Le bain de sang et de violence continue en Côte d'Ivoire. Le nombre des villes martyres ne cesse d'augmenter. Une analyse Bally Ferro.
Le nombre des villes-martyrs ne cesse d'augmenter: Bonoua, Divo, Gagnoa, Lakota, Daoukro, Toumodi, Tiébissou, Bongouanou, Yamoussoukro, M'Batto… Et le bain de sang continue, dans l'indifférence quasi-générale, en ces saisons d'épuration politique.
Après la crise post-électorale (décembre 2010 – avril 2011), Laurent Gbagbo a beau défendre devant la CPI que « c'est celui qui n'a pas gagné l'élection qui a semé les troubles », il n'a même pas été entendu; son sort étant scellé.
Ses militants, partisans ou sympathisants et lui ont été poursuivis, pourchassés et arrêtés manu militari. Et au nom de la justice des vainqueurs, l'autre camp a été et est épargné de poursuites. Et Ouattara s'est juré, en vain, de « vider le FPI de sa substance ».
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En 2020, on reprend les mêmes acteurs dans des rôles différents et on recommence. Avant et après la présidentielle controversée du 31 octobre, la violence politique s'est installée. M'Batto a établi un record macabre: 38 morts, 12 portés disparus et 120 blessés, selon un message radio de la Gendarmerie. « C'est celui qui a violé la Constitution qui provoque les troubles », arguent des observateurs.
Mais, sans aucune enquête, l'Opposition, vouée aux gémonies par son mot d'ordre de désobéissance civile contre la « candidature anticonstitutionnelle et illégale » de Ouattara, est le coupable tout trouvé. Ses leaders, traqués et placés en résidence surveillée, sont dans le collimateur d'une justice aux ordres.
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Ouattara s'est ainsi engagé à réduire son Opposition ou au silence ou à sa plus simple expression. Et son camp, avec les supplétifs et miliciens dotés d'armes à feu et blanches et d'objets contondants pour des opérations punitives, est mis hors de cause.
Et alors les conflits intercommunautaires se multiplient face au parti-pris du pouvoir RHDP. Et ce pays meurtri est au bord de la déflagration sociale. Car il est désespérément orphelin de leaders amoureux de justice et d'humanité.