Serge Bilé a réagi à la déclaration des chefs traditionnels d'Aboisso de bannir Amon Tanoh du royaume Sanwi.
POUR MES AMIS IVOIRIENS Quand j'étais enfant en Côte d'Ivoire, la simple évocation du Sanwi était pour moi un motif de fierté. Pensez donc !! Le royaume, qui a vu naître mes ancêtres, avait osé, dans un rêve un peu fou, défier le grand et tout puissant Félix Houphouet-Boigny, alors premier ministre de la colonie en 1958.
Plus qu'au roi Amon N'Doffou III, je pensais à Ehounou Bilé qui avait bravé le futur président ivoirien en allant jusqu'à Paris pour réclamer au général de Gaulle l'indépendance du Sanwi. Mal lui en avait pris. Lui, le roi, et tant d'autres, trahis par l'Elysée, avaient fini en prison à Abidjan, sans parler des morts restés tabou, à commencer par l'épouse assassinée d'Ehounou Bilé.
Dans mon livre « Mes années Houphouet », sans partager forcément ce désir de sécession, je rends hommage à ces hommes et ces femmes, qui avaient un idéal et qui avaient fait preuve de courage pour l'atteindre, tout en soulignant les faiblesses humaines de quelques uns d'entre eux.
Exilés au Ghana voisin, les indépendantistes du Sanwi avaient fini en effet par se diviser pour une affaire de… femme. Le roi Amon N'Doffou III avait jeté son dévolu sur l'épouse de son chef de gouvernement. Et voilà comment s'acheva piteusement l'une des plus grandes pages de l'histoire pré coloniale de la Côte d'Ivoire.
Depuis cette humiliante capitulation, le Sanwi n'est plus que l'ombre de lui-même, a de rares exceptions. Le courage a déserté les esprits, au point que des pseudo représentants n'hésitent plus aujourd'hui à renier et à déchoir de ses droits coutumiers un de leur fils, qui n'est, au passage, pas exempt de tout reproche.
La ficelle est un peu grosse. Elle n'a qu'un seul but en fait. Ces gens veulent continuer à s'engraisser et à profiter des « bienfaits » d'un chef d'Etat qui joue lui-même sur la fibre et la division ethniques pour se maintenir au pouvoir, en violant la Constitution du pays. Je n'ai pas honte pour eux, car ils sont la honte eux-mêmes.
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Je ne suis pas triste pour eux, car ils sont la tristesse eux-mêmes. Je veux juste me souvenir de tous nos parents, qui ont versé leur sang pour que nous soyons libres aujourd'hui. Tant qu'ils vivront dans nos cœurs, l'espoir vivra, tout n'est pas perdu…