Henri Konan Bédié et son concept de l'Ivoirité. Une analyse de Fernand Dédeh sur le candidat du PDCI à la présidentielle du 31 octobre.
À 86 ans, Henri Konan Bédié a tout vu, tout obtenu en Côte d'Ivoire. Le journaliste Atta Koffi, ancien responsable du journal du PDCI-RDA, Fraternité-Hebdo parlant de Henri Konan Bédié l'a décrit comme « un esprit brillant, l'un des meilleurs de sa génération ». Ministre de l'Economie et des finances a 32 ans, (1966-1977), il a participé à ce que les idéologues du PDCI-RDA ont appelé le miracle ivoirien. Le temps des vaches grasses.
Mais en 1977, de retour « d'un séjour pour biens portants » en Europe, comme il aimait le dire, le président Felix Houphouët Boigny depuis l'aéroport, tonne: « La Côte d'Ivoire n'a que faire des malhonnêtes même s'ils sont compétents. ». Le remaniement ministériel qui s'ensuit voit le tout puissant ministre de l'Economie et des Finances, quitter le gouvernement. Début de la traversée du désert et des grandes légendes qui entourent la vie du natif de Prepressou à Daoukro.
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Un vrai Sphinx
Henri Konan Bédié sait se taire et suivre le rythme imposé par le président Houphouët-Boigny. Il sera envoyé en hibernation aux Etats-Unis, à la Banque mondiale. Pas pour longtemps. En 1980, il est de retour sur la scène politique et devient député de Daoukro puis, président de l'Assemblée nationale ( 22 décembre 80). Houphouët-Boigny manœuvre plutôt bien.
Il fait de Henri Konan Bédié, sans grands bruits, son successeur au regard de la constitution. Mais pour calmer les ambitions à l'intérieur du parti unique, il répète à tous les journalistes qui l'interpellent sur l'avenir de la Côte d'Ivoire après lui, « qu'un chef Akan ne désigne jamais son successeur de son vivant. ».
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Le 7 décembre 1993, la Côte d'Ivoire se couvre du voile noir du deuil. Félix Houphouët Boigny est mort. Alassane Ouattara, alors premier ministre porte l'information à la nation à 13 h. À 20h, le même jour, Henri Konan Bédié d'un ton plutôt militaire, face aux Ivoiriens encore sous le choc déclare: « mettez-vous à ma disposition ». Le ton était donné. La guerre de succession est déclenchée entre le président de l'Assemblée nationale et le premier ministre. Ce dernier perd la bataille. Henri Konan a Bédié prend le navire ivoirien.
Henri Konan Bédié fut-il un président incompris où ses communicants et/ou suiveurs a l'époque l'ont exposé? Toujours est-il le concept de l'Ivoirité, porté par son système a fait des dégâts dans les consciences. À Marcoussis, en France, pendant les négociations inter-ivoiriennes, Henri Konan Bédié expose dix points, le concept de l'Ivoirité. Un concept culturel, qui caractérise l'ivoirien, sans aucun lien avec la politique, donc sans aucun rapport avec l'exclusion et la xénophobie. Malheureusement, le mal est fait. La guerre de succession a laissé des traces.
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Il perdu le pouvoir le 24 décembre 1999, suite au coup d'Etat des jeunes soldats, encadrés par des officiers supérieurs. Le pays en portent aujourd'hui encore, les séquelles.