C'est dans un atmosphère de ni-paix ni-guerre en Côte d'Ivoire que Le Patriote de ce mardi 16 mai 2023 est revenu à la charge. Ferro Bally se prononce.
Personne n'a oublié, en effet, qu'en raison de la rigueur de la loi, qui invalidait, en 2000, la candidature d'Alassane Ouattara à la présidentielle d'octobre et aux législatives de décembre, le pays a connu de graves troubles.
A cet effet, le quotidien Le Patriote titrait à sa Une, le 4 décembre 2000: « Trop, c'est trop. » Et sous une carte de la Côte d'Ivoire coupée en deux d'est à l'ouest, le journal écrivait: « La Côte d'Ivoire au bord de la sécession. »
Et, après le fiasco du « coup de la Mercédès noire » en janvier 2001, le pays a été confronté à une rébellion armée, à partir de septembre 2002. Objectif atteint, faire d'Alassane Ouattara « candidat à titre exceptionnel » à la présidentielle de 2010 et le placer ainsi au-dessus de la loi pour le retour de la paix.
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Nous sommes en 2023 et cette hypothétique paix n'est toujours pas, comme le recommandait Houphouët-Boigny aux Ivoiriens, un comportement. C'est un vain mot dans un pays où, à l'issue de la signature, le 3 mai 2023, de l'accord de partenariat entre le RHDP (parti au pouvoir) et le FPI (opposition), il y aurait deux camps: celui de la paix et celui des revanchards.
C'est dans cette atmosphère de ni-paix ni-guerre que Le Patriote de ce mardi 16 mai 2023 est revenu à la charge. Ce quotidien, qui en appelait hier à l'insurrection pour violer la loi, milite aujourd'hui pour la légalité et l'observation rigoureuse des textes.
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Condamné par contumace, le 29 octobre 2019, à 20 ans de prison ferme à Abidjan alors qu'il était en procès à la CPI, Laurent Gbagbo a aussi perdu ses droits civiques pour dix ans dans un procès en sorcellerie.
La BCEAO, que l'accusation prétend avoir été braquée, n'a jamais porté elle-même plainte. Par écrit, elle a même fait connaître qu'elle n'a subi aucun préjudice, selon Philippe Dacoury-Tabley, ancien gouverneur de la Banque.
Dénonçant une décision politique, la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP) désavouait, le 25 septembre 2020, la justice ivoirienne.
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Elle ordonnait ainsi à l'État ivoirien de « prendre toutes mesures nécessaires en vue de lever immédiatement tous les obstacles empêchant le requérant (Gbagbo) de s'enregistrer sur la liste électorale. »
L'État a fait la sourde oreille. Il est resté ferme sur sa position qu'il maintient. Et Gbagbo est paria politique: ni électeur ni éligible. Car, malgré tous les assauts d'amabilité des rencontres, Alassane Ouattara ne fait pas mystère de son plan commun: écraser son redoutable adversaire. Advienne que pourra.
F. M. Bally