Affaire Drogba et la présidence de la FIF: Venance Konan aux fans de DD, « il ne s’agissait de désigner l’Ivoirien le plus connu à l’étranger »

Venance Konan, journaliste ivoirien et ancien DG de Fraternité Matin
Venance Konan, journaliste ivoirien et ancien DG de Fraternité Matin © Crédit photo DR

« Leçons d'un scrutin » une analyse de Venance Konan relative à la dernière sortie de Serge Bilé sur la défaite de Didier Drogba à la présidence de la FIF.

Deux importants scrutins ont marqué nos vies ce weekend qui vient de passer. Le samedi, nous avons eu celui qui devait désigner le président de la Fédération ivoirienne de football (FIF), qui pour bon nombre d'entre nous avait pris plus d'importance que celui qui nous donne notre président de la République, et le dimanche, l'élection du président de la République française, qui là aussi, pour certains d'entre nous, est plus importante que le choix de notre propre président. Puisque pour ceux-là, le président de la France est le président de nos présidents. C'est le scrutin du samedi qui a attiré mon attention, puisqu'il est celui qui a le plus fait couler d'encre et de salive à cause du suspense qui a été créé autour.

Parmi les nombreux écrits qui ont suivi ce scrutin, c'est celui de mon ami Serge Bilé qui a particulièrement attiré mon attention. Partant de sa propre expérience, lorsqu'il lui fut proposé de diriger la Radio Télévision Ivoirienne (RTI) et que cela ne se conclut finalement pas, Serge Bilé écrit ceci : « tu partais avec un gros avantage, celui d'avoir fait une immense carrière internationale encensée par le monde entier. Tu partais aussi avec un inconvénient bien plus grand encore, c'est d'être issu d'une diaspora africaine qui a réussi et dont ce continent ne veut pas ou à petites doses, sauf quand elle expédie les Western Union…Oui Didier, ce pays se méfie de ses propres enfants, dès lors qu'ils se sont fait un nom ailleurs et qu'ils échappent au système. Ce qui est surprenant c'est que ces pratiques se perpétuent dans une Côte d'Ivoire dirigée par un homme qui a lui-même souffert par le passé du même rejet parce qu'il arrivait également de l'étranger, et dont plusieurs d'entre nous, sans être ses partisans, avaient défendu la candidature pour le principe, contre vents et marées, comme on l'a fait pour toi quand ça coinçait. »

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Où je ne suis pas du tout d'accord avec Serge Bilé, c'est lorsqu'il veut nous convaincre que ceux qui se sont fait connaître ailleurs sont forcément les meilleurs et que de ce fait on se méfierait d'eux, et surtout d'ignorer la notion de compétition et de concurrence. Non, ceux qui se sont fait connaître ailleurs ne sont pas nécessairement plus compétents que ceux qui ont commencé leur carrière au pays, qui ont d'ailleurs sur les premiers, l'avantage de mieux connaître l'environnement.

Tous autant que nous sommes, cadres ivoiriens d'un certain niveau, nous avons fait une partie plus ou moins grande de nos études à l'étranger. Certains ont commencé leurs carrières professionnelles dans des pays étrangers, s'y sont fait un nom, et d'autres, l'ont commencée directement au pays. Et ceux-là ne sont pas forcément des cancres. Et puis, dans tous les postes de responsabilité, dans tous les domaines, il y a concurrence et compétition, ce qui est sain dans toute société.

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Alors, que vous ayez fait votre carrière à l'extérieur, que vous y soyez devenu une grosse star ou non, le jour où vous postulerez à un quelconque poste de responsabilité, vous trouverez en face de vous de vous d'autres personnes qui ont la même ambition. Vous serez face aux mêmes coups de poignards, aux mêmes peaux de bananes. Dans le cas de la FIF, il y a donc eu compétition, vote et celui dont les arguments ont le plus convaincu le corps électoral a naturellement été élu. Où se trouve la méfiance à l'égard de parce qu'il se serait fait un nom ailleurs ?

Précisons qu'il ne s'agissait pas dans le cas d'espèce de désigner le meilleur footballeur ivoirien ou l'Ivoirien le plus connu à l'étranger, mais de choisir celui qui pourrait diriger la FIF pendant les quatre prochaines années. Cela dit, ils sont nombreux, ces Ivoiriens qui se sont fait des noms à l'extérieur et qui ont été recrutés par leur pays pour poursuivre de brillantes carrières ici.

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A la RTI par exemple, M. Ahmadou Bakayoko menait une très belle carrière en France lorsqu'il fut appelé par son pays. Après la RTI, il a connu une promotion en dirigeant maintenant la CIE et la SODECI. Ils sont nombreux, ceux qui comme lui ont rejoint leur pays à l'avènement de M. Alassane Ouattara et qui y mènent de brillantes carrières dans l'administration, dans la politique ou dans le secteur privé.

Venance Konan

Written by Venance Konan

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