Désobéissance civile en Côte d’Ivoire : « un échec programmé »

La désobéissance civile lancée par l'opposition en Côte d'Ivoire est un « échec programmé » selon Karim Ouattara.

Comme promis pour ce lundi 28 Septembre 2020, je partage avec mes followers mon analyse sinon une esquisse d'analyse sur l'échec programmé du mot d'ordre lancé par une partie de l' le dimanche 20 septembre et qui devait rentrer dans sa phase active dès le lendemain, lundi 21 septembre.

Avant tout propos, permettez-moi de remercier l'opposition qui a opté pour la non-violence en lieu et place des mouvements à intentions insurrectionnelles qui ont récemment endeuillés et sinistrés plusieurs familles.


Quoique illégale par définition, la désobéissance civile n'est pas assimilable à l'incivisme qui caractérise une personne dont le comportement traduit un manque de dévouement pour sa .

Le Philosophe américain John Rawls (1921-2002) définit la désobéissance civile, dans son ouvrage ‘'La Théorie de la Justice'' publié en 1971, réédité en 1975 et en 1999, comme: « un acte public, non violent, décidé en conscience, mais politique, contraire à la loi et accompli le plus souvent pour amener un changement dans la loi ou bien dans la politique du gouvernement.

En agissant ainsi, on s'adresse au sens de la justice de la majorité de la communauté et on déclare que, selon une opinion mûrement réfléchie, les principes de coopération sociale entre des êtres libres et égaux ne sont pas actuellement respectés »

Le terme fut créé par le philosophe, naturaliste et poète américain Henry David Thoreau (1817-1862), dans son essai ‘'La Désobéissance civile'', publié en 1849, à la suite de son refus de payer une taxe destinée à financer la guerre contre le .

Mais bien avant David Thoreau, l'efficacité du principe de la désobéissance a été démontrée, par l'écrivain humaniste et poète français Étienne de La Boétie, à 33 ans le 18 août 1563 à Germignan, près de .


La Boétie, comme il était appelé, a été célèbre pour son de la servitude volontaire, où il démontre que le pouvoir d'un État repose entièrement sur la coopération de la population. Ainsi, dès l'instant où la population refuse d'obéir, l'État n'a plus de pouvoir. Un peuple peut donc résister sans violence par la désobéissance et provoquer l'effondrement d'un État illégitime.

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Il disait aussi que le pouvoir le plus féroce tire toute sa puissance de son peuple.

Je pense particulièrement que c'est de cette assertion de La Boétie, que s'est inspiré l'initiateur de la désobéissance civile en Côte d'Ivoire dans un contexte électoral.

La Boétie n'a pas manqué de signifier qu'il faut pour l'efficacité de ce principe une prise de conscience générale et le courage des initiateurs.

La désobéissance civile est en effet, une forme de révolte ou de résistance, qui se distingue de la révolte au sens classique qui consiste à opposer la violence à la violence.


Elle est antinomique de la révolte à l'ivoirienne qui consiste à obstruer les voies publiques en milieu urbain avec des pneus enfumés pour masquer la minorité des manifestants afin de conférer au mouvement un caractère généralisé, ou à obstruer les accès interurbains avec des arbres abattus juste pour l'occasion au desiderata des voyageurs non responsables des mesures contestées, sans oublier la destruction d'édifices ou outils à usage publics, chèrement acquis grâce au contribuable.

Fort des deux précédents paragraphes, il est claire que les initiateurs de la désobéissance civile à l'ivoirienne devront d'abord réussir le pari de la prise de conscience générale sur fond d'une injustice plausible imposée aux autre qu'une revendication électoraliste contre un Président en fonction régulièrement investi candidat par son parti et dont le mérite du travail est unanimement reconnu.

Outre le défi de la prise de conscience générale, de l'opposition dont une partie est largement comptable de la gouvernance actuelle, devront réussir à se départir eux même de la haine et de la violence verbale, pour effectivement exorciser la haine des cœurs de certains de leurs militants afin d'en faire des militants non inscrits à la violence aussi bien physique que verbale, comme l'ont réussi Mohandas Karamchand Gandhi en et aux .

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En effet lors de La « marche du sel » entamée par Gandhi le 12 mars 1930, en vue d'arracher l' de l'Inde aux Britanniques, l'initiateur non intéressé par un fonction et reconnu outre son leadership politique comme guide spirituel en Inde, ne manquait pas de rappeler aux 50.000 marcheurs qui l'accompagnaient les 4 règles fondamentales de la lutte non-violente dont la 1ère est qu'un résistant civil non violent ne doit pas avoir de colère.

