Lutte contre le terrorisme en Afrique de l'ouest : Des experts réfléchissent pour une réponse sous-régionale. Plusieurs acteurs se sont retrouvés ce ce jeudi 17 mai 2018 au Grand Hotel d'Abidjan. Lutte contre terrorisme Afrique de l'ouest.
« Mesdames et messieurs, ce séminaire régional fait suite au séminaire que nous avons tenu à Grand Bassam les 2 et 3 juin 2016 et à l'atelier de restitution des actes de cette même rencontre, le 19 octobre 2016 à Abidjan avec encore une fois l'appui de la fondation Konrad Adenauer », a déclaré Traoré Wodjo Fini le Vice-Président du Commission Nationale des Droits de l'Homme de Côte d'Ivoire (CNDHCI) en prélude au séminaire régional organisé par celle-ci et la fondation Konrad Adenauer Stiftung.
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Le Vice-Président qui représentait la Présidente de la CNDHCI Namizata Bamba à cette cérémonie, a tenu à égrener en substance les sujets sur lesquels ils se sont penchés lors des séminaires passés : « A ces rencontres, nous avons fait le diagnostic des facteurs favorables à la multiplication des actes terroristes, identifier l'étendue de la menace sur la région, le respect des droits de l'homme et les mécanismes de lutte contre le terrorisme afin de relever les forces et les faiblesses ».
Poursuivant, il a dit ceci : « Nous nous sommes accordés au préalable sur une réalité encore valable aujourd'hui. L'un des principaux défis de nos états en matière de stabilité et du développement reste la question sécuritaire, indue par le terrorisme qui a déjà frappé le nord-est du Nigéria, le Tchad, le Niger, le Burkina Faso le Mali et la Côte d'Ivoire. Au-delà de la paix, il est important d'explorer dans le cadre de cette rencontre, les dynamismes de développement, les changements ou bouleversements sociaux liés au terrorisme dans nos villes ».
Lutte contre terrorisme Afrique de l'ouest
Aussi, a-t-il voulu partager les réflexions suivantes : « La plupart de nos pays représentent de belles attractivités, notamment en matière de richesse économique. Nos terres regorgent d'importantes ressources naturelles et le terrorisme y est florissant. Malheureusement, la nébuleuse terroriste fait régulièrement de profondes entailles dans nos économies et le corps social. Avec la porosité de nos frontières, la pauvreté et les failles de nos systèmes sécuritaires, elle arrive à semer mort et désolation dans le peuple.
« La question du chômage croissant des jeunes, le manque d'emploi, la pauvreté grandissante due à la mauvaise répartition des richesses nationales (…) sont des incubateurs d'instabilité »
Plus de tourisme en raison de l'écho négatif international des attaques, faible remplissage des hôtels et restaurants, ralentissements des transports, accroissement des coûts des mesures de sécurité privée et publique, accroissement du coût des assurances, peur des investisseurs locaux et étrangers. Bref, voici sommairement dressé le tableau clinique qui menace chaque jour nos régions et nos états pris individuellement ».
« Nous sommes convaincus que cette rencontre permettra de dégager des solutions durables pour renforcer la sécurité, mettre en place des mécanismes d'alerte et préparer nos états à la résilience économique et sociale face au terrorisme. Nos pays doivent être en mesure de maitriser les enjeux et défis économiques, sociaux et culturels qui en découlent afin de jouer pleinement leur rôle dans le maintien des grands équilibres internes.
La question du chômage croissant des jeunes, le manque d'emploi, la pauvreté grandissante due à la mauvaise répartition des richesses nationales, la corruption et la mauvaise gouvernance constatées dans le fonctionnement de nos institutions sont des incubateurs d'instabilité, saisie au rebond par les terroristes et autres extrémistes violents », a-t-il ajouté.
« Ce séminaire est donc une invite à la réflexion sur notre modèle de gouvernance. Une invite aux autorités gouvernementales et sécuritaires, des médias, et la société civile ainsi que les populations à une approche globale, dans la lutte contre le terrorisme, si nous voulons renforcer la croissance économique observée depuis une décennie dans nos unions économiques et monétaires » a-t-il conclu.
« Impact du terrorisme sur les structures économiques »
Pour le représentant résident de la Konrad-Adenauer-Stiftung, Florian Karner, : « Aujourd'hui, est le point de départ d'une série de symposium que nous aimerions organiser régulièrement sur divers sujets en Côte d'Ivoire et la sous-région .La participation de haut niveau de la sélection d'experts internationaux montre la pertinence de la question de l'impact du terrorisme sur les structures économiques et de développement ».
L'évènement d'aujourd'hui s'inscrit parfaitement dans le profil de notre fondation, et notre travail dans la région. Nous disposons déjà de compétences et de réseaux très développés dans le domaine de la sécurité et dans le cadre économique et dans le domaine politique, dans lequel nous voulons nous impliquer d'avantage à l'avenir ici en Côte d'Ivoire et notamment dans toute la sous-région. Car notre programme régional de dialogue politique en Afrique de l'ouest, vise les défis de solutions transversales.
Au cours de ces deux jours, nous verrons à quel point les domaines de la menace terroriste et du développement économique et entrepreneurial sont complexes et liés. Je suis heureux que nous ayons pu trouver un excellent mélange d'experts, de professeurs, mais aussi des représentants de l'industrie et d'associations en tant que conférenciers ».
L'engagement de l'Allemagne
Pour l'ambassadeur d'Allemagne en Côte d'Ivoire, Son Excellence Michael Grau, l'Allemagne est active dans la lutte contre le terrorisme ensemble avec la France. De plus, elle a été frappée comme ici à Grand-Bassam en 2016 donc, le sujet est très important.
En outre, il a dit : « On a parlé un peu de notre politique ici il s'agit de la réconciliation. Je ne parle pas de réconciliation dans le terme de maitriser les différentes crises mais, dans le sens du respect et de l'acceptation de la légitimité des institutions ivoiriennes et du système politique ivoirien.
« le terrorisme n'a pas de géographie, il est très subtil, très fin » (Sidiki Konaté)
Pour nous, le premier critère pour donner une opinion sur la légitimité, c'est l'avis du peuple ivoirien. Ce ne sont pas des critères que nous imposons. On espère que l'expérience amère de la guerre aide à batir une nation forte. L'Allemagne a des programmes de coopération, elle aide aussi à améliorer le climat des affaires ».
Sidiki Konaté venu représenter le président de l'assemblée nationale Guillaume Soro a déclaré que « La question du terrorisme ne saurait être traitée de façon isolée. Parce que le terrorisme n'a pas de géographie, il est très subtil, très fin, il utilise toute la technologie des temps modernes. Il utilise les schémas de migration officiel comme officieux dans le monde ».
Allant plus loin, il dit : « L'action militaire permet d'étouffer les bastions des groupes terroristes, mais en même temps, elle peut créer de l'instabilité au sein d'un état. Nous avons le cas du Mali, de la Libye et de plusieurs autres pays. On parle souvent aussi du retour des terroristes, donc, c'est tout un circuit à voir ».
Prince Beganssou