Jean Bonin révèle: « en octobre 2021, Gbagbo a demandé à Bédié d’exclure Affi du porte-parolat du CNT »

« Est-ce que je regrette de m'être engagé dans le CNT ? Non ! » a déclaré Jean Bonin qui dans sa chronique de ce 13 avril 2022 revient sur le mouvement lancé par l'opposition ivoirienne en 2020.

Mon gros défaut ; ne pas faire les choses à moitié. Je m'engage ou non. Je ne tergiverse jamais. Je m'engage à fond ou j'ignore.
Je me suis engagé au en 2003, après que le Pdt Affi se soit lui-même déplacé chez moi à Dimbokro pour me convaincre d'être le Directeur Département de Campagne (DDC) de Gbagbo. Il m'a convaincu en touchant ma corde sensible : le développement local et la vision politique du FPI.

Dès lors, je me suis engagé corps et âme pour ce parti, en finançant toutes ses activités politiques avec mes propres ressources financières et sans avoir jamais été nommé à un poste de direction par ce parti, contrairement à 99% des DDC qui eux étaient nommés DG, PCA, Dircab ou ministres… Je n'ai jamais réclamé un financement et encore moins un poste. Mais mon engagement était total, de 2003 à mai 2021 où j'ai décidé de démissionner du FPI.

En juillet 2020, le Pdt Affi, candidat à la présidentielle, m'a fait l'honneur de me nommer son porte-parole. Lui-même sera plus tard désigné, contre la volonté des cadres EDS (Ouegnin Armand, Assoa Adou…) porte-parole du CNT. Il brillera à cette fonction, quand bien même que l'unité affichée de l'opposition était en réalité fragile et surtout factice.

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Alors que sa candidature avait été validée par le Conseil Constitutionnel, par solidarité avec les autres leaders de l'opposition et pour exiger des élections transparentes, il boycottera de fait la présidentielle. Ensemble, de bonne foi et avec toute la sincérité qui nous caractérise, nous nous sommes engagés, sans calculs politiques, dans un combat pour des élections inclusives, crédibles et transparentes. Nous avons pris de gros risques et nous nous sommes exposés pour la bonne cause.

Le Pdt Affi sera arrêté. Moi je suis parti en exil au Ghana, en Hollande puis en France après que feu mon cousin Kabran Appiah m'ait informé, au téléphone, que j'étais activement recherché et que ma vie pourrait être en danger.

En prélude aux législatives de mars 2021, je rentre subrepticement au pays. Je crois encore naïvement à l'unité de l'opposition. Erreur fatale. Le FPI, le COJEP, l'UDPCI… seront poignardés dans le dos par le PDCI et son allié EDS qui ne voulaient pas entendre parler d'union de l'opposition et encore moins de candidats uniques de l'opposition face à ceux du RHDP.

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C'est depuis cette haute trahison que j'ai compris que le RHDP était un parti qui lui savait ce qu'il voulait et où il allait. J'ai aussi compris que la vraie haine était dans les rangs de l'opposition. Cette haine qui, j'en suis le témoin, a conduit en octobre 2021 Gbagbo à demander à Bédié d'exclure le pdt Affi du porte-parolat du CNT. Les autres membres du CNT s'étant opposés à cette demande, les pro Gbagbo se sont aussitôt retirés du CNT.

Cette haine à l'endroit du Pdt Affi s'est encore vérifiée en mars 2021, à la veille des négociations pour le choix des candidats de l'opposition, lorsque Assoa Adou passera à Bédié le message selon lequel Gbagbo ne veut pas d'unité de l'opposition, sauf avec le PDCI. Résultat des courses, le RHDP aura la majorité absolue au Parlement. Quel gâchis !

Nonobstant cela, le président Affi continuait à croire en l'unité du FPI et de l'opposition. Il est même allé à l'aéroport accueillir Gbagbo en juin 2021. De juin à septembre 2021, il a essayé de discuter avec Gbagbo, en vain. À chaque fois qu'il appelait, c'était Nady Bamba qui décrochait et qui lui faisait savoir que Gbagbo était occupé et qu'il le rappellerait dès que possible. Il ne l'a jamais fait.

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Est-ce que je regrette d'avoir été au FPI ? Non ! Parce que j'y ai beaucoup appris. Est-ce que je regrette de m'être engagé dans le CNT ? Non ! Parce que je l'ai fait de bonne foi pour défendre des valeurs dans lesquelles je crois. Est-ce que si c'était à refaire, je m'engagerais à nouveau dans le CNT ? PLUS JAMAIS. Place désormais à “la Côte d'Ivoire d'abord”.

Written by Jean Bonin

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