Ne pas avoir de colère, semble être une équation totalement impossible dans le cas de la désobéissance civile à l'ivoirienne telle la haine contre le Président OUATTARA dont la est l'objet du mot d'ordre, est fortement enracinée dans les cœurs de certains opposants.

La violence se désamorce d'abord dans les cœurs avant de se traduire en actes de non violence dans la société.

Justement, le pasteur Martin Luther King, leader du mouvement non-violent pour les droits civiques des noirs américains aux États-Unis, fervent militant pour la paix et contre la pauvreté, disait: « La haine engendre la haine ; la violence engendre la violence.»


Il fut le meneur du boycott des bus de Montgomery (Alabama) en 1955, qui commença lorsque Rosa Parks refuse de céder sa place à une personne de couleur blanche. Martin Luther King est arrêté pendant cette manifestation dont la campagne dura 382 jours et se termina par une décision de la Cour suprême des États-Unis déclarant illégale la ségrégation dans les autobus, restaurants, écoles, et autres lieux publics.

Ce mouvement de boycott qui a été une réussite était totalement suivi pour sa noblesse et la discipline de la non-violence observée par les 40.000 noirs boycotters de bus (non casseurs de bus), qui marchaient parfois jusqu'à 30 Km pour rejoindre leur lieu de travail.

Partant de ces exemples historiques de réussite de la désobéissance civile, il va de soi que la désobéissance civile telle que annoncée par l'opposition ivoirienne est vouée à un fiasco même si je salue le choix de l'approche non violente comme mode de protestation.

Et ma position est confortée par les constats personnels suivants;

1 -L'Objet de la désobéissance civile ivoirienne:
L'Objet du mot d'ordre qui consiste à réclamer le retrait de la candidature d'un candidat régulièrement investi par son parti et validée par le en la personne du Président OUATTARA jugée «illégale et anti-constitutionnelle» par l'opposition, est totalement biaisé. Et À mon l'opposition ne peut rêver de meilleure occasion constitutionnelle et démocratique qu'une élection pour déchoir un Président qu'elle estime impopulaire. (exemples récents: , )

2 -Les Hommes qui incarnent la désobéissance civile ivoirienne:
L'opposition ivoirienne dans sa composition actuelle est difforme et polycéphale.
En effet le retrait de la candidature du Président OUATTARA seul suffirait à imploser l'organisation actuelle de l'opposition tant les ambitions individuelles sont démesurées et les visions totalement divergentes.


Des leaders qui brillent par leur absence lors des même pacifiques ne devraient pas espérer le succès d'une initiative non-violente à l'image de Gandhi et Martin Luther King, qui occupaient les premiers rangs pour les opprimés sans ambitions présidentielles. Alors que dans le cas ivoirien, les leaders depuis leurs salons espèrent des supposés opprimés qu'ils leur fraient le chemin du pouvoir.

3 – Le Délai des résultats escomptés.
La non candidature du Président OUATTARA ou le report des élections sont les résultats immédiats attendus de la désobéissance civile à l'ivoirienne. Sauf que les élections étant prévues dans une trentaine de jours, ne sauraient être reportées par l'effet d'une désobéissance civile sauf si les désobéissants décident de procéder à un coup de force ce qui serait l'échec patent d'une action sensée être non violente.

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Tous les mouvements non-violents qui ont apportés des résultats probants ont porté dans le temps. (Exemple 382 jours pour le boycott des bus aux USA)

4 -Le Moment choisi pour lancer le mot d'ordre:
L'opposition ne peut avoir investi ses candidats, ensuite déposer leur candidature sachant qu'un autre candidat n'avait aucune habilitation à candidater, puis une fois les candidatures retenues se rebiffer. Cela donne le sentiment d'une l'incohérence voir une fuite en avant.


Aucun candidat fut-il de l'opposition, ne se présente à une élection présidentielle pour qu'un autre candidat gagne à sa place sauf en cas d'alliance.


À cet effet les opposants dont les candidatures ont été retenues et qui se sont rebiffés alors qu'ils candidataient pour la victoire de leur parti, devront donner des explications à savoir comment est-ce que la candidature d'un autre opposant garantit leur victoire?


Si tant est que les opposants sont tous unis, alors qu'ils décident de soutenir le favori parmi eux, sauf s'ils estiment qu'aucun n'est favori parmi eux.

Pour ne pas allonger d'avantage une si longue analyse, je m'arrête ici en espérant avoir des contradictions constructives.

Written by Karim Ouattara

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