Putsch au Burkina: les menaces du commissaire de la CEDEAO, l’Ivoirien Jean-Claude Kassi Brou, sont tombées dans l’oreille de sourds

Ferro Bally fait analyse du coup d'Etat du 24 janvier 2022 au Burkina Faso avec le départ du pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré.

La vague d'arrestations, à partir du 11 janvier 2022, d'une dizaine de militaires et de civils, soupçonnés de préparer un coup d'État pour renverser les institutions, aura été improductive. La qualification, le dimanche 23 janvier, des Étalons du Faso face aux Gabonais pour les quarts de finale de la coupe d'Afrique des nations (CAN, au Cameroun) n'aura pas permis d'étouffer la grogne des éléments des forces de sécurité.

Dans la nuit du samedi 22 au dimanche 23 janvier, des tirs d'armes légères et lourdes ont retenti dans de nombreuses casernes du Burkina Faso. La mutinerie a fini par se transformer en putsch.

À l'instar d'Amadou Toumani Touré (ATT), éjecté du pouvoir dans la nuit du 21 au 22 mars 2012 par des soldats insatisfaits de la lutte du gouvernement malien contre les rebelles touaregs et les groupes djihadistes, , le président du Faso (photo), a fait les frais de son « incapacité » à faire échec aux mouvements terroristes. Et comme son homologue malien, il ne finira pas son second mandat entamé en 2020.

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Kaboré a été renversé dans la nuit du 23 au 24 janvier par des militaires, las des nombreuses et lourdes pertes que les terroristes leur infligeaient. En cause, de graves dysfonctionnements dans le ravitaillement alimentaire et logistique des troupes sur le terrain. Pour diriger la transition démocratique, un officier supérieur d'infanterie dans l'armée burkinabé: le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.

C'est le nouvel homme fort du Burkina Faso. Il a fait lire, par le capitaine Sidsoré Kader Ouédraogo, deux déclarations. Une suspend la Constitution, dissout le gouvernement et l'Assemblée nationale. L'autre instaure une nouvelle transition démocratique conduite par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR, junte militaire) dont il est le président en même temps qu'il s'est proclamé chef de l'État.

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En outre, le lieutenant-colonel Damiba a expressément mis la dans l'embarras en demandant à tous de soutenir le Mouvement qui entend « lutter pour l'intégrité territoriale du Faso, son redressement et sa souveraineté ». Aussi, s'engage-t-il à proposer, « dans un délai raisonnable et après consultation des forces vives de la nation, un calendrier de retour à l'ordre constitutionnel ».

Les menaces du commissaire de la CEDEAO, l'Ivoirien , sont donc tombées dans l'oreille de sourds et l'organisation ouest-africaine se trouve à la croisée des chemins. Entre maintenir la pression par des sanctions qui ne découragent plus manifestement les velléités de rupture politique et d'indépendance provoquées par des régimes corrompus et mettre de l'eau dans son vin pour ne pas paraître ridicule, la CEDEAO a du pain sur la planche alors que le variant est en verve pour le printemps démocratique en Afrique de l'Ouest.

Written by Ferro Bally

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