Analyse de Jean Bonin après l'interview que le ministre Bruno Koné a accordé à la RTI, le 28 février 2023 sur la gouvernance de son ministère.
Je voudrais sincèrement remercier le ministre de s'être humblement prêté au jeu des questions / réponses. C'est tout à son honneur. Ils ne sont pas légions les responsables politiques ou administratifs qui acceptent de se prêter à cet exercice qui peut être périlleux.
Pour autant, ai-je été satisfait par sa prestation ? Je dois dire que dans l'ensemble je suis resté sur ma faim, tant ses réponses étaient approximatives, évasives et laissaient entrevoir une impréparation de l'émission.
Lorsque j'étais vice-président du FPI, avant toute interview du président Affi, nous nous préparions aux questions des journalistes en organisant dans nos studios ce qu'on appelle dans le jargon un « média training ». Tout décideur devrait le faire avec des professionnels des media, formés pour un tel exercice, qui peut détruire ou rehausser son image.
Ils sont nombreux ceux qui s'accordent à dire que Affi N'guessan est un bon débatteur. La réalité c'est qu'il prend toujours le temps de se cultiver dans tous les domaines et de préparer minutieusement ses interviews. Il ne laisse aucune place à l'improvisation.
Mon 1er point d'insatisfaction concerne le niveau des journalistes qui, manifestement, n'étaient pas à la hauteur. À croire qu'ils n'ont pas sérieusement préparé l'émission en se documentant et en approchant les professionnels du secteur de l'immobilier, dont aucun n'a été questionné. Il est curieux que dans une telle émission la parole ne leur ait pas été donnée pour, eux aussi, exprimer leur ressenti sur une thématique qui les concerne les concerne et pour laquelle ils sont très souvent jetés en pâture. Dommage !
La nature des questions posées par les journalistes trahissait l'évidence qu'ils n'ont même pas pris le temps de lire le code de la construction et encore moins visionné les engagements antérieurs pris par le ministre lors de ses interviews ou émissions passées. Notamment sur la question des remboursements des souscripteurs des logements sociaux ou les effondrements d'immeubles.
Au final, cette interview, qui a duré plus 1h30 mn, s'apparentait plus à un publireportage réalisé à la seule gloire et valorisation des actions du ministre qu'à le pousser dans ses derniers retranchements. C'est là qu'on peut voir le fossé abyssal qui sépare les journalistes de la RTI et ceux des médias privés tels que 7 Info (Philippe Di Nacera), NCI (Ali Diarrassouba) ou encore Live Tv (André Bouah).
Revenons aux préoccupations qui nous intéressent et qui concernent les effondrements d'immeubles, les ACD et le remboursement des souscripteurs aux logements sociaux et les réponses y relatives données par le ministre.
1 – En ce qui concerne les effondrements d'immeubles
Le ministre a expliqué qu'il a humainement et matériellement fait tout ce qui était possible et qu'il s'en remettait donc aux mannes des ancêtres pour espérer qu'en 2023 nous n'ayons pas d'avantage effondrements d'immeubles. C'est donc une affaire de « ni Allah sonan ».
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Pour finir, il a cru bon de rejeter la faute sur les propriétaires d'immeubles, les maires ou ses prédécesseurs qui, tous, n'ont pas fait ce qu'il fallait pour éviter les effondrements d'immeubles. Il n'a donc absolument rien à se reprocher. Ok !
2 – En ce qui concerne les ACD
Ici aussi, c'est un vrai flou artistique. Il a été capable de d'affirmer que le permis de construire est délivré en moins d'un mois mais il ne lui a pas été possible de dire combien de temps il faudrait pour délivrer un ACD.
Ça fait 4 ans qu'il est à son poste, mais il nous fait savoir que “BIENTÔT” nous aurons nos ACD en moins de trois mois. Sauf que ce BIENTÔT est indéterminé, de sorte qu'on ne sait au final pas quand cette arlésienne sera mise concrètement en œuvre.
3 – en ce qui concerne le remboursement des souscripteurs
Là aussi, en résumé, il dit que ceux qui ont demandé à être remboursés le seront eux aussi très BIENTÔT. Toutefois, il leur conseille de rester dans le programme immobilier, sans être capable d'indiquer quand le nouveau programme démarrera et, surtout, quand il sera achevé. Pour l'heure, il nous informe que le gouvernement, qui a mis la charrue avant les bœufs, est à la recherche de financements et que les travaux du nouveau programme seront BIENTÔT achevés. La belle jambe !
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CONCLUSION
Certains, surtout ses partisans, verront dans nos critiques un harcèlement du ministre de la construction. Que nenni !
Nous sommes mus, dans le cadre de la redevabilité, par un seul objectif ; la promotion de l'excellence et la de la bonne gouvernance, la transparence et la défense des intérêts collectifs de nos compatriotes.
Pour illustrer notre analyse de la prestation du ministre, nous avons découpé chapitre par chapitres les moments clés de son interview. Nous allons les publier afin que chacun, en toute objectivité, se fasse sa propre opinion.
