Pourquoi « les récents scandales du FER ou encore de l’ARTCI n’ont pas connus de suite judiciaire » ?

La transparence en Côte d’Ivoire a récemment été au cœur de toutes les attentions, suite notamment au limogeage de plusieurs DG de sociétés d’Etat (FER, ARTCI…).

L’opinion publique qui est en quête d’une ­relation de confiance et d’une démarche de sincérité s’en était fortement réjouie.

Le fait est que la corruption semble être le propre de l’être humain. Elle gangrène tous les pays et particulièrement nos Etats africains. Notre pays n’en est évidemment pas épargné. Loin s’en faut.
Dans son rapport de 2021, l’ONG transparency International classe 180 pays et territoires selon le niveau de Indice de Perception de la Corruption (IPC) dans le secteur public, sur une échelle qui va de zéro (fortement corrompu) à 100 (faiblement corrompu).

Les pays les mieux classés sont le Danemark (88), la Finlande (88) et la Nouvelle-Zélande (88), également en tête de liste dans l’Indice de démocratie pour ce qui concerne les libertés civiles.

La Somalie (13), la Syrie (13) et le Soudan du Sud (11) restent au bas de l’échelle de l’IPC.

Les pays suivants ont vu leur score dans l’IPC progresser considérablement au cours des 10 dernières années : Angola, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Sénégal, Tanzanie.
Ce rapport révèle l’existence d’une évidente fracture qui sépare les pays du Occidentaux, irréprochables, de ceux notamment du tiers-monde, mauvais élèves.

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Les vertueux pays scandinaves occupent la pole position du classement de Transparency International : le Danemark (2e), la Norvège et la Finlande (3e ex aequo) et la Suède (6e). Ils ont l’ADN de la transparence.
Dans ces pays, la transparence dans la vie publique est particulièrement prise au sérieux. Cette situation n’est pas le fruit de la fatalité. Elle a ses raisons. D’après Transparency France, ces pays « reposent sur des systèmes dans lesquels les gouvernements sont transparents, la presse est libre, les libertés civiles sont garanties et les systèmes judiciaires sont indépendants », telles sont les raisons de cette success-story.

Dans les pays scandinaves, on ne badine pas avec la transparence. En Suède, par exemple, la constitution autorise chaque citoyen à consulter les notes de frais et les revenus des élus. Ainsi, En novembre 1995, Mona Sahlin, alors numéro 2 du gouvernement s’est retrouvée au coeur d’un scandale. La presse a révélé qu’elle avait utilisé une carte professionnelle pour faire des courses personnelles et acheter notamment des chocolats. Bien qu’elle ait tout remboursé, la pression de l’opinion publique l’a poussée à démissionner.
De même, au Danemark, en Finlande ou encore en Norvège les politiques n’ont pas le droit à l’erreur.

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Le chef de la diplomatie norvégienne, qui avait par exemple reçu des tapis en cadeau, lors d’une visite en Afghanistan , a été contraint de les rendre à son ministère. Au Norvège, les revenus des citoyens et du montant de leurs impôts sont publiés sur l’internet et accessibles à tous.

Dans ces pays, le sentiment de « redevabilité » du personnel public joue également un rôle primordial. Les choses y sont claires : chaque élu doit être en mesure de justifier l’utilisation de l’argent public. La pression de l’opinion et le travail d’enquête effectué par les journalistes obligent les acteurs ­publics à une plus grande vertu.

La peur d’un étalage médiatique pousse les différents partis politiques à participer d’eux-mêmes à la transparence en s’autocontrôlant ­mutuellement. La tolérance zéro est appliquée, de sorte que le moindre écart est immédiatement sanctionné.
Nos États en développement souffrent du mal de la corruption qu’ils ne parviennent pas à dompter. Ils partagent le triste constat d’être des nations où la transparence et la probité ne sont pas ­toujours appliquées à la vie publique, bien que certains États, comme la Côte d’Ivoire, semblent faire des efforts depuis quelques mois.

En effet, un y a encore peu, pas une semaine ne se passait sans que les journaux ne relatent un fait de corruption ou de détournement de fonds publics.

L’absence de sanctions exemplaires lorsqu’un cas de corruption ou de détournement de deniers publics est connu reste symptomatique et explique que l’obligation de bonne conduite inscrite dans les lois et règlements n’est pas foncièrement suivie dans les habitudes des acteurs politiques.

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La fracture Nord/Sud s’explique par un défaut de maturité de nos pays qui devrait, nous l’espérons, se résorber avec le temps.
Mais en réalité, les mauvaises habitudes ne changeront vraiment que si les classes politiques se retrouvent confrontées à la pression de nos opinions publiques qui exigeraient d’eux la plus grande fermeté face leurs comportements déviants.

Les récents scandales du FER ou encore de l’ARTCI n’ont pas connus de suite judiciaire, de sorte que l’opinion publique a le sentiment que le fléau de la corruption et les détournements de deniers publics sont un mal nécessaire avec lequel il faudra composer. Dès lors, la création d’institutions de lutte contre la corruption apparaît comme de la poudre de perlimpinpin dont on saupoudre de temps en temps les populations pour mieux les endormir.
Travaillons, chacun à son niveau afin que les choses changent.

Written by Jean Bonin

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