Les mesures annoncées par le gouvernement de Côte d'Ivoire contre la propagation du coronavirus ce 16 mars 2020 seraient insuffisantes selon Tiemoko Assalé.
La complexité de la situation économique, sociale, sociologique, en Afrique, rend dérisoires certaines mesures, à moins d'aller plus en avant.
Les mesures prises par le gouvernement, si elles sont à saluer dans la perspective d'une réduction de la circulation du virus, ne sont pas de nature, à moins d'un miracle, à véritablement freiner le virus.
Le plus grand résultat qu'on obtiendra avec ces mesures, c'est la peur, la panique, les rumeurs et les fausses informations. Parce qu'elles ne seront pas suivies d'une vaste campagne d'explications, avec des spécialistes, des membres du gouvernement, pour rassurer les populations qui vont devoir se nourrir des rumeurs et des fake news consciencieusement balancées sur les réseaux sociaux.
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En effet, si les rassemblements de plus de 50 personnes sont interdits, que fait-on de nos marchés ? Le maire que je suis, en liaison avec le préfet, devrait fermer le marché de la commune où plus de 1 000 personnes, dans une terrible promiscuité, vendent chaque jour, pour nourrir leur famille ? Qu'est-ce que je fais des taxis communaux, des cars qui quittent Abidjan, zone atteinte, pour déverser des gens chaque jour dans ma commune ?
À Abidjan, comment procéderont les populations pour aller au travail ? Plus dans les bus bondés ? Plus dans les Gbaka ? Et le grand Adjamé ? Plus d'un mètre les uns des autres ? Vive les ascenseurs de nos tours administratives. Le spectacle va être beau.
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Les enfants n'iront plus à l'école et donc resteront à la maison. Mais les parents eux, prendront les bus et Gbaka pour aller chercher l'argent du casse-croûte et reviendront le soir avec les enfants dormir dans la même maison. Au delà, pour un système scolaire qui fait déjà pâle figure, voilà un autre rude coup.
Au final, de toute la batterie de mesures annoncées, celle qui semble la plus efficace, est la restriction des entrées sur le territoire pour les personnes arrivant de pays gravement atteint. On pense tout de suite à l'Europe mais l'Afrique est aussi atteinte et tous les pays voisins sont également une menace.
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Ne surveiller que ceux qui viennent de l'Europe et ne pas appliquer la même rigueur à ceux qui arrivent de pays voisins où se trouve le virus, pourrait être une erreur. Il faut aller plus loin sans doute à ce niveau et à terme, fermer tout l'espace aérien à tout le monde ?
Après ces mesures, ce qui compte, c'est donc la mobilisation de toute la force de la République pour la sensibilisation avec des plateaux télés pour combattre les virus les plus mortels : la rumeur et les fausses informations. J'ai aujourd'hui eu énormément de mal à convaincre un administré de ma commune que la chaleur et le koutoukou ne peuvent rien faire au virus. Il faut peut être le dire à la télé.
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Déjà, avec les rumeurs, les supermarchés sont dévalisés, les pharmacies sont en rupture de stock de gel hydroalcoolique.
Le foyer de contamination se trouve à Abidjan. Le combat consiste à faire en sorte qu'il ne quitte pas Abidjan. Pour atterrir dans les villes de l'intérieur du pays. Puis dans les villages, où on ne croit même pas en l'existence des virus.
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En définitive, pour lutter efficacement contre ce virus, il faut arrêter de vivre pendant quelques temps. La Chine l'a fait. L'Italie est en train de le faire.
Le problème est qu'ici, nous n'avons pas les moyens d'arrêter de vivre. Nos marchés resteront bondés de monde. Nous n'y pouvons rien. Car nous n'avons pas tous les moyens d'aller dans les supermarchés.
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