2025 : « Ouattara dans la même posture, pour museler son opposition »

Ferro Bally fait une analyse de la position du président Ouattara face à Laurent Gbagbo et l'opposition ivoirienne avant 2025.


Le chef de l'État est rentré le mercredi 30 juin 2021, après douze jours à l'extérieur (Ghana et France). Et du vendredi 2 au jeudi 8 juillet, effectue une visite privée en République démocratique du Congo (RDC).

Ce chassé-croisé indique clairement que, malgré l'os à ronger du divorce de l'ancien couple présidentiel, la politique reste omniprésente et occupe la réalité du terrain. Après dix ans hors du pays dont huit au quartier pénitentiaire de Scheveningen, à La Haye, Gbagbo rode sa machine politique pour la lancer afin d'essayer de rattraper son retard, tout en évitant les pièges.

En effet, à l'instar de son homologue sénégalais , au pouvoir depuis 2012, a miné le terrain. Car de part et d'autre, la judiciarisation du débat politique fait passer les adversaires encombrants à la case prison.

Si Ouattara ménage le président du PDCI-RDA, son ex-allié qu'il a momentanément mis en résidence surveillée, c'est pour l'amadouer afin qu'il retourne au RHDP qu'il a quitté en 2018. Mais, il ne met pas tous ses oeufs dans le même panier. Des responsables du parti, dont Maurice Kacou Guikahué, secrétaire exécutif en chef, sont sous contrôle judiciaire quand d'autres sont en détention depuis novembre 2020.

Sur le champ de tir, en effet, la principale cible du pouvoir est le FPI. Si Ouattara n'a pas réussi, comme il le promettait, à vider l'ex-parti au pouvoir de sa substance, les peaux de bananes judiciaires émaillent le jeu politique et sont glissantes.

Les infractions invoquées relèvent d'un inventaire de Prévert: association de malfaiteurs, braquage de l'agence nationale de la BCEAO, complicité d'assassinat, atteinte à la sûreté de l'État, troubles à l'ordre public, actes de tortures, homicides, organisation de bandes armées, etc.

Ainsi, à commencer par l'ancien président de la République, tous les premiers responsables du FPI ont fait la prison ou sont condamnés soit par contumace soit à des peines de prison, sans mandat de dépôt.
C'est ce sort que subissent Soro Kigbafori Guillaume, ex-secrétaire général des mouvements rebelles et ancien président de l'Assemblée nationale, et ses partisans. La justice a dissous GPS et les a condamnés de 17 mois de prison à la perpétuité pour Soro, le leader du parti politique.

En position de force, Ouattara propose à son ancien allié du Golf, pour son absolution offerte par exemple déjà à son ancien collaborateur Soro Kanigui Mamadou, un contrat de soumission en trois points: le « Sabary Day » ou la demande de pardon, la renonciation à ses ambitions présidentielles et son retour au RHDP.

Macky Sall a utilisé ce jeu du chat et de la souris avec ses principaux opposants (Karim Wade et Khalifa Sall, notamment), pour les briser avant la présidentielle de 2024. Ouattara est dans la même posture, pour museler son opposition dont il libère les militants et partisans, dont certains embastillés depuis 2011, au compte-gouttes.

Et les signes annonciateurs ne trompent pas. Charles Blé Goudé, après son acquittement, n'est toujours pas entré en possession de son passeport pour espérer revenir au pays. En 2020, Gbagbo et Soro ont vu leurs noms rayés de la liste électorale pour la présidentielle.

Et en se gardant d'utiliser les armes politiques qui relèvent de ses prérogatives (la grâce et l'amnistie, selon les circonstances), le chef de l'État choisit de laisser ses adversaires en liberté surveillée.
Leur condamnation reste une épée de Damoclès qui plane sur leur tête et qui servira d'instruments, le moment venu, pour les coups fourrés.

Written by Ferro Bally

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