéi, il s'est rendu pénalement et civilement responsable, solidairement avec la clinique, pour avoir exécuté un ordre manifestement illégal et en contradiction avec son serment.

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Monsieur le ministre,

Vous n'ignorez pas que dans notre pays sur les 2 000 cliniques et établissements sanitaires privés qui existent, pas moins de 70% d'entre elles fonctionnent dans une complète illégalité. Et pourtant elles fonctionnent au vu et au su du ministère dont vous avez la charge. S'il y a urgence à fermer des cliniques, ce sont d'abord celles-là.

Vous n'ignorez pas non plus que le est actuellement fermé pour travaux, tout comme le centre de santé de Yop Attié. Dès lors, le seul établissement qui dispose d'une salle de réanimation c'est la clinique “Les Oliviers”.

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En d'autres termes, en ce qui concerne la réanimation, la commune la plus peuplée du pays ne repose que sur la capacité limitée d'une seule clinique. C'est catastrophique pour les malades de cette commune, d'autant que vous fermez sans mesures palliatives.

Monsieur le ministre,

Votre décision de fermeture, même si elle était juste, apparaît comme inopportune dès l'instant qu'elle a pour conséquence immédiate de créer une rupture de l'égalité entre les populations de Yopougon et celles des autres communes du District d' en matière de soin. C'est inacceptable.

Ne soyons pas hypocrites, vous n'ignorez pas que toutes les cliniques privées exigent le paiement d'une caution préalable avant de prendre en charge certaines pathologies. Que dit votre ministère sur ce fait ? Que fait votre ministère pour que cette caution ne soit pas exigée ou ne soit pas un motif de renvoi d'un malade ? Bref, quelles mesures avez-vous prises pour que ce type de grave faute médicale ne se produise pas dans le ministère que vous dirigez ?

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Monsieur le ministre,

Vous savez que si nous étions dans un pays occidental, vous-même votre démission aurait été demandée, à l'instar de celle d'un ministre de l'intérieur ou de la sécurité lorsque survient une bavure policière, alors même que le ministre ne tenait pas lui-même en main l'arme assassine. C'est cela le sens de la responsabilité administrative.

Vous n'ignorez pas que de nombreuses fautes médicales graves surviennent dans des cliniques qui ont pignon sur rue à Abidjan sans que pour autant leur fermeture ne soit ordonnée. Vous devez éviter de faire du deux poids deux mesures.

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Vous n'ignorez tout de même pas que dans nos CHU, il y a quotidiennement des malades qui sont refoulés, faute d'argent pour payer leurs médicaments ou pour faire leurs examens radiologiques ou biologiques ? Avez-vous oublié l'affaire d'Awa, ce jeune mannequin décédée au CHU de Cocody, faute d'avoir pu recevoir les soins que commandait son état de santé plus que précaire ? À cette époque, après enquête, Madame la ministre avait sanctionné les fautifs sans pour autant ordonner la fermeture du CHU de Cocody.

Monsieur le ministre, Dr ,

Notre système médical est malade. Vous ne l'ignorez pas. Faire la politique de l'autruche n'y fera rien. Feindre de l'ignorer et se contenter de sanctionner des boucs émissaires n'équivaut qu'à mettre un pansement sur une plaie sans l'avoir préalablement désinfectée. Je vous sais homme compétent et de rigueur. Soyez donc à la hauteur de cette rumeur non usurpée en rendant à notre système de santé ses lettres de noblesses.

Written by Jean Bonin

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