L’opposition ivoirienne fait monter la pression avec son « Gouvernement de transition »

L'opposition ivoirienne a annoncé qu'elle allait former un gouvernement de transition alors que la CEI annonce de la réélection de Ouattara.

L'opposition a fait monter la pression d'un cran en annonçant « la création du Conseil national de transition (…) présidé par M. Henri Konan Bédié (ancien chef d'Etat et chef de l'opposition). Le Conseil a pour mission de mettre en place dans les prochaines heures un gouvernement de transition », a déclaré l'ancien Premier Pascal Affi N'Guessan, au nom de toute l'opposition, lors d'une conférence de presse.

« Le Conseil national de transition aura pour mission de préparer le cadre d'une élection juste, transparente et inclusive », a ajouté M. N'Guessan, considérant que « le maintien de M. Ouattara en qualité de chef de l'Etat est susceptible d'entraîner la guerre civile ».

L'opposition avait déjà appelé dimanche à une « transition civile » et « à la mobilisation générale des pour faire barrage à la dictature et à la forfaiture du président sortant ».

Morts dans l'incendie de leur maison

Le parti au pouvoir avait alors mis en garde l'opposition contre « toute tentative de déstabilisation ».

La commission électorale a continué lundi à donner au compte-gouttes les résultats à la télévision nationale; l'annonce finale pourrait avoir lieu dans la nuit.

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Certains Ivoiriens craignent la réaction qu'elle pourrait provoquer.

Sans réel adversaire en raison du boycott de l'opposition, qui juge un troisième mandat « anticonstitutionnel », le président Ouattara devrait s'imposer par un score écrasant, notamment dans le nord du qui lui est traditionnellement acquis.

Depuis le scrutin de samedi, le bilan des incidents ne cesse de s'alourdir: quatre personnes sont mortes dimanche dans l'incendie de leur maison lors de troubles à , près de la capitale politique (centre), selon des témoignages d'habitants recueillis lundi.

Il s'agit de « quatre personnes de la même famille, un jeune couple, une femme et une âgée sont mortes », selon un proche de la famille, s'exprimant sous couvert d'anonymat.

« Notre crainte c'est que les jeunes d'ici (ethnie baoulé, réputée proche de l'opposition) ne veulent pas laisser ce crime impuni et s'attaquent à eux » (les , originaires du Nord, traditionnellement ), a expliqué un habitant.

Le bilan exact des violences qui passent presque systématiquement du champ politique à l'affrontement -ethnique est difficile à établir. Au moins 9 personnes sont mortes dans le sud du pays depuis le vote, selon un décompte de l'.

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Détonations chez les opposants

Dans le nord du pays, beaucoup de camionneurs ont préféré garer leurs véhicules plutôt que de poursuivre leur trajet vers , la route vers le sud étant régulièrement coupée par des manifestants, selon un journaliste de l'AFP à .

Lundi soir, des détonations provoquées par des individus non identifiés, et qui n'ont fait aucun blessé, ont résonné devant les domiciles à Abidjan de quatre leaders de l'opposition, qui avaient annoncé vouloir former un gouvernement de transition selon leurs témoignages et des habitants.

Si la mission d'observation de l' estime que « l'élection s'est déroulée de manière globalement satisfaisante », le Centre Carter, fondation créée par l'ancien président des  et  Jimmy Carter, est beaucoup plus critique: « Le contexte politique et sécuritaire n'a pas permis d'organiser une élection présidentielle compétitive et crédible ».

« Le scrutin a été marqué par un grand nombre d'incidents et un environnement sécuritaire volatile (…), l'organisation du vote a été fortement impactée avec, a minima, 1.052 bureaux de vote (sur 22.000 au total) comptabilisés par nos observateurs qui n'ont jamais pu ouvrir », selon le rapport.

La mission d'observation de la Cédéao a souligné que « la montée de l'écurité dans la période pré-électorale a créé une psychose ».

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Avant le scrutin, une trentaine de personnes étaient mortes dans des violences depuis l'annonce en août de la du président Ouattara.

Des milliers d'Ivoiriens avaient quitté les grandes villes anticipant des troubles, dix ans après la crise qui avait suivi la , faisant 3.000 morts, à la suite du refus du président , qui était au pouvoir depuis 2000, de reconnaître sa défaite face à M. Ouattara.

Ces événements en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de , font craindre une nouvelle crise dans une région éprouvée par des attaques jihadistes au , un putsch au , une élection contestée en et une contestation politique chez le géant voisin nigérian.

Written by Mohammed Ouattara

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Revue de la presse ivoirienne du 04 novembre 2020