La justice ivoirienne a décidé de s'attaquer aux leaders de l'opposition et du CNT qui avaient appelé au boycott. Analyse du JDD.
Le pouvoir se raidit en Côte d'Ivoire. Huit jours après le scrutin présidentiel qui a vu le président sortant Alassane Ouattara l'emporter avec un fracassant score de 94,27 %, la justice s'attaque aux leaders de l'opposition qui avaient appelé au boycott de l'élection et à la désobéissance civile. Déjà, au lendemain du vote, les forces de sécurité ivoiriennes avaient entamé des opérations d'intimidation à l'endroit de ces responsables qui avaient annoncé la formation d'un gouvernement parallèle.
Des grenades de désencerclement avaient été tirées à proximité de leurs domiciles pour tenter de les en déloger. Si l'ancien chef de l'État Henri Konan Bédié, président de ce conseil autoproclamé, n'a pas été interpellé, une dizaine de ses collaborateurs ont été embarqués. Ses alliés, dont le dirigeant du FPI (Front populaire ivoirien), Pascal Affi N'Guessan ont été placés en résidence surveillée.
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Désormais, c'est sur le terrain judiciaire que les autorités lancent l'offensive. Des enquêtes, notamment pour « complot contre l'autorité de l'État » et « actes de terrorisme », ont été lancées contre trois personnalités, dont Affi N'Guessan. Onze personnes ont aussi été déférées devant le parquet vendredi. Les organisations de défense des droits de l'homme expliquent n'avoir « aucune information suffisante permettant d'apprécier la situation ».
Même si l'opposition peine à mobiliser ses partisans, cette crispation inquiète. Les ambassadeurs de l'UE, de la France ou des États-Unis se sont entretenus avec les différentes parties pour trouver une sortie à ce qui ressemble de plus en plus à une crise post-électorale. Selon Africa Intelligence, Emmanuel Macron aurait appelé son homologue ivoirien pour lui demander des « gestes forts ».
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Quant aux opposants en exil, les positionnements varient. L'ancien président de l'Assemblée nationale Guillaume Soro a appelé les forces armées à l'insurrection. De son coté, l'ancien président Laurent Gbagbo, qui se dit « résolument rangé du coté de l'opposition » a parlé au Premier ministre, Hamed Bakayoko. Il assure l'avoir invité à « apaiser la situation en favorisant le dialogue plutôt que la répression ».