Quelle sera la configuration de la nouvelle équipe gouvernementale en Côte d'Ivoire ? La question a été posée à l'analyste politique André Silver Konan. Explications sur les antennes de la radio allemande Deutsche Welle. Interview André Silver Konan dissolution gouvernement.
Qu'est-ce qui va se passer avec la formation du nouveau gouvernement ?
Ce qui va se passer, c'est que le président Alassane Ouattara sera tenu de reconduire un certain nombre de ministres issus du PDCI, qui étaient déjà dans le gouvernement précédent et qui n'étaient plus en odeur de sainteté avec Henri Konan Bédié. Evidemment, cela aura pour mérite et nécessairement de fâcher d'avantage Bédié qui se sent de plus en plus mis à l'écart de la gestion du pouvoir. Donc, cette dissolution est un problème et non une solution.
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Est-ce que cette action de Ouattara ne va pas conduire à l'éclatement du PDCI ?
Je crois que non. Les « frondeurs » du PDCI, n'ont pas la légitimité historique comme celle d'Aboudramane Sangaré au FPI, par exemple. Ils n'ont pas le charisme d'Henri Konan Bédié, donc ce sera une fronde qui n'aura pas assez d'entregent pour porter la contradiction à Henri Konan Bédié. Cependant, celle-ci va le fragiliser et elle le fragilise. C'est tout le système Bédié, sa façon de gérer son parti, ses méthodes, ses choix qui sont en cause. Mais aussi incroyable que cela puisse paraître, cette fronde même si elle le fragilise politiquement va renforcer Bédié dans sa volonté réelle ou supposée d'être candidat en 2020.
« Celui qui aura assez D'ENTREGENT pour rapprocher l'un des deux camps de la mouvance présidentielle et/ou de l'opposition, aura la clé du succès de 2020 »
Concernant cette candidature supposée ou réelle, notre position, elle est très ferme : en 2020, il faut qu'il y ait une nouvelle équipe. Les collaborateurs d'Houphouët-Boigny et ses opposants historiques, qui régentent la vie politique en Côte d'Ivoire depuis 1960 et qui gèrent encore aujourd'hui devraient avoir un minimum de jugeote, pour se retirer en 2020. Parce qu'ils vont subir un revers, un camouflet en 2020, par les générations qui ne veulent plus d'eux.
Les mois à venir s'annoncent donc assez rudes ?
Oui, bien sûr. Je pense qu'on est parti pour une recomposition de l'espace politique ivoirien entre, d'un côté, une mouvance présidentielle divisée en deux et de l'autre, une opposition divisée en deux. Celui qui aura assez d'entregent pour rapprocher l'un des deux camps de la mouvance présidentielle et/ou de l'opposition, aura la clé du succès de 2020.
Retranscrit par Prince Beganssou
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