Hausse tarif de l’électricité en Côte d’Ivoire: Jean Bonin fait des recommandations au ministre de l’énergie

Coupure de Courant
Coupure de Courant © Crédit photo DR

Jean Bonin, Président de FIER, a échangé avec le ministre de l’énergie, sur la hausse du tarif de l’électricité en Côte d’Ivoire.

Dans le cadre de ses activités en faveur des consommateurs, Jean Bonin KOUADIO, Président de FIER, accompagné de M. Guillaume LIBY, vice-président chargé des questions économiques et financières, du Dr Jean Noël EHOUNOU, Coordonnateur Général des activités de FIERS CONSOMMATEURS et Stéphane Jean BONIN, chef d’entreprise, a échangé avec le ministre des mines, du pétrole et de l’énergie, M. Sangafowa Mamadou COULIBALY.

Pendant 3h de temps, le ministre a expliqué les raisons financières et techniques qui justifient, la récente hausse ciblée des tarifs de l’électricité et dont les effets sur les clients de la basse consommation à partir de 15 Ampères se ressentiront, sur leurs factures du mois de septembre prochain, pour leur consommation de juillet et août.

Ne sont donc pas concernés par la hausse actuelle, les abonnés au tarif domestique social 5A, au tarif domestique général 5A et au tarif domestique général monophasé 10A, lesquels représentent 89% des abonnés.

Entre autres explications, le ministre a souligné l’impact négatif de la crise du Covid-19, de la guerre Russo-Ukrainienne et la hausse conjuguée du dollar et du prix du gaz sur les flux financiers du secteur qui, en réalité, sont déficitaires depuis plus d’une vingtaine d’années.

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S’agissant de la volonté populaire, de voir arriver une autre compagnie, dans le secteur de la distribution et de la commercialisation de l’électricité, pour créer une dynamique concurrentielle profitable aux consommateurs, le Ministre a indiqué que la taille relativement réduite du marché ivoirien durant plusieurs décennies, ne favorisait pas cette option. Mais il a précisé, que la demande nationale actuelle de plus en plus importante, fruit d’une urbanisation galopante, la rendra bientôt inévitable.

Nos propres analyses des informations du secteur, confirment que l’etat des flux financiers du secteur de l’électricité en Côte d’Ivoire est préoccupant, en dépit des montants colossaux de subventions, injectés chaque année par l’Etat.

Par ailleurs, la nature même des contrats gaziers et des conventions qui lient le secteur aux Producteurs Indépendants d’Electricité, de type « Take or pay », ne laissent que très peu de marges de manœuvres à l’Etat pour en renégocier les termes. Toutes choses qui accentuent le déficit financier du secteur.

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Nos recommandations :

1 – En ce qui concerne le programme d’électrification rurale.

En l’espace d’une dizaine d’années, de 2011 à 2022, le gouvernement a électrifié plus de 4 000 villages, passant de 2 800 en 2010 à 7 000 villages électrifiés en 2023. Une telle politique volontariste d’électrification pèse nécessairement sur les flux financiers du secteur.

Quand bien même nous comprenons la nécessité pour tous d’avoir accès à l’électricité, compte tenu de la fragilité actuelle des flux financiers du secteur, nous exhortons le gouvernement à ralentir son programme d’électrification rurale, et à reconsidérer sa décision de vouloir électrifier TOUTES les localités du pays à l’horizon 2025. Reporter cet objectif à l’horizon 2030 ou alors trouver des mécanismes, pour un financement qui n’impacterait pas significativement le secteur, nous apparaît plus opportun.

L’électricité pour tous ne devrait pas se traduire par l’électricité IMMÉDIATEMENT pour chacun, surtout si, comme c’est le cas actuellement, cela affecte structurellement les comptes du secteur.

2 – En ce qui concerne les investissements dans le secteur

De 2011 à 2022, la demande nationale d’électricité a augmenté annuellement en moyenne de 7,1%. Parallèlement, la puissance totale installée du parc de production est passée de 1 391 MW à 2 548 MW, soit une augmentation de 83,2%.

Il en est de même pour les gros investissements que l’Etat a initié relativement aux réseaux de transport et de distribution, en vue d’améliorer le rendement du système électrique et tenir la croissance soutenue de l’économie nationale.

