Covid-19 Côte d’Ivoire : pourquoi il sera difficile de faire appliquer les mesures de confinement

En Côte d'Ivoire, la « distanciation sociale » à l'épreuve des us et coutumes pour la lutte contre coronavirus covid-19. A lire dans Le Figaro du 22 mars 2020

Comment imposer la distanciation sociale dans un pays, la Côte d'Ivoire, où près de 93 % de la population vit de débrouille et de petits business au jour le jour ? Pour Alex Ngoran, sociologue et membre de la chaire Unesco bioéthique, « le poids du secteur informel va être l'une des principales entraves aux mesures prises. Ces gens qui dépendent d'un revenu quotidien vont protester car ils doivent gagner leur vie ».

Par ailleurs, les structures familiales plus étroites et plus étendues qu'en Europe ou en Asie, plus promptes donc à diffuser le virus, deviennent aussi un défi.

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« Les mesures à mettre en place sont drastiques, c'est difficile de les faire appliquer, reconnaît Moumouni Kinda, directeur des opérations au sein de l'ONG Alima, il faut réfléchir à la façon de permettre l'isolement en accompagnant les familles de manière pratique. Nous militons pour des tests à grande échelle, seule manière d'apporter une réponse efficace sans risquer le débordement. »

« La quarantaine à domicile, ça veut dire aussi mobiliser du personnel pour surveiller les gens et leur apporter à manger si l'on veut s'assurer qu'ils restent chez eux. Ça veut dire faire des maraudes, mobiliser des agents ou la police… Est-ce que les États ont les moyens de faire ça ? », s'interroge un membre du personnel de santé participant à la riposte.

L'une des possibilités évoquées serait d'appliquer les techniques employées à Wuhan : la réquisition de grands espaces, type gymnases ou salles de spectacle, pour y installer des box individuels. Une méthode qui a fait ses preuves mais qui soulève de nombreuses questions dans le contexte africain.

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« Les cellules familiales peuvent atteindre plusieurs dizaines de personnes, ça va devenir ingérable », souffle un médecin. Pour Alex Ngoran, il faut néanmoins relativiser le mythe de « la famille à l'africaine » : « Lors de précédentes épidémies, on a remarqué que la solidarité se disloque, a fortiori là où les risques de contamination sont les plus élevés. » Pour lui, l'efficacité de la distanciation sociale passera surtout par la confiance accordée aux institutions politiques et religieuses.

« Le plus gros risque, c'est que les autorités fassent preuve, comme on l'a vu ces derniers jours, d'un traitement différencié entre ceux qui ont un poids social ou politique important et les autres. » Il y a quelques jours, trois vols en provenance de se sont posés à l'aéroport d'. Si la plupart des passagers ont été soumis à une quarantaine forcée, plusieurs d'entre eux, figures de la scène politique ou culturelle ont échappé à ces mesures, provoquant la rébellion des voyageurs… qui ont finalement été autorisés à rentrer chez eux.

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Written by Le Figaro

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