Le boycott des produits français en Côte d'Ivoire comme moyen de pression sur l'Elysée contre Ouattara ? Une analyse de Jean Bonin.
Je lis ça et là que certaines personnes préconisent le boycott des intérêts économiques français en Côte d'Ivoire comme moyen de pression sur l'Elysée. Je le dis tout net, c'est une grosse erreur politique et stratégique. Elle est même contreproductive. La France de Macron, contrairement aux apparences, n'est pas (plus) un allié indéfectible du pouvoir RDR.
Il suffit de décrypter les messages et usages diplomatiques de la France officielle en ce qui concerne la Côte d'Ivoire et le 3ème mandat anti constitutionnel de Ouattara pour s'en convaincre. Ce que Macron ne dit pas est plus important que ce qu'il laisse croire. C'est tout dire.
La presse française, auparavant si prolixe lorsqu'il s'agissait de pourfendre le régime de la refondation, est aujourd'hui à la pointe du combat contre la forfaiture Dramanienne en Côte d'Ivoire et en 1ère ligne pour relayer les exactions commises par les milices proches du pouvoir RDR sur les populations aux mains nues qui manifestent contre le 3eme mandat. Ce n'est pas rien.
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Mieux, de nombreux élus au Sénat et à l'Assemblée nationale français sont, eux aussi, montés au créneau pour dénoncer l'illégalité du 3ème mandat de Ouattara, ainsi que la partialité de la CEI et du Conseil Constitutionnel ivoirien. C'est une bonne chose. Il faut s'en réjouir car rien ne les obligeait à le faire. Aujourd'hui, avec nos efforts de communication et notre approche pédagogique, de nombreux français et européens commencent à comprendre les enjeux de la crise politico-communautaire en cours en Côte d'Ivoire.
Nous allons nous bonifier avec le temps et tout cela ira crescendo dans les semaines et mois à venir. Au final, la France est aujourd'hui officiellement combattue par le RDR qui multiplie de pathétiques communiqués d'indignation contre la presse française ou les organisations des droits de l'Homme, c'est le signe évident que le vent à tourné en notre faveur. C'est connu, « il n'y a pas de vents favorables pour qui ne sait où aller ».
Nous, nous savons d'où nous venons et surtout où nous voulons aller. Nous n'ignorons pas que la France a une base militaire régionale en Côte d'Ivoire, point de ralliement de l'opération Barkhane relative à la lutte contre le terrorisme djihadiste dans le Sahel. La population française qui réside en permanence dans notre pays est aujourd'hui estimée à environ 20 000 personnes.
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C'est une donnée importante dont il faut tenir compte lorsqu'il s'agit d'appréhender la politique française en dent de scie en Côte d'Ivoire. Ne nous trompons donc pas de combat alors que la victoire n'a jamais été si proche qu'aujourd'hui. Je vous le répète, la France n'est pas notre adversaire, pas plus que les États-unis ne le sont. Jo Biden sera quelqu'un sur qui nous devons compter à partir de janvier prochain.
Croyez-moi, ce ne sont pas des vains mots. Ne commettons pas des erreurs dont pourraient se servir le régime affaibli du RDR, qui prend de l'eau de toute part, pour essayer de rebondir. Non ! Ne commettez pas cette erreur élémentaire de novice. Je vous en conjure, laissez la France, les européens et les USA en paix. Ils nous accompagneront mais ne feront pas le boulot à notre place. C'est comme ça.
C'est cela la réalpolitik inhérente à la maxime selon laquelle « les États n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts ».Il faut plutôt faire de la France un futur partenaire politique et économique et non un adversaire politique. Ce serait une erreur politique guidée uniquement par la raison et non par des considérations rationnelles ou la géostratégie.
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Il ne faut surtout pas commettre cette erreur au moment où le RDR se débat comme un beau diable contre les salves des communicants, journalistes et certains élus français qui font mouche. Observons que l'Élysée est resté quasiment muet sur le simulacre d'élection en Côte d'Ivoire, de même que la totalité des pays membres de l'Union européenne qui, manifestement, ont observé une omerta sur le honteux scrutin du 31 octobre dernier.
Ne vous laissez surtout pas distraire par le faux pas de Le Drian sur BFM car cela ne reflète nullement la pression diplomatique qui étouffe actuellement le régime de Ouattara. L'heure n'est pas à la commission d'erreurs qui pourraient nous être préjudiciables et retarder notre victoire qui apparaît comme certaine. Haut les cœurs.