Conflits Guézon : Kader Diarrassouba, proche de Soro, revient sur les affrontements

Kader Diarrassouba et Guillaume Soro

Guézon, parlons-en ! ( partie 2 ). Kader Diarrassouba, proche de Soro, revient sur les affrontements du 27 décembre 2020 qui ont fait 5 morts.

En 2010 sur le front ouest, j'étais au four et au moulin, écumant tous les hameaux de l'ouest du pays. Le rôle principal, c'était prôner la paix et surtout freiner au mieux l'impact collatéral d'un conflit armé post-élection. Dans une publication sur mon compte Facebook, j'ai donné quelques détails que je vous épargne cette fois-ci. ( https://www.facebook.com/photo.php?fbid=2689978427943327&set=a.1436929569914892&type=3 )

Avant de continuer, j'aimerais rendre un hommage posthume au Ministre Sidiki DIAKITÉ, à l'époque Préfet de Man. Un aîné avec une probité morale qui reste une référence. Son rappel à DIEU avant la farce du 31 octobre dernier renforce ce respect en sa personne ; c'est un ésotérisme que je ne saurai expliquer. La mort est liée à l'échéance parce qu'on ne va pas à l'hôpital pour soigner la mort mais plutôt la maladie.

Perso, j'y vois un signe, et je reviendrai sur cet épisode lorsque je serai plus disposé.
Aujourd'hui, prenez cet hommage. C'est l'un des rares avec son costume Khaki de Prefet et ses galons, qui dormait sur la banquette arrière de sa Nissan gris-noire, en brousse. Je me rappelle même d'une scène où la faim nous tenaillant après une semaine passée en brousse, nous devions manger des noix de coco pour calmer les tiraillements stomacaux. C'était l'époque du « advienne que pourra », l'époque loin des bureaux feutrés, celle où voir le lendemain, c'était plus lié au « hum » du désespoir qu'au « Ni ALLAH sonan ». Y'a une légère nuance.

En 2010, et je veux prendre à témoin le journaliste Saint-Tra Gooré Bi de Fraternité Matin. J'avais été à Blolequin où dans une mission de pacification, je m'étais familiarisé avec des populations regroupées à la préfecture de ladite ville. Elles y étaient cantonnées à cause de la fureur des combats. Je dois avouer que j'ai eu la vie sauve parce que nous avions regagné Man pour justement revenir avec des vivres qui se faisaient rares. C'était sous instruction ; on partait chercher à manger pour venir donner. En l'espace de 48 heures, ces gens, femmes et hommes, des adolescents (es) ont été massacrés.


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Revenant précipitamment dans la ville et étant le seul avec un appareil photo, j'ai dû immortaliser chacun des corps en début de putréfaction, d'autres éventrés, certains égorgés, plusieurs criblés de balles. Plus d'une vingtaine de personnes. je garde encore ces images et sans même les regarder, j'ai toujours ce traumatisme qui n'a pas besoin de psychologie. Si j'avais eu un psy, lui-même aurait eu besoin d'un psy.

Ça, c'était à Blolequin. Et aujourd'hui au sein de cette Préfecture, il y'a une fosse commune. Le Préfet à l'époque avait refuser d'administrer dans ce local. Caroline Dumay, vous vous en souvenez ? Les internautes ivoiriens lui ont fait passer un sale quart d'heure en 2019 après un document sur France 24. Elle était l'auteur d'un reportage très peu apprécié sur un conflit ? chrétien-musulman en Côte d'Ivoire.

Je m'étais abstenu d'y participer parce que l'anticipation journalistique est toujours incomprise. Surtout que cette « prospection » était basée sur une expérience. Avec du recul, quand une simple « marche pour la paix » initiée par les chrétiens catholiques est interdite, lorsque le prélat est menacé de représailles physiques et sanglantes par des affidés du en majorité du Nord et de confession musulmane, ne sommes-nous pas allés vite en besogne avec cette journaliste clouée au pilori ?

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Je l'ai rencontrée en 2010 à Man alors qu'elle se lançait dans un reportage à Duekoué sur ce qui commençait déjà à devenir une récurrente banalité sur fond de conflit et réforme agraires. C'est là que commence la série « Guezon, parlons-en ! » et attaquons de go. Prenons une tangente géographique comme illustration. Au Burkina Faso, la délicate question des Koglweogo ressemble bien à celle des en Côte d'Ivoire.

Il y'a beaucoup d'exactions répertoriées dans les deux pays. Sont-ce pas des récurrentes banalités que de noter puis botter en touche lorsque les Koglweogo au Burkina pour des raisons sécuritaires se substituent aux forces régaliennes de sécurité ? Sont-ce pas des récurrentes banalités que sur fond de conflit agraire, les Dozo en Côte d'Ivoire tuent impunément sans que la promptitude connue au Procureur de la République à poursuivre les opposants politiques ne se sente concernée ?

Vous avez subtilement noté l'analogie entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso, ces deux pays frères aux liens multiséculaires. Je vous ramène au livre de René Dumont, « l'Afrique noire est mal partie ». Il y décrit méthodiquement les handicaps du continent africain, les problèmes de corruption, les conséquences de la décolonisation. Dans le chapitre 1, il aborde le piétinement de l'Afrique inter-tropicale.

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Avant de vous donner quelques détails, j'aimerais ajouter un problème strictement endogène, inhérent à la Côte d'Ivoire et aux pays de l'hinterland ; ce patriotisme incompris sur fond de xénophobie reprochée, comme un épouvantail.

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