Nous encourageons l’Etat à continuer ses investissements dans ce secteur qui, il faut le reconnaître, sont plus que nécessaires. Pour autant, nous pensons que des emprunts à des taux confessionnels, devraient être privilégiés pour mieux amortir leur impact et ainsi, progressivement atteindre l’équilibre financier. Pour rappel, le coût de revient de l’électricité serait de 89FCFA alors que le prix de vente lui est de 73FCFA, ce qui creuse nécessairement le déficit.

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3 – En ce qui concerne la subvention du tarif de l’électricité

L’Etat a non seulement renoncé en partie à la TVA et à sa part dans la vente du gaz naturel au profit du secteur de l’électricité, mais lui a également alloué plus de 130 milliards de FCFA, pour partiellement apurer les arriérés de factures des Producteurs Indépendants d’Electricité et des fournisseurs de gaz naturel, au titre notamment de l’exercice 2023.

En adoptant une telle posture, l’Etat de Côte d’Ivoire maintient les consommateurs, dans une fausseté des prix qui finit toujours par le rattraper dès lors que ses ressources commencent à se raréfier.

Nous recommandons que cette « culture subventionniste » qui concourt insidieusement à cacher la réalité des coûts au consommateur, fasse place à une transparence plus accrue dans la publication du prix de revient du coût de l’électricité afin que les consommateurs, progressivement, dans une économie qui se veut libérale, paient le juste prix. Cette transparence doit s’observer aussi bien au niveau des tarifs des hydrocarbures que de ceux des transports (Sotra, Gbaka, etc.).

En adoptant une telle « culture de vérité » au sujet des prix, les consommateurs, qui ne sont pas irrationnels, comprendraient mieux les ajustements tarifaires, à la hausse ou à la baisse. Nous sommes persuadés qu’aucun pays ne peut construire son développement durable et structuré, sur une récurrente politique de subvention qui ne serait rien d’autre que de panser une plaie sans véritablement la soigner.

Cela suppose davantage de communication et surtout une communication de nature pédagogique à l’attention de l’ensemble de la population. De manière, à éclairer davantage, l’opinion publique, sur le rôle des principales structures qui exercent dans le secteur de l’électricité (Côte d’Ivoire énergie, Siprel, ANARÉ, CIE, etc…).

4 – En ce qui concerne le ministère chargé du commerce et de l’industrie

Nous exhortons le ministre du commerce, à continuer de faire ses meilleurs efforts, afin que cette hausse tarifaire, qui impacte 11% des abonnés au 31 décembre 2022, ne soit pas systématiquement répercutée par les opérateurs économiques sur les ménages, de sorte à éviter des dérives inflationnistes.

5 – En ce qui concerne les consommateurs d’électricité

Il est vrai que cette hausse d’électricité ne concerne pas directement 89% des abonnés de la CIE. Pour autant, nous recommandons aux consommateurs, dans leur ensemble, d’adopter les bonnes pratiques afin d’éviter de gaspiller l’énergie et de realiser des économies d’énergie .

Dès lors que l’ajustement tarifaire a un effet direct sur le prix du kWh et la prime fixe, nous exhortons les consommateurs à adopter les bons réflexes, afin de réduire leur consommation d’énergie et ainsi minimiser leur facture d’électricité. L’Etat devrait également accentuer la sensibilisation à ce niveau.

6 – En ce qui concerne le mix énergétique

Le ministre de l’énergie nous a assuré de la volonté du gouvernement, d’augmenter progressivement la part du renouvelable dans le mix énergétique. Nous souhaitons sa concrétisation, afin que des énergies renouvelables soient de plus en plus utilisées pour la production de l’électricité en Côte d’Ivoire.

Par ailleurs, à l’heure où la production de l’électricité et sa disponibilité sont des enjeux géopolitiques majeurs, nous suggérons à l’Etat d’engager de solides réflexions sur l’éventualité de l’utilisation de l’énergie nucléaire, dans le cadre d’une approche sous régionale.

Nous remercions sincèrement le ministre pour sa disponibilité, ainsi que pour toutes les informations techniques et financières, qu’il a accepté de partager avec les membres de FIER, en toute transparence.

Nous encourageons les autres responsables d’associations de consommateurs à avoir la même attitude.

Fait à Abidjan, le 4 juillet 2023

Pour FIER, le président

Jean Bonin KOUADIO

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Written by Jean Bonin

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