Le président français Emmanuel Macron a reçu ce vendredi 4 septembre 2020, à Paris son homologue ivoirien Alassane Ouattara.
Les deux présidents ont déjeuné ensemble au Palais de l'Elysée, deux semaines après l'investiture de M. Ouattara, 78 ans, par son parti pour être son candidat à la présidentielle.
Ils devaient discuter de la situation politique ivoirienne et de la crise au Mali après le coup d'Etat qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août.
Emmanuel Macron ne s'est pas publiquement exprimé sur le revirement d'Alassane Ouattara, qui avait annoncé en mars sa décision de renoncer à briguer un troisième mandat. Avant de changer d'avis en août après le décès soudain d'un infarctus de son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, qu'il avait fait investir comme candidat de son parti.
Avant la rencontre Macron-Ouattara, Pascal Affi N'Guessan, arrivé deuxième au scrutin de 2015 et à nouveau candidat à la présidentielle du 31 octobre, a exhorté le président Macron à sortir du « silence » sur la candidature de M. Ouattara à un troisième mandat.
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Dans un « message à Emmanuel Macron » transmis à l'AFP, M. Affi N'Guessan appelle le président français à « ne pas cautionner le coup de force institutionnel » perpétré selon lui par M. Ouattara.
La candidature du président sortant « intervient en violation de la loi fondamentale » ivoirienne et « contredit son engagement de ne pas concourir pour un troisième mandat », écrit M. Affi N'Guessan, qui fut le Premier ministre de l'ancien président Laurent Gbagbo, et qui contrôle le Front populaire ivoirien (FPI).
« A l'époque, vous aviez chaudement salué cette décision historique d'un homme de parole et d'honneur », rappelle M. Affi N'Guessan, en soulignant que M. Ouattara vient « vous demander sinon votre soutien à sa forfaiture, du moins une bienveillante neutralité ».
« Monsieur le Président, votre silence est diversement interprété dans mon pays (…) Votre parole est, a contrario, très attendue », ajoute-t-il en demandant à M. Macron d' »exiger » à son homologue ivoirien « des élections transparentes et inclusives ».
L'annonce de la candidature de M. Ouattara a provoqué des manifestations qui ont dégénéré en violences ayant fait une quinzaine de morts.
Comme la précédente, la Constitution de 2016 limite à deux les mandats présidentiels. Mais les partisans de M. Ouattara affirment que le changement de Constitution a remis le compteur à zéro, alors que ses adversaires jugent cette candidature anticonstitutionnelle.
La commission électorale indépendante (CEI) de Côte d'Ivoire a annoncé jeudi avoir reçu 44 dossiers de candidature, dont ceux de Laurent Gbagbo, toujours en Belgique, et de l'ex-chef rebelle et ancien Premier ministre Guillaume Soro, qui réside en France.
La France s'inquiète d'une montée de la tension en Côte d'Ivoire dix ans après la crise post-électorale qui avait fait 3.000 morts, après le refus du sortant Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara.