Beaucoup d'Ivoiriens craignent une crise majeure à 24h de la présidentielle en Côte d'Ivoire, 10 ans après celle de 2010.
« Boycott » de l'opposition et appel à la « désobéissance civile », affrontements intercommunautaires ayant fait une trentaine de morts : l'élection présidentielle prévue samedi en Côte d'Ivoire se déroule sous haute tension, attisée par la candidature du président Alassane Ouattara à un troisième mandat controversé.
Comme en Guinée où la réélection du président Alpha Condé pour un troisième mandat contesté a provoqué des troubles ayant fait une vingtaine de morts, l'opposition ivoirienne juge un troisième mandat « anticonstitutionnel ».
L'élection en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao et redevenue la locomotive économique de l'Afrique de l'Ouest francophone après dix ans de croissance, fait donc craindre une nouvelle crise dans une région éprouvée par des attaques jihadistes incessantes au Sahel, par un putsch au Mali et une contestation politique chez le géant voisin nigérian.
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Depuis la volte-face du président sortant, Alassane Ouattara, qui a annoncé sa candidature en août, après avoir dit en mars qu'il passait la main, ce pays de 25 millions d'habitants a connu une série de troubles qui ont fait au total une trentaine de morts dans plusieurs localités.
Beaucoup craignent une crise majeure, dix ans après la crise post-électorale issue de la présidentielle de 2010 qui avait fait 3.000 morts.
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Signe de cette fébrilité, à Abidjan, beaucoup de ses célèbres « maquis » (restaurant-bars à ciel ouvert) et allocodromes, spécialisés dans la banane braisée alloco, ferment leurs portes beaucoup plus tôt que d'habitude. Les rayons de certains supermarchés se sont vidés et les embouteillages sont devenus moins importants.
Quelque 35.000 membres des forces de l'ordre ont été déployés pour assurer la sécurité du scrutin.
L'opposition, dirigée par l'ancien président Henri Konan Bédié, accuse de partialité de la Commission électorale indépendante (CEI) et le Conseil constitutionnel, « inféodés » au pouvoir selon elle et donc incapables de garantir un scrutin équitable.