Le chemin de la croix du vendredi saint: Comédie ou Prière ?: Père Marius Djadji en parle

Le chemin de la croix du vendredi saint fait partie des dévotions particulières devenues populaires au sein de l’Église catholique.

Le chemin de la croix n’est pas un sacrement mais une pratique qui fortifie et soutient la foi du catholique, c’est une piété populaire. Elle est biblique parce que dans le chemin de la croix, les catholiques méditent les récits de la passion de Jésus Christ.

Le chemin de la croix est une pratique spirituelle à encourager parce qu’elle nous permet de rendre actuelle la douleur de la souffrance du Christ, de reprendre aujourd’hui le chemin de la souffrance et de la douleur.

Le chemin de la croix c’est simplement un pèlerinage à Jérusalem que le catholique fait sans se déplacer en terre sainte. Cependant, selon les paroisses et pays, la manière de faire le chemin de la croix diffère surtout le vendredi saint.

Nous trouvons de plus en plus des mimes de la passion du Christ durant le chemin de la croix surtout le vendredi saint. Le fait de mimer le chemin de la croix le vendredi saint est-il convenable à la pratique spirituelle des chrétiens surtout le vendredi saint ? Le chemin de la croix mimé est-il obligé par l’Église?

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Origine du chemin de la croix?

Le chemin de la croix fait partie des dévotions particulières issues de la pratique des fidèles des premiers siècles de l’Église. En effet, dès le début de l’Église, les chrétiens s’organisaient pour méditer les lectures des Écritures durant les semaines qui précédaient la Pâques mais aussi les vendredis de l’année.

Il est important de noter que c’est une spiritualité et une pratique des chrétiens orientaux vivant à Jérusalem, de méditer des textes bibliques dans le but de vivre la passion surtout dans la liturgie du vendredi saint. Les chrétiens suivaient les traces de la passion du Christ jusqu’au Golgotha comme le font aujourd’hui les chrétiens de toutes les confessions qui visitent Jérusalem. Les frères et prêtres franciscains (religieux catholiques de la congrégation qui étaient présents à Jérusalem depuis le 13ème siècle, vont découvrir cette spiritualité et vont la pratiquer. Et c’est le 16 janvier 1731 par le Bref exponi nobis que le Pape Clément XII permit que le chemin de la croix soit pratiqué dans toutes les paroisses.

Le chemin de la croix était donc d’abord une dévotion propre aux franciscains qui est devenue ensuite une pratique acceptée dans toutes les Églises.

Il est important de noter que le chemin de la croix n’est pas pratiqué obligatoirement dans toutes les paroisses, car c’est une dévotion. Et la manière de faire le chemin de la croix peut changer d’une paroisse à une autre. Il faut savoir qu’il y a une différence entre la dévotion d’un groupe et une doctrine imposée à toute l’Église. Par exemple la méditation du rosaire chaque jour est une dévotion propre aux groupes à spiritualité mariale et cela peut être une pratique d’un groupe précis. Alors que la manière de célébrer la messe est une pratique imposée à toute l’Église.

Mais le chemin de la croix est une dévotion qui est importante. Car par le chemin de la croix, on partage les souffrances du Christ et on vit ce qu’il a vécu. Et puisque le chrétien suit le chemin du Christ, dans ce chemin, il y a la naissance, la croix et la résurrection. Faire le chemin de la croix, c’est donc suivre le Christ dans sa douleur. On le fait les vendredis, parce que c’est le jour de la mort du Christ.

On utilise quatorze stations, mais on peut utiliser dix stations ou sept. Cela dépend de la manière dont on veut faire la méditation, car c’est une dévotion. On peut même faire le chemin de la croix chaque vendredi de l’année, comme le rosaire chaque samedi. Le chemin de la croix n’est donc pas un rite magique. C’est le fait de marcher avec le Christ dans ses moments de douleur.

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Que retenir?

J’aimerais inviter ceux qui organisent les mimes du chemin de la croix, à respecter le message évangélique, le message spirituel, car nous ne sommes pas dans la comédie. Il faut mimer pour permettre aux autres d’entrer dans la prière. Dans le cas contraire il serait mieux de ne pas mimer les stations. Le chemin de la croix est une spiritualité dense, une dévotion dans laquelle nous vivons quelque chose de fort. Surtout le vendredi saint, il faut entourer le chemin de la croix de tous les éléments spirituels et liturgiques prévus par l’Église. Dans l’Église nous utilisons de l’art pour traduire et rendre le message évangélique accessible.

Cependant le côté artistique ne doit pas submerger et inonder l’aspect spirituel et théologique. Dans les lieux ou le chemin de la croix mimé aide les chrétiens à comprendre l’enseignement de la passion et à vivre le sens du vendredi saint, l’on peut garder cette coutume. Cependant, pour les paroisses dans lesquelles le chemin de la croix mimé ne permet pas aux chrétiens de prier mais devient un espace de rire et de comédie organisée, il serait mieux de garder simplement le chemin de la croix sans mime.

Ce qui est important c’est de nourrir la foi des fidèles et non de faire plaisir à un groupe de personnes qui veut faire du spectacle. Le vendredi saint est tellement important et unique dans l’année qu’il faut éviter de le banaliser comme si on était à l’évènement humoristique « Bonjour » de la Radio Télévision Ivoirienne. Le chemin de la croix et le récit de la naissance du Christ peuvent être mimés mais tout en conservant le sens théologique et spirituel car tout ce qui est lié au Christ doit être entouré de sérieux et de piété. Si on décide de mimer le chemin de la croix ou de ne pas mimer, il faut respecter les paroles du récit évangélique que nous utilisons et il faut respecter l’esprit du vendredi saint.

Il ne faut pas travestir et édulcorer le récit de la passion en fonction de notre pièce théâtrale.

Les acteurs doivent être formés comme tous les lecteurs pour permettre de vivre la passion du Christ le vendredi saint. C’est pourquoi les prêtres doivent veiller à la représentation du chemin de la croix pour ne pas que le récit mimé remette en cause le message évangélique qui doit être vécu dans un silence méditatif.

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Ce qui est important dans le chemin de la croix du vendredi saint c’est le modèle qui permettra aux fidèles de prier, c’est le fait de prier.

C’est pourquoi le vendredi saint, si des circonstances nous empêchent d’être à l’église, nous pouvons en groupe, en famille, à la maison ou seul, trouver un temps pour méditer le récit de la passion. Ceux qui ne savent pas lire ou si on n’a pas la Bible là où nous sommes ou encore si des circonstances atténuantes l’exigent, ces derniers peuvent méditer le rosaire surtout le mystère douloureux ou même simplement prier avec le chapelet en se souvenant des étapes de la passion du Christ.

Il faut vivre durant le vendredi saint dans l’esprit de la passion de notre Seigneur. c’est à dire dans un esprit de piété qui nous conduit à confesser une seule foi: « Celui-ci est vraiment le Fils de Dieu et de Marie, Vrai Dieu et Vrai homme. Le chemin de la croix est le lieu de la manifestation de la divinité et de l’humanité réelle du Christ. C’est le sens du chemin de la croix. Au chemin de la croix on ne fait pas du cinéma, on ne reste pas là à adorer des plaies, à démontrer notre amour pour les douleurs comme des stoïciens. Le chemin de croix est un chemin de foi et de prière qui nous conduit à rencontrer le Christ sur la croix.

Père Marius Hervé Djadji

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