Suite à l'interview du président Alassane Ouattara accordée au journal Le Monde, Stéphane Kipré s'est prononcé ce 24 octobre 2020.
UN PRÉSIDENT PEUT-IL S'EXPRIMER AINSI ?
J'ai lu avec effarement la dernière interview accordée par le chef de l'état sortant au journal Le Monde et j'avoue avoir hésité à me prononcer sur le contenu tant il parait surréaliste.
En général, c'est lors de la campagne électorale qu'un candidat déroule sa vision du pays pour les années à venir. Durant cette période, l'on essaie de séduire les populations, même celles qui ne partagent pas ses idées politiques.
Et pourtant, c'est ce moment que M. Ouattara a choisi pour promettre l'enfer à ses opposants après le 31 octobre et la présidentielle qu'il compte organiser en piétinant la volonté d'une partie du peuple.
La promesse que fait M. Ouattara au peuple ivoirien, c'est d'envoyer tous les opposants en prison. Il connait déjà certaines peines de prison ; piétinant ainsi la séparation des pouvoirs.
Certes la démocratie est la loi de la majorité mais en démocratie, on tient aussi compte des ressentis de la minorité. Par conséquent, même s'il s'estime majoritaire- ce qui reste à prouver dans une élection transparente et inclusive-, il aurait dû entendre les aspirations d'une partie du peuple. Mais, il minimise tout le monde y compris les pertes en vies humaines enregistrées depuis sa décision de briguer un troisième mandat. Aucune compassion pour les victimes et leurs familles.
Ce qu'il nous promet, c'est qu'il y aura plus de personnes en prison et en exil s'il conserve le pouvoir. Quelle haine et quelle méchanceté gratuites ! En fait, ce qu'il réserve à ses opposants n'est rien devant ce qu'il a fait depuis sa prise de pouvoir en 2011.
Cette interview, loin de ramener l'accalmie comme le ferait tout chef d'état soucieux de la cohésion sociale et de la paix dans son pays, est une déclaration de guerre contre le pauvre peuple ivoirien. Plus personne ne sera épargné.
Psychologiquement, je me suis retrouvé dans le même état d'esprit qu'après son discours de prise de pouvoir en avril 2011. C'est ce discours qui avait motivé mon départ en exil et j'en suis à me demander pourquoi un chef de l'Etat voudrait inspirer de la crainte aux populations ?
En fin de compte, le candidat du RDR nous a prévenus : un seul jour de lui au pouvoir en Côte d'Ivoire après le 31 octobre sera catastrophique pour tout le monde. À nous d'en tirer les conclusions qui s'imposent.