Bally Ferro décrypte la sortie médiatique du 31 août 2020, le Cardinal relative à la candidature de Ouattara, candidat du RHDP.
Mgr Jean-Pierre Cardinal Kutwa est sous le feu de critiques acerbes. « Kutwa rejoint l'opposition radicale », s'indigne le quotidien proche du pouvoir, L'Expression du mardi 1er septembre 2020. « Kutwa est l'évêque émérite de l'opposition ivoirienne », condamne Joël N'Guessan, membre des instances du RHDP, la majorité présidentielle.
L'archevêque métropolitain d'Abidjan n'est plus dans les bonnes grâces du pouvoir. Le lundi 31 août 2020 et après les violences politiques des dernières semaines ayant entraîné une vingtaine de morts, il a rompu le silence de l'église catholique.
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« La candidature du chef de l'État à la présidentielle du 31 octobre 2020 n'est pas nécessaire », a-t-il soutenu pour dire « Non » à un troisième mandat que les explications du Gouvernement et des experts constitutionnalistes écartaient durant la campagne pour le « Oui » au référendum du 30 octobre 2016. «
La loi est dure mais c'est la loi », a-t-il conclu, suscitant un tollé général au RHDP.En Côte d'Ivoire, plus qu'ailleurs sans doute, celui qui n'est pas avec moi est systématiquement contre moi. D'où la volée de bois vert qui trahit l'exacerbation du manichéisme ambiant.L'actuel pouvoir, alors dans l'opposition, refuse de regarder dans le rétroviseur. Sinon, il réalisera qu'il a déroulé le tapis rouge à des prêtes catholiques durant la crise post-électorale (décembre 2010 – avril 2011).
C'est d'abord Mgr Paul-Siméon Ahouana, alors archevêque de Bouaké, qui est monté en première ligne pour s'élever contre la décision du Conseil constitutionnel d'invalider les résultats électoraux dans sept départements du nord du pays, pour irrégularités. Il a alors demandé la reprise de l'élection dans ces départements.Ensuite, ce fut au tour de Mgr Jean-Salomon Lezoutié, alors évêque coadjuteur du diocèse de Yopougon, de jeter un pavé dans la mare.
Dans une contribution parue dans le quotidien L'Expression du 10 janvier 2011, il prenait le contre-pied de la conférence épiscopale.Le prêtre demandait à Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir au profit de Ouattara. « Votre défaite, en avoisinant les 20% avec feu Houphouët-Boigny vous honore plus que cette obscure victoire à l'arraché de 51% avec Alassane Ouattara et boudée par le monde entier ».
Ediémou Blin Jacob, chef de l'église du christianisme céleste, a bouclé la boucle, pour soutenir la candidature de Ouattara à un 3è mandat sous les applaudissements de ceux qui font aujourd'hui grise mine.