Le Président de la république, Alassane Ouattara, a fini par nommer, hier, les 33 derniers sénateurs qui viennent compléter ceux qui ont été élus en mars 2018. Soit après un an de fonctionnement d'un Sénat incomplet.
Maintenant que la deuxième chambre du parlement ivoirien est complète, il va sans dire que très rapidement, ses structures et démembrements seront mis en place pour qu'il joue enfin son rôle. Au vu de la liste d'hier, l'on peut croire que c'est bien en vue de ce rôle à jouer que les nommés l'ont été hier. Ils ont donc une mission : Celle de faire en sorte qu'une fois les lois émanant de l'exécutif arrivent au Sénat, elles soient votées à la très large majorité.
Les nominations d'hier viennent compléter l'effectif du groupe sénatorial RHDP qui (il ne faut pas se le cacher) aura à charge de faire passer toutes les lois venues de l'exécutif. Surtout les lois organiques telles que celle portant Commission Electorale Indépendante (CEI).
Dans son discours du mardi, devant les députés, un jour avant qu'il ne nomme 33 sénateurs selon ses seuls critères, le Chef de l'Etat disait à propos de la CEI : «… Par ailleurs, j'ai instruit le Premier Ministre, à l'effet de rencontrer les responsables des Partis politiques et de la Société civile en vue de réexaminer la composition de la Commission Electorale Indépendante, comme je l'avais promis, conformément aux recommandations de la Cour Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples…», là où toute l'opposition réclame une réforme en profondeur, conformément à l'arrêt de la Cour Africaine des Droits de l'Homme; là où 37 organisations de la société civile disent : « Une Commission spéciale composée de représentants du Gouvernement, de l'opposition et de la société civile aurait dû être mise en place pour conduire cette réforme.
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Pour nous, la réforme de la CEI va au-delà de sa recomposition. C'est toute la loi sur la Cei qui devrait être entièrement révisée conformément à l'arrêt de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples. Cette révision de la loi sur la Cei devrait être accompagnée par une réforme du code électoral, une réforme du Conseil constitutionnel, un redécoupage électoral et une actualisation de la liste électorale», et là où l'Union Africaine, à travers sa représentante reçue le mardi par le président du PDCI-RDA, soutient : « La Cour Africaine des Droits de l'Homme et des peuples a pris un arrêt à l'endroit de la Côte d'Ivoire demandant qu'on puisse faire la révision et la réforme de la Cei en Côte d'Ivoire… ».
Si comme il le dit, l'envie prenait le président Ouattara de faire seulement une recomposition de la CEI, c'est-à-dire un simple déplacement des hommes, comment compte-t-il faire passer cette loi de simple recomposition ? La réponse est là : En ayant une majorité écrasante à l'Assemblée Nationale et au Senat. La nomination de 33 sénateurs lui donne donc cette aubaine puisqu'il est libre de choisir qui il veut.
Aussi, c'est sans surprise qu'il choisit, outre quelques membres de la société civile, de nommer des hommes et des femmes du RHDP qui ne peuvent jamais refuser un vote au pouvoir RHDP. Des anciens élus ayant basculé, des cadres ayant été débauchés, des ex-candidats RHDP malheureux, des retraités à recaser…, tout y est. De fait, après l'Assemblée Nationale, le Sénat vient d'être balisé dans la perspective des lois à venir dont celle sur la Cei a toutes les chances d'être la première.
Eddy Pehe