Fernand Dédeh revient sur les événements du 3 novembre 2020 relative à la tentative d'arrestation de Bédié et les membres du CNT.
Quelle journée! Secousses sismiques! Les forces de l'ordre au domicile du président du PDCI-RDA, président du Conseil national de Transition, ancien président de la République! Vives émotions, montée de l'adrénaline. Les militants et sympathisants de l'opposition ont connu des pics de nervosité et de tension.
La presse était invitée à suivre une déclaration du chef de l''Opposition en sa qualité de Président du Conseil national de Transition. Organe mis en place, au lendemain de l'élection présidentielle du 31 octobre 2020, pour contester l'autorité du pouvoir du président de la République, déclaré provisoirement élu par la commission électorale indépendante.
Une heure avant la déclaration, le gouvernement par la voix du ministre de la Justice avait qualifié le Conseil national de Transition ainsi que les violences perpétrées suite au boycott actif « d'actes d'attentat et de complot contre l'autorité de l'Etat et l'intégrité du territoire national. ».
Le ministre Sansan Kambilé avait ensuite indiqué la saisine « du Procureur de la République près le tribunal de première instance d'Abidjan afin que soient traduits devant les tribunaux, les auteurs et les complices de ces infractions. ».
LIRE AUSSI :Tentative d'arrestation des membres du CNT : le General Vagonbo réagit
Selon mes informations, « il n'était pas prévu d'arrêter le président Henri Konan Bédié. Mais l'idée d'une assignation à résidence à Abidjan ou Daoukro circulait , ainsi qu'une audition par le Procureur de la République. Des poursuites pouvant déboucher sur des mesures coercitives. ».
La présence massive de la police, le bouclage des principales voies menant à la résidence du président du PDCI-RDA, la forte présence des journalistes, ont surmédiatisé la séquence. Les associations de la presse ont très vite joué de solidarité , pour aider à exfiltrer les journalistes à l'intérieur de la résidence. Un blocus qui ne dit pas son nom se met en place. L'on apprend plus tard, que la police a eu accès à l'intérieur de la maison.
Les sources policières sont pour le moins vagues. La colère des militants, le déchaînement des passons, ne permettent pas d'en savoir plus sur ce qui se passe entre les agents et le maître de la maison. Un communiqué du PDCI-RDA indique que « Plusieurs personnalités du PDCI-RDA , parmi lesquelles le Secrétaire exécutif, le Professeur Maurice Kakou Guikahué, et le Directeur de cabinet, N'Dri Narcisse, ont été arrêtées. ». Environ, une vingtaine de personnes dont les membres de la famille du président Henri Konan Bédié.
LIRE AUSSI :Soro parle de l' « arrestation » de Bédié : « Ouattara vient de déclencher les hostilités »
En l'absence de toute communication officielle, les spéculations vont bon train. Les rumeurs aussi. Malheureusement. La police rassure qu'elle a opéré avec « sérénité et professionnalisme.
On l'a appris dans la nuit, l'aide de camp du Président Henri Konan Bédié a été muté « dans l'intérêt du service »
Par ailleurs, des riverains ont indiqué avoir constaté la présence des cargos de police aux alentours des domiciles du président du FPI, porte-parole de l'Opposition, Pascal Affi N'guessan et du Président de l'UDPCI et ancien ministre, Albert Mabri Toikeusse. Un proche de Pascal Affi N'guessan, contacté par nos soins, à confirmé la présence des forces de l'ordre autour du domicile de l'ancien premier ministre. Avant de disparaître du réseau.
Guerre des nerfs
L'opposition joue sur le terrain de Alassane Ouattara. En 2011, il s'était replié dans la plus petite république du monde, à l'hôtel du Golf pour harceler le pouvoir en place, pourrir la situation sociale et sécuritaire avant l'épilogue. Il ne veut pas laisser la « gangrène » pousser.
En 2011, deux armées belligérantes se faisaient face et la communauté internationale avait choisi son camp. C'est d'ailleurs avec l'appui de l'armée française soutenue par les militaires de l'ONUCI que le Golf a vaincu le Bunker.
En 2020, la communauté internationale et les organisations sous-régionales appellent au respect de l'ordre constitutionnel et à l'apaisement. L'Opposition est forte du soutien et de la mobilisation de ses militants.
LIRE AUSSI : Soro au CNT : « j'invite de façon pressante à nommer à la Défense, une personne ayant une connaissance des armées »
L'inévitable dialogue
Pouvoir et opposition jouent au jeu de l'intimidation. Les mots, les discours et les attitudes cachent une volonté de discuter. Il faut cependant éviter de franchir le pas de l'humiliation de l'autre.
Chaque partie essaie de devancer et soumettre l'autre. La tension pré-électorale était déjà vive. Elle a débouché sur une crise post électorale. Pouvoir et opposition vont finir par s'asseoir autour d'une table pour discuter.
Le candidat Kouadio Konan Bertin émet d'ailleurs, l'idée d'un dialogue national, impliquant toutes les forces vives du pays. En Afrique, on montre toujours les muscles avant de dresser la table de discussions.