Crise Côte d’Ivoire – Mali : au-delà de la libération des Ivoiriens

Un mur de méfiance s'est installé entre le Mali et la Côte d'Ivoire, au niveau des autorités des deux pays et il faudra des années pour abattre ce mur.

Depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois, je me suis gardé de prendre la parole sur le dossier des otages Ivoiriens au , pour ne pas gêner les efforts faits par notre gouvernement en direction de Bamako. Car, manifestement, mes écrits, semble-t-il, vont loin, pour ne pas en dire plus.

Le vendredi dernier, en conclusion d'un scénario écrit d'avance à la suite de la signature d'un mémorandum au contenu gardé secret comme c'est toujours ainsi dans les négociations après des prises d'otages , les autorités de fait à Bamoko, enfin, ont libéré leurs otages, après avoir bataillé ferme , pour obtenir que notre président n'use point de mesures de représailles contre leur pays.

Cette prise d'otages, même si son dénouement heureux ramène un peu de sérénité dans les relations entre notre pays et le Mali, aura- au-delà du folklore souverainiste organisé pour flatter à l'intérieur la fierté d'une partie du peuple Malien à travers un procès en assises dont l'exemplarité au sens négatif du terme aura frappé le monde entier, enrobé dans une grâce présidentielle-fortement, abîmé en profondeur le mur de confiance qui existait depuis des décennies entre nos deux pays.

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Désormais, un mur de méfiance s'est installé entre le Mali et la Côte d'Ivoire, au niveau des autorités des deux pays et il faudra des années pour abattre ce mur. Les éléments factuels qui inclinent à se déterminer ainsi, se trouvent dans le communiqué des autorités maliennes et dans la prise de parole du président Ouattara, devant les soldats Ivoiriens.

Il n'a, en effet, échappé à personne que les autorités maliennes, dans un communiqué qui était censé traduire le triomphe de la diplomatie africaine dans le règlement de différends entre pays africains, ont trouvé le moyen, non seulement de s'inscrire dans l'irrévérence et la belligérance inutiles en agonisant le président de la Guinée Bissau de mots peu amènes, mais en plus en méprisant le président ivoirien, dont le nom n'est apparu nulle part dans ledit communiqué.

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Il n'a également, échappé à personne que le président ivoirien, dont chacun sait que le bavardage stérile n'est pas le fort, a pris le soin d'ignorer le président de la transition malienne, dans son propos tenu en face de ses soldats libérés.

La prise d'otage, pardon, la crise, ainsi que l'a dit le président Ouattara, est derrière nous, mais elle restera pour longtemps dans nos têtes et ce ne sont pas les visite mutuelles d'Etat annoncées, qui effaceront l'insincérité ambiante.

A l'interne, en Côte d'Ivoire, cette crise a confirmé deux choses essentielles.

D'abord, cette crise a révélé le caractère d'homme d'Etat du président ivoirien. La hauteur d'esprit dont il a fait preuve même en présence d'outrances et d'irresponsabilité en face, a certainement évité aux deux pays, des développements dramatiques de la situation de tension.

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Les crises profondes révèlent toujours soit des hommes d'Etat soit de petits dirigeants agités et peu conscients des enjeux et de leurs responsabilités vis à vis de leur peuple et des peuples frères.

Ensuite, cette crise a révélé que le chemin à parcourir pour que les Ivoiriens atteignent le sentiment d'appartenance à une cause commune, à une nation unique, face à un ennemi extérieur, est encore long.

C'est sans doute là, l'un des labeurs les plus urgents auxquels nous devrions nous attaquer, si notre objectif est de tendre vers un développement qui ne sera pas remis en cause de régimes en régimes. Avec des populations qui se déterminent devant les difficultés, non pas selon les intérêts vitaux de leur pays, mais selon les intérêts d'individus dans lesquels ils ont placé leur confiance sur des bases politiques tribalistes et régionalistes.

Assalé Tiemoko Antoine

Député de la nation.

Written by Assalé Tiemoko